Forum de FilmDeCulte

Titre idiot pour un film omnibus de plus, évidemment inégal, évidemment mal pensé en tant que continuité (Pedro Costa a d'ailleurs expliqué lors du grotesque débat d'après-séance qu'il n'y avait eu aucune concertation et qu'il ne connaissait pas nécessairement les 5 autres réalisateurs), évidemment incriticable en bloc, enfin ce me semble

Du coup: oh allociné, comme tu es pratique :

Six réalisateurs, six regards sur l'état du monde. Leur rencontre crée un nouveau prisme de réflexion dynamique et radical, un espace pour interroger l'avenir.

ouais, grave.
rassurez-vous : cette intro ne veut effectivement rien dire.


# Luminous People - Réalisé par Apichatpong Weerasethakul - Un groupe de personnes descend le Mékong en bateau, pour préparer une cérémonie de funérailles.

Super 8 généreux au fil de l'eau, et bande-son superbe... une espèce de complément de programme idéal et beau et apaisant à la rudesse de Sub.
Je retiens notamment ce chien sommeillant au soleil et ce chant étrange...


# Germano - Réalisé par Vicente Ferraz - Après avoir longtemps navigué dans la baie de Guanabara, Germano et son équipe s'en vont pêcher en haute mer, à bord de leur petite barque.


que dire? photo lumineuse et colorée comme du papier glacé de carte postale, historiette gentille et pittoresque, effets humoristiques "hénaurmes" (le coup de la zique russe lors de l'arrivée du pétrolier, ah c'est sûr qu'on avait pigé, là...)... Un côté France 3, en fait.

# One Way - Réalisé par Ayisha Abraham - Au rez de chaussée d'un immeuble, la vie quotidienne d'un garde de sécurité est ponctuée par le récit de son voyage des montagnes du Népal au plateau du Deccan en Inde.

Essai documentaire qui se cherche, au fil d'un montage absolument imbitable. Je suis passé complètement à côté. Quelques beaux cadres, surtout dans le garage, très beau dernier plan.

# Brutality Factory - Réalisé par Wang Bing - En Chine, par une belle journée ensoleillée, un immeuble industriel est détruit. La nuit tombe et les fantômes commencent à raconter leur histoire...

Je n'ai malheureusement jamais vu À l'ouest des rails, qui m'attire pourtant beaucoup. Par contre, je dois bien avouer qu'ici, à part la dangerosité, en soi, de l'acte politique de dénoncer les tortures et meurtres maoïstes, Brutality Factory est à mon sens un ratage quasi-complet (quelques plans larges intéressants, qui hélas ne sauvent rien), violence gratuite et complaisante et cheap (les coups non-portés du dernier tabassage, etc.), manichéisme vain... Assez embarrassant je dois dire.

# Tarrafal - Réalisé par Pedro Costa - Tarrafal est le territoire de l'île de Santiago (Cap-Vert) où en 1936, le Portugal a créé une colonie pénale pour les prisonniers politiques, appelée le "camp de la mort lente".

Ne serait-ce que pour les escapades en forêt capverdiennes, O Estado do mundo est à voir... Prolongement du travail plastique ahurissant d'En avant, jeunesse, Tarrafal, en quelques plans, réinstalle et réinvente cet univers pictural et à sa manière tant drôle que triste (magnifique tombée subite d'une nuit improbable à la faveur d'un contre-champ...).

# Tombée de nuit sur Shanghaï - Réalisé par Chantal Akerman - Mona Lisa côtoie un dessin animé et le Chopin de la musique américaine des années 1970-80, dans une sorte de plaisir ambigu.

Tout arrive : enfin un Chantal Akerman qui me touche et qui, même, me plaît, me transporte, me poursuit, et me restera p-ê comme le film le plus intéressant de cette fournée inégale! TBA aurait bien rit de me voir défendre C.A. lors de l'ubuesque débat d'après-séance (j'aurais été Pedro Costa, je pense que j'aurais vite mis un terme au massacre... mais l'homme est plus patient que moi) ! Les premiers plans, embués, soleil bas sur Shanghaï, fragiles comme s'ils allaient rendre l'âme, et leur bande-son arrachée au vent, m'ont eu immédiatement ; je pense qu'ils ont dû m'évoquer inconsciemment l'immense Ruins of love. Alors certes, ce n'est pas non plus le Leccia et il faut se manger le plan-séquence fixe final (que j'ai pour ma part trouvé très beau, même si un peu facile, un peu frustrant), mais c'est vraiment une première pour moi, d'aimer un Akerman...

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Raconte...

lol je rigole rien qu'en y pensant. On aurait été deux je pense. J'ai pas encore vu le film mais j'ai bon espoir.

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Chantal Akerman, Apichatpong Weerasethakul et Wang Bing sur une même affiche.

Ca ressemble à un fantasme particulièrement pervers et déviant

Une vieille bique avec un chuintement, pendant le débat ("animé" par Pedro Costa, la distributrice et l'exploitant du Reflet Médicis) :

"Bon, je trouve que vous êtes six rédacteurs (sic) qui avez fait de très beaux films... Hein, six jeunes... et moins jeunes! Bon, vous (à Pedro Costa) je ne connais pas vraiment très bien votre travail parce que je n'ai vu aucun de vos films, mais j'ai lu tout ce que la critique disait de bien sur vous. Bon et puis je l'ai plutôt bien aimé votre petit film, là... Mais ce que je voulais dire, c'est que moi j'ai l'habitude de voir bcp de films militants, et je sais combien il est difficile de faire un film, tout le travail que ça demande... Et donc je voulais dire qu'on n'a plus le droit, en France, de dire du mal de Chantal Akerman, tout ça parce qu'elle a fait de très beaux films... Moi je peux en parler parce que je les ai tous vus, et il y a des fois où Chantal Akerman travaille moins que d'autre et là elle n'a pas travaillé! On se fout de nous! C'est insupportable!"

Tout ça sur un ton ultra-agressif, en montant la voix, tout ça... Et en finissant par dire que le meilleur film, c'était Germano parce que c'était "incarné", là, au moins, alors que le Akerman était "déprimant" et que ça, c'était mal. On lisait sur le visage de Costa une envie de fuir très pressante.

Et donc j'ai fait partie des gens qui lui ont dit que c'était très bien qu'elle ait un avis sur le film mais qu'elle exagérait sans doute un peu de dire qu'elle avait pas travaillé... Ce qui est paradoxal vu que j'ai dit de son film précédent, filmé depuis sa chambre d'hôtel, qu'il était un film ouvertement fainéant. Ce que je pense toujours

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tu oublies Costa.

et puis c'est pas une partouze, hein.

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En quoi le cinéma d'Apichatpong est pervers et déviant? Faut que tu m'expliques là, et fais attention, je porte une matraque...

Faut interdire le cinéma aux vieilles biques.

Ce que je trouve pervers et déviant c'est de réunir les auteurs des plus gros parpaings de ces dernières années (ou réputés comme tels). Quoique ça manque de Carlos Reygadas ce programme.

Bien sûr j'y connais quasi rien, c'était juste du troll à peu de frais.