Forum de FilmDeCulte

Le chantier d'un sanctuaire conçu pour durer cent mille ans. Creusée dans le nord de la Finlande, à Onkalo, cette gigantesque grotte abritera des déchets nucléaires. S'adressant aux générations futures, ce documentaire en forme de film de science-fiction montre ces travaux gigantesques - cinq kilomètres de galeries plongeant 500 mètres sous terre - et pose la problématique de l'élimination des déchets radioactifs sous l'angle de la temporalité. Impliquant une responsabilité millénaire, celle-ci nous oblige à adopter une autre échelle de durée.

La photo est remarquable. Le rythme et les différents points de vue "temporels" essayent tant bien que mal de retranscrire ce que peut être 100 000 ans à l'échelle de notre civilisation.
Notre imagination fait le reste.


5/6

ps : ce n'est pas ce Michael Madsen.

Film hélas pas très bien distribué... Mais mon préféré de cette année en tout cas jusqu'ici.
Dans l'abondance actuelle de documentaires sur l'environnement, il se révèle un bel objet hybride et rafraichissant, malgré une durée relativement courte. Et pourtant il y a cette sensation qu'en 75 minutes, tout est dit... Sans doute parce que son auteur a su ne pas tomber dans le piège d'en dire ou d'en symboliser plus que ce que son sujet peut appeler.

Le film mêle des interrogations audacieuses et fondamentales, qui pourtant économiquement ou politiquement ne valent absolument rien dans notre immédiateté (ca a donc le risque de décontenancer ceux qui voudrait en faire un tract ou un objet d'argumentaire, il pourra susciter l'ironie de beaucoup...).

"Into Eternity" nous ouvre sur un abyme très rare mais aussi très concret (on le touche du doigt ici), qui interroge nos concepts plus profondément que nos habitudes, le tout avec pas mal de malice... Le réalisateur ne dénigre pas la séduction et le caractère visuellement envoutant de la construction de ce tunnel, loin de là.

Vraiment très hâte de voir ce que donnera la suite de la carrière de Madsen.

Meilleure que celle de son homonyme j'espère...

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'Tain je veux le voir ce film, ça à l'air grand.

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I am the constant. You were always a variable.

Film qu'il faut que j'aille voir ce week-end avant qu'il se barre de l'affiche

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CroqAnimement votre

J'aurais dû aller voir sur Allociné avant... Film uniquement en semaine en mâtinée ou dans un ciné qui prend pas la carte UGC. La lose.

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CroqAnimement votre

les finlandais sont d'un naturel optimiste

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Tennis de Table Bordeaux

C'est justement en ça que le film est pessimiste quant à notre avenir ici.

Vu hier soir.

C'est assez fou. Non seulement pour les questions que le film pose, la réflexion de ces experts qui tentent d'expliquer comment ils ont conçu ce sanctuaire sensé durer 100.000 ans, pourquoi là, pourquoi de cette façon, les questions qu'ils se posent : le marquer ou pas le marquer, comment transmettre l'existence même du lieu... Et cet aveu d'impuissance : non, il est impossible de savoir à quoi ressemblera le monde dans 500 ou 1000 ans, alors dans 100.000...
En s'adressant directement à l'homme du futur explorant le lieu, Madsen rentre complètement dans cette optique de témoignage, de mémoire, même si le support film n'est à l'évidence pas "permanent" (mot utilisé pour désigner la durée du site).

Ce qui est incroyable aussi, c'est ce qu'on apprend de la mentalité finlandaise. Ce sont les seuls à avoir mis en branle un projet de cette ampleur. Sans doute les seuls à faire l'effort de se projeter aussi loin, de se préoccuper du futur non pas pour quelques générations mais pour quelques dizaines de milliers de générations. C'est une incroyable leçon à la fois de mégalomanie (une création humaine qui dure 100.000 ans ?) et d'humilité (qui sommes nous pour laisser au futur la charge de nos déchets nucléaires, dont les radiations sont dangereuses pour toute vie ?).

Point fort supplémentaire : le film ne juge pas le nucléaire. Il part d'un constat : il existe des déchets, nous allons continuer à en produire, que peut-on en faire ?

D'un autre côté, la réalisation de Madsen, éthérée, minimaliste, purement nordique en fait, donne au tout un côté surréaliste. Le passage dans l'usine de retraitement sur "radioactivity" de Kraftwerk (passage un peu obligé, certes) est assez incroyable. Mais Madsen n'est jamais aussi impressionnant que lorsqu'il filme les personnes, notamment les ouvriers, que ce soit dans les usines stériles éclatantes de blancheur ou dans la noirceur du tunnel.

Il y aurait encore plein de chose à dire sur ce film, qui a le mérite de nous replacer, nous, civilisation pouvant se penser comme la fin de l'histoire, dans le contexte de l'histoire plus longue (sans aller jusqu'au géologique). Une très belle remise en question, une très belle réflexion.

Après le film n'est pas exempt de défauts (un peu trop complaisant envers lui-même peut-être, parfois un peu hors-de-propos), mais rien que le fait d'exister lui donne droit à un 5/6.

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I am the constant. You were always a variable.

J'ai trouvé ça quand même assez artificiel.

La façon dont le film aborde le sujet est très motivante - en fait, en dehors de toute perspective cinématographique, la place de l'espèce humaine sur une échelle de temps qui la dépasse fait partie des sujets qui m'ont toujours totalement fasciné. Mais je ne trouve pas que le film en fasse grand chose de passionnant non plus.

Ce n'est pas inconfortable, la vision a été reposante et agréable, mais je trouve pas que ça aille plus loin que le stade du bel objet. Du design nordique, en somme : très peu d'informations (de toute façon ressassées et volontairement peu approfondies), dilatées au maximum, entourées de vide et de calme. Le réal n'a pas beaucoup de choses concrètes à se mettre sous la dent, et il prend donc le parti d'en faire l'économie contemplative - les 3/4 du film se contentent des images du forage, dans une photo dépliant un programme prévisible mais très soigné : travellings pseudo-tarkovskiens, ralentis élégants, contraste à fond, désaturation froide. Surtout, Madsen utilise autant qu'il le peut l'aspect très clinique de la Finlande (des installations, des attitudes humaines) pour faire le lien avec une certaine idée abstraite du futur.

Donc c'est joli, bien mené, mais ça ne pisse franchement pas très loin. Le tout est de plus drapé dans une prétention particulièrement irritante - le max étant atteint par le réal qui, face caméra, fait le père Castor pour les générations futures avec sa signature incrustée à l'écran. Évidemment, je ne renie pas au film la possibilité de prendre ses habits solennels et de jouer au fantôme, d'épouser ce trip-là et de se la péter un peu (c'est quand même le ton qui nous y attire, à la base), mais l'incroyable sérieux a du mal à tenir constamment la comparaison avec la légèreté cinématographique de l'ensemble - qui entre natures mortes, voix-off sibylline, sound-design à nappes et inserts de Philip Glass, va pas non plus chercher son bonheur très loin.

Bref, sympa à regarder, joli objet pas prise de tête, mais à mon avis finalement très vide, et surtout pas transcendant en tant que documentaire.

Pas mieux.