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 Sujet du message: Lone Star (John Sayles - 1996)
MessagePosté: 08 Mai 2024, 18:27 
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Dans une petite ville texane proche de la frontière avec le Mexique, on retrouve l'étoile et les ossements du shérif Charlie Wade mystérieusement disparu plus de 30 ans. Il a été assassiné par balles

Oui, parce qu'entre 2 films allemands des années 30 issus de ma liste Sight and Sound, je m'autorise quelques découvertes plus "récréatives".
Et j'ai pas été déçu.

L'enquête est un prétexte pour se plonger dans les différentes communautés d'une petite ville, de leurs liens entre elles à travers plusieurs générations et c'est là que le film m'a cueilli. C'est une successions de flash-backs où on passe d'une époque à l'autre dans un seul mouvement de caméra.
C'est ultra élégant et une jolie manière de montrer que les 2 temporalités coexistent et se répondent constamment. Et ça te brasse une douzaine de personnages secondaires sans jamais te perdre.
Si il y a bien un qualificatif qui colle au film, c'est fluide alors que c'est ultra riche sur le papier (communautés, héritage familial, racisme...).
Le casting est également nickel.

J'ai par contre été extrêmement surpris par la fin
Le couple qui découvre qu'ils sont demi-frère et demi-sœur mais décident de rester ensemble ? Dans un film américain ? What ?!


Il a fait d'autres trucs qui valent le coup Sayles ?

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Dernière édition par Fire walk with me le 08 Mai 2024, 19:03, édité 1 fois.

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MessagePosté: 08 Mai 2024, 19:03 
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un film du mois avec 4 étoiles dans première à l'époque !


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MessagePosté: 08 Mai 2024, 20:21 
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Excellent souvenir. J'avais adoré au ciné et achete la vhs. Pas revu depuis des années.


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MessagePosté: 08 Mai 2024, 20:24 
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Bons souvenirs dans un genre différent de Limbo et le secret de roan inish.


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MessagePosté: 08 Mai 2024, 20:41 
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Souvenir de m'être poliment ennuyé quand je l'ai vu il y a quelques années, malgré les qualités évidentes mentionnées par FWWM.

Ca peut paraître bizarre dit comme ça, mais il existe, même si c'est rare, un excès dans la subtilité et la mesure. Parfois, à force de nuances partout et pour tout, une oeuvre finit par manquer de mordant et ne plus dire grand chose de très intéressant, voire même s'écraser dans quelque chose de grotesque comme c'est le cas ici avec les suites de la révélation sur le couple. C'est l'impression que j'en ai gardé, un truc objectivement élégant et réfléchi, mais pas stimulant du tout.

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MessagePosté: 08 Mai 2024, 22:16 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Je me souviens d'un beau film, fluide et envoutant, avec les plus beaux flash-backs ever made.

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MessagePosté: 08 Mai 2024, 22:22 
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Robot in Disguise
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Vu avec mes parents, moi j'étais trop jeune pour en apprécier les subtilités mais je me souviens qu'ils avaient adoré. Très envie de le revoir.

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MessagePosté: 08 Mai 2024, 23:04 
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Fire walk with me a écrit:
Il a fait d'autres trucs qui valent le coup Sayles ?

Lorsque Lone Star est sorti en salles, j'ai bien exploré sa filmo. J'accroche vraiment beaucoup à son storytelling et j'avais adoré City of Hope et Limbo... mais je dois bien avouer que ça remonte à trop longtemps pour que j'en dise quoi que ce soit aujourd'hui. Bizarrement, j'ai plus de souvenirs de Return of the Secaucus Seven (qui est grosso modo The Big Chill en mieux) et The Brother from Another Planet (petit film de SF fauché que j'avais trouvé super malin, autant dans la forme que dans le fond).
J'ai plus récemment découvert Matewan, que j'ai aussi beaucoup aimé.


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MessagePosté: 08 Mai 2024, 23:11 
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C'est noté :D

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MessagePosté: 09 Mai 2024, 11:36 
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Intrigué par Matewan où Will Oldham (Bonnie Prince Billiy, Palace Brothers etc... donc) tout jeune tient un rôle important. Il semble être visible sur YT (2h10).
C'est aussi la région où Jack Corn a fait un magnifique reportage photographique sur les mineurs dans les années 70 (une commande publique issue l'extraordinaire programme du ministère de l'environnement DOCUMERICA, autre époque... d'ailleurs initié par une adminstration républicaine), en lien avec le contexte du film, mais 40 ans après....

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
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Jean-Paul Sartre


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MessagePosté: 09 Mai 2024, 14:34 
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Arnotte a écrit:
Je me souviens d'un beau film, fluide et envoutant, avec les plus beaux flash-backs ever made.

