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MessagePosté: 02 Oct 2020, 08:51 
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Il y a aussi un côté "Mon Oncle d'Amérique" de Resnais (beaucoup plus que Rohmer) avec le dispositif choral où chaque personnage n'incarne qu'une seule disposition psychologique et le philosophe (le pseudo-Girard à la place du vrai Laborit) intégré au récit (sauf qu'ici l'explication se veut plus factice que les actes, d'où peut-être le refus du moindre réalisme social : il le faut pour que la conscience ne s'échappe jamais à elle-même et que la comparaison des attitudes morales soit recherchée par tous) .

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


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MessagePosté: 12 Oct 2020, 17:58 
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Vu Un baiser s'il vous plaît de 2007. Initialement je n'avais pas pu aller au dela de la première demi-heure. Il y a une rupture de ton brutale qui n'est pas sans intérêt (même si finalement la première partie, comique, avec sa vérité sexuelle mécanique et cruelle car trop logique, est la plus dérangeante et la plus profonde, un peu à la Ferreri pour le coup, mais sans le problème de paternité : la relation de couple avec l'égal est maintenant aussi lourde et aussi blessante que l'Œdipe envers le père). Mais la structure des deux films est exactement la même : le personnage de Stefano Accorsi effectue un sacrifice final du même ordre que celui de Dequenne : une personne est contrainte de mettre en scène une jouissance qui n'est plus la sienne pour préserver l'ordre ainsi qu' une rationalité pouvant compenser les affects (par ailleurs Dequenne et Accorsi, qui jouent les conjoints bafoués sont deux acteurs opposés par la genre, mais qui ont en commun de n'être pas français : malgré le schématisme du film il y a une hiérarchisation des déterminismes, par laquelle le film parvient a représenter son intention et sa propre production). Ce sont de lentes variations sur un même thème qui rappellent les carafes de Morandi en peinture. Similitude renforcée par le blancheur à la fois abstraite et pesante des décors. Il faut cette lourdeur pour dissoudre la lisibilité, être lu et compris est une trace compromettante d'une intention,. Intention que le film ne va pas nier, mais ne montrer que par la gêne qu'elle produit - il n'y en conséquence plus aucune différence de degré entre nouer un rapport avec autrui et s'engager, pas de nuance ni de retour en arrière possibles, d'où le sadisme des personnages ainsi que la neutralité des décors. Ainsi soit-il.

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


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MessagePosté: 12 Oct 2020, 19:17 
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Pas eu envie de crier Yémen, Karabagh, Ouigours ou Rohinga pendant le visionnage? Tu me pardonneras cette facile remarque.


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MessagePosté: 16 Oct 2020, 09:52 
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Très bon texte de Baptiste qui résume très bien mon avis.

Je l'ai vu par hasard, j'étais devant la machine à billets de l'UGC en pensant aller voir Drunk mais au fond de moi je le sentais pas du tout, ça sentait la bromance déjà écrite d'avance avec un concept qui allait tenir 30mn. Et le seul autre film qui passait à la même heure était celui-là et j'ai eu un élan immédiat pour lui sans même trop savoir pourquoi. Et bien m'en a pris j'ai beaucoup beaucoup aimé.

Il faut quand même évacuer quelque chose avec ce film et ce "cinéma" en général, c'est son côté profondément (et parfois insupportablement) bourgeois, parisien et blanc. On m'a fait remarquer qu'il y avait un noir dans le film mais même si tout le casting était noir ça resterait du cinéma de blanc. Et bourgeois comme pas possible avec ces appartements parisiens totalement démesurés. Et parisien où les seuls personnages qu'on rencontre en "province" (on ne prononcera jamais le nom de la ville où ils sont en vacances) sont des parisiens en vacances...

Donc une fois qu'on a accepté ça, le film m'a entraîné totalement dans son tourbillon d'histoires d'amour gigognes qui si elles sont un peu classiques et gentillettes au début, prennent une espèce de gravité que j'ai trouvé vraiment bouleversante dans la seconde partie notamment toute la partie sublime du monologue d'Emilie Dequenne ou même encore ce suspens final sur le quai de la gare, espèce d'image d'épinal du sentiment amoureux, parfaitement placé ici.

Et surtout je trouve que le film dit quelque chose d'assez neuf sur son sujet. J'ai vraiment eu le sentiment de voir un film qui théorise l'amour de manière singulière en nous disant en fait assez simplement, qu'il n'y a pas d'âme soeur, qu'il n'y a pas une personne élue qui préside nos coeurs mais qu'au contraire, il y a des rencontres, des désirs, des amours multiples mêmes et que les circonstances font une relation. A l'image de cette très belle image de fin à la fois amère mais optimiste
le regret d'un amour non vécu adouci par le sourire de l'amour que l'on a.
J'ai trouvé ça mine de rien profondément juste sans que ça n'enlève du romantisme ou de la hauteur au film bien au contraire.

