Forum de FilmDeCulte

Le fils Courge vit au cœur de la forêt, élevé par son père, un colosse tyrannique qui y règne en maître et lui interdit d'en sortir. Ignorant tout de la société des hommes, le garçon grandit en sauvage, avec pour seuls compagnons les fantômes placides qui hantent la forêt. Jusqu’au jour où il sera obligé de se rendre au village le plus proche et fera la rencontre de la jeune Manon…

Même s'il n'est pas encore à la hauteur du génial Ernest et Célestine ou du chef d'oeuvre Ame et Yuki, ce Jour des corneilles qui aura triomphé lors du dernier festival d'Annecy s'avère une grande réussite. D'ailleurs on est plus proche d'un univers à la Miyazaki avec cette forêt parsemée de fantômes prenant des apparences d'animaux que de la typique fable écolo à la française lambda. Elevé dans la nature par son père lui présentant la civilisation comme une hécatombe, le jeune héros au physique ingrat rappelant une version pubère du bébé des Griffins, devra un jour franchir le pas pour soigner le père blessé lors d'une tempête. Recueilli par le médecin (avec le voix de Claude Chabrol) de ce village campagnard essentiellement composé de commères ou de soldats rappelant des militants FN, et d'abord présenté comme un genre de vermine animale un peu dégueu, il verra évidemment toute sa conception des rapports humains remise en cause en découvrant l'amitié avec la fille du docteur. Dessaint évite aussi quelques facilités en laissant les animaux muets ou en présentant une humanité plus proche des univers à la Clouzot que des minipouces, tout en restant quand même un film jeune public.
4/6

Ah il me tente bien cuilà.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Le scenar avait tourné chez Europa à l'époque, c'est le seul bon truc que j'ai pu lire de mon court passage chez eux, hyper curieux!

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Pas mal du tout.
Au départ, on se dit "bon c'est un joli petit conte bien chiadé, c'est bien pour les enfants, ça va être du 4/6 tranquillou". Mais en fait tout prend une nouvelle ampleur à partir du dernier tiers de l'histoire (quand le héros revient chez lui). Toute la fin est splendide,
Ce film, on dirait qu'il évite tous les pièges : y'a des animaux habillés comme des humains, mais ils ont le bon goût de se la fermer et du coup ça passe, y'a des personnages méchants qui finalement passent au second plan parce que ce n'est pas eux que le héros doit affronter prioritairement (la vieille), y'a aussi des personnages qu'on verrait bien en méchant mais qui finalement ne le sont pas tant que ça, alors qu'ils avaient tout pour (les soldats). Et puis y'a ce héros avec sa tronche et sa démarche de Gollum, absolument pas séduisant, mais qui le devient pourtant au fil des minutes : il est bien plus qu'un simple enfant sauvage, sa découverte du monde civilisé et son apprivoisement mutuel avec la petite fille est bien plus que des simples blagues liées au décalage entre leurs deux univers. Et puis le vrai cœur de l'intrigue, c'est la relation père-fils entre le gamin et son ogre de père, c'est la part d'amour et de noirceur en chacun de nous (plutôt qu'un manichéisme entre bons blancs et méchants noirs), habilement personnifié dans le personnage du père-ogre, magnifiquement interprété par un Jean Reno toujours aussi excellent quand il s'agit de doubler (20 ans après Porco Rosso). Et en prime, la photo et les décors sont de toute beauté. Ils ne sont pas simplement jolis, ils sont vraiment à tomber : c'est chatoyant, y'a de l'épaisseur, ça donne envie de vivre dans cet univers (que ce soit celui de la forêt ou celui du village). C'est vraiment très très beau, je trouve ça plus joli que Brendan et le secret de Kells, qui avait pourtant déjà placé la barre très haut !

5/6

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"Les chances sur un million, elles se réalisent neuf fois sur dix".