Ah oui quand même (vu à sa sortie mais je ne m’en souviens pas).


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MessagePosté: 09 Mai 2024, 15:54 
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+1 pour les flashbacks.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 09 Mai 2024, 20:33 
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Fire walk with me a écrit:

Il a fait d'autres trucs qui valent le coup Sayles ?
City of hope, Limbo, Matewan et dans une moindre mesure les coulisses de l'exploit et Silver city


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MessagePosté: 10 Mai 2024, 08:32 
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Bien aimé Silver City, son aspect satirique et plus léger et Chris Cooper dans le rôle d’un politicien inspiré de W. Bush. Honeydripper se laisse suivre sans déplaisir. Il n’a réalisé aucun film mémorable on dirait mais des trucs carrés, nuancés et didactiques plutôt que subtils, des trucs qui de nos jours donneraient naissance à d’interminables séries peut-être. Je me materais bien Brother From Another Planet qui semble un peu à part ou Limbo cela dit.


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MessagePosté: 04 Aoû 2024, 22:35 
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Pendant 1h30 je me suis dit que John Sayles était le réalisateur que j'aurais bien voulu aimer, mais regrettait de ne pouvoir faire, et j'étais à 2.5/6.

La gestion du rythme est merdée, la quête oedipienne du sherif (même si Chris Cooper est attachant) m'a ennuyé, même s'il a un côté Mick de Carson MCullers au masculin, assez singulier. Le côté Liberty Valence post-moderne de gauche est intéressant mais trop programmatique et ne prend pas réellement : "lorsque la légende est plus belle que la vérité, il faut la conserver". Ici le contenu réel et secret de la légende n'est pas la honte, mais le contrat social lui-même, une forme de rationnalisation qui doit rester cachée après avoir vaincu le racisme, elle feint le suicide ou l'anonymat du sacrifice afin d'enterrer le nom de son ennemi en même temps que son corps. Et lorsque le mensonge ou le refoulement simulé proviennent d'un authentique fond populaire, et non pas d'un seul personnage, ils sont équivalents à l'impuissance de l'image, à ce que le film ne parvient pas à montrer. Le film se veut la limite de la justice, et de l'utopie d'une société sans racisme, son contrechamp. Il est la déconstruction non d'une idéologie, mais d'une fin qui n'a pas encore eu lieu, dont on feint la matérialité. D'où peut-être le repli sur des histoires familales et l'inceste, un point de vue presque tribal - ici la famille est une régression qui permet de se positionner à un point où la société n'a pas encore échoué car elle n'a pas encore eu lieu, c'est une rêve, une utopie qui aggrège pacifiquement les identités actuelles de chacun, dans leur état présent - l'antiracisme est alors filmé comme une idéologie potentiellement conservatrice - où le contrat social est finalement aussi transcendantal que la foi religieuse.

L'idée d'opposer deux racismes, l'un sudiste; radical et vaincu, et qui vise au meurtre phobique de l'autre, l'autre plus subtil et récent, dont l'enjeu n'est pas la mort de l'autre, mais son exploitation économiquie, n'est pas mal cernée, et, à cet égard, happy-end final est bienvenu, mais le racisme et le populisme trumpiens ont mis un coup dans la gueule au film, malheureusement inactuel.

Mais sur les dernières 45 minutes, le film est parfois à 6/6, notamment en ce qui concerne l'arc narratif qui tourne autour du major , de son fils et de son père, avec les Semiholes noirs (le dialogue face à la recrue qui a fumé du shit :shock: ), ou le passage allumé mais émouvant avec Frances McDormand, qui rejoint le cynisme des Coen avec moins de violence.
Le personnage du maire
le vrai mec qui s'est battu contre la racisme, mais qui ne peut pas le dire, qui devient un juste caché
est aussi très beau.


Elizabeth Peña, superbe voix, très beau rôle aussi, malheureusement décédée il y a 10 ans.
Et en effet, les transitions qui introduisent et terminent les flashbacks sont hyper chadiées (et rattachent le film au classicisme mankiewiczien, moralement exigeant, mais aussi capable de verser dans le gimmick ludique) . Ceci dit leur sophistication est ambigüe et paradoxale : elle exige que le récit qui entreprend de réparer moralement le passé soit tenu sur les mêmes lieux que ceux où l'abjection a physiquement eu lieu.


4.5/6

Pour la première fois, je suis un peu d'accord avec Müller


Sinon Godard aimait ce film et en parle bien (ce qui assez étonnant - bien qu'il aimait aussi Sirk et que cela ressorte dans son regard).
A 54 minutes (sans doute sa dernière interview)
https://www.radiofrance.fr/francecultur ... rd-6158182

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