Puis de mon côté j'ai adoré les acteurs, chacun jouant sa partition à la perfection, même si le texte est parfois un peu trop écrit, mais aucune fausse note, aucun jeunisme déplacé, le film assume son côté littéraire et ça finit par couler tout seul comme un grand roman d'amour. Un très beau film donc, même si affecté et parfois à la lisière de la parodie du cinéma français qui se regardent le nombril (comme cette scène que j'ai raconté sur Twitter où Gouix et Thiam s'engueule dans un appart haussmanien de 200m² et qu'elle lui jette des bouquins en criant "tiens ton Gide, tiens ton Derrida"... même si je crois que Mouret lui-même a une pointe d'ironie à ce moment-là).

5/6

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MessagePosté: 15 Mar 2021, 12:58 
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Antichrist
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L'un des perdants des César, avec un seul trophée (mérité) pour Emilie Dequenne. Le cinéma d'Emmanuel Mouret est moyennement ma came, et ce film, peut-être le plus ambitieux de son auteur, le confirme. J'ai mis beaucoup de temps en entrer dedans, à apprécier les aller-retours narratifs, le jeu distancié des acteurs... La deuxième heure est plus réussie, déjà car les acteurs sont à mes yeux bien meilleurs, surtout Emilie Dequenne et Vincent Macaigne, qui ont la trajectoire sentimentale la plus émouvante. Il y a de très belles choses, aussi dans ce final qui joue habilement avec le cliché du quai de gare. Mais l'épilogue vient gâcher le moment de grâce...
3-4/6


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MessagePosté: 15 Mar 2021, 13:00 
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Chaque extrait vu aux César m'a donné envie de mourir.

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MessagePosté: 15 Mar 2021, 13:11 
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Ca t'apprendra à regarder les César.

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MessagePosté: 15 Mar 2021, 13:33 
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Moi c'est chaque extrait du Dupontel qui me rendait malade.


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MessagePosté: 15 Mar 2021, 14:05 
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J'aime bien le Dupontel mais le voir faire une razzia montre que c' est une petite année pour le cinéma français (et les raisons qu'on connait). Attention il n'y aucun mépris, le style cartoonesque de Dupontel fonctionne bien ici mais disons qu'une année "normale" il serait passé sous les radars.


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MessagePosté: 15 Mar 2021, 14:06 
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Castorp a écrit:
Ca t'apprendra à regarder les César.

Les 20 dernières minutes seulement.

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MessagePosté: 15 Mar 2021, 14:07 
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Abyssin a écrit:
J'aime bien le Dupontel mais le voir faire une razzia montre que c' est une petite année pour le cinéma français (et les raisons qu'on connait). Attention il n'y aucun mépris, le style cartoonesque de Dupontel fonctionne bien ici mais disons qu'une année "normale" il serait passé sous les radars.

Ses deux derniers avaient déjà eu plusieurs César.
Il edt très apprécié, c'est tout.

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MessagePosté: 15 Mar 2021, 14:15 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Oui Dupontel a une très gros capital sympathie, ça a joué... Ca plus le fait qu'il y ait eu logiquement moins de bons/gros films en 2020.
Je sais que son film est très apprécié par "le public", mais 7 César pour un film qui n'est pas son meilleur film et encore moins un chef-d'oeuvre, ça fait beaucoup. Après je reste vraiment heureux pour lui (et sa prod, la classe de cette femme) et c'est chouette de voir gagner un film "populaire", pour une fois...

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MessagePosté: 15 Mar 2021, 14:18 
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Arnotte a écrit:
mais 7 César pour un film qui n'est pas son meilleur film et encore moins un chef-d'oeuvre, ça fait beaucoup. Après je reste vraiment heureux pour lui (et sa prod, la classe de cette femme) et c'est chouette de voir gagner un film "populaire", pour une fois...
Voilà même réaction qu'Arnotte. C'est pas le fait qu'il ait des césars qui soit surprenant mais le raz de marée qui a eu lieu (j'aime Dupontel et le film mais le césar du meilleur réalisateur c'est une blague). Et je suis aussi heureux pour Dupontel qui m'est tout sympathique.


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MessagePosté: 15 Mar 2021, 14:38 
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C'est d'ailleurs paradoxal pour Dupontel vu comme il déteste les institutions du cinéma et qu'il se tient loin du petit monde du cinéma parisien. Il est jamais venu aux César d'ailleurs si ?

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MessagePosté: 15 Mar 2021, 15:54 
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et sa prod, SA femme.

sinon on en parle rarement je crois, mais Gaumont fait une vraie campagne sur son "favori".


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