Forum de FilmDeCulte

Robin Wright (que joue Robin Wright), se voit proposer par la Miramount d’être scannée. Son alias pourra ainsi être librement exploité dans tous les films que la major compagnie hollywoodienne décidera de tourner, même les plus commerciaux, ceux qu’elle avait jusque-là refusés. Pendant 20 ans, elle doit disparaître et reviendra comme invitée d’honneur du Congrès Miramount-Nagasaki dans un monde transformé et aux apparences fantastiques…

Quel bordel ce film. J'en suis sorti extrêmement frustré parce qu'en permanence j'ai le sentiment que ça va être génial, que ça va devenir une espèce de série B réflexive ultra stimulante, inventive et couillue comme on en faisait dans les années 70, je suis sur le point d'adorer, il manque vraiment pas grand chose mais au final ça ne prend pas, je reste à la porte.

Déjà je bloque sur la construction du film. Je n'arrive pas à voir le lien entre la première et la deuxième partie. Entre l'espèce de délire SF du départ à la Andrew Niccol où l'actrice se fait scanner pour n'être plus qu'un fichier numérique et la seconde partie animation sous acides. Pour moi ça ne colle pas du tout entre de la réelle SF qui dénonce les dérives d'un certain cinéma déshumanisé (même si ce débat me laisse parfaitement froid) et la partie en animation qui tombe dans un univers dictatorial à la Orwell totalement improbable. Et puis pour moi l'évolution technologique n'a strictement aucun sens entre encore une fois le fait d'utiliser des clones numériques et soudain un univers fait d'animation et de contrôles chimiques sur la population, je ne vois pas le rapport et l'évolution.

Surtout que dans cette seconde partie, le fait que Robin Wright soit une actrice, une actrice ayant été numérisée n'a aucune incidence sur le récit. C'est pour moi deux idées que l'on a voulu forcer dans le même scénario mais qui ne s'imbriquent pas. A mon sens Folman aurait dû se concentrer sur la seconde partie, parce que là il y a un univers, une vraie proposition de cinéma, un vrai challenge et que du coup tout ça fait un peu inachevé. Et c'est vraiment dommage parce qu'à la fin
on est vraiment dans de la pure anticipation SF vraiment prometteuse et fascinante entre Avalon et Matrix. Mais le problème c'est que le film se perd de nouveau dans des circonvolutions incompréhensibles et me perd totalement dans ses dernières minutes. Je n'a strictement rien compris à la fin.

C'est vraiment dommage parce qu'il y a des choses que je trouve magnifiques comme la scène du scan dans la sphère, très premier degré, un peu grotesque mais finalement très poétique. Et la partie animation est foutrement belle entre délire LSD My Yellow Submarine, cartoon à la Chuck Jones et japanime WTF, je trouve ça vraiment cool mais le film est décidément trop coincé entre son scénario concret et terre à terre de SF et l'ambition poétique et symbolique de Folman. Le résultat est schizophrénique, parfois ennuyeux et jamais totalement satisfaisant. Frustrant.

3/6

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CroqAnimement votre

Meme avis que toi, Art.. Sauf que j'arrive pas à 3, le film m'est vraiment passé au-dessus de la tete. Je me sentais seul avec tous ces 5, mais là je te rejoins vraiment sur tes impressions.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Je pourrais écrire presque mot pour mot le même avis qu'Art Core.

C'est pétri d'idées et d'intentions, mais je trouve le traitement complètement superficiel et très bordélique.
Ca part dans tous les sens et ne s'apesante jamais vraiment sur rien et du coup, je ne me sens jamais impliqué, ni dans les thématiques, pourtant intéressantes, ni dans l'esthétique, plutôt originale, alors que c'est blindé de notions qui me parlent (le méta, la SF, l'immortalité, le fils, etc.)

Je sens Folman pas très à l'aise dans les passages live, trop froids et didactiques, et je trouve que le vernis pudique de l'animation de Valse avec Bachir est remplacé ici par de la vulgarité, de la grossièreté (ouais les poissons-bites et poissons-chattes).

Du coup, je ne vois qu'un terreau théorique laissé en friche et qui m'ennuie.

2/6

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Re-pareil.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

J'ai eu l'impression de voir un film auquel il manquait des scènes.
Et je tombe sur ces images :






Cela dit, à part la dernière image, qui n'a pas vraiment d'équivalent dans le film fini, les autres collent à des scènes qui sont dans le film mais le character design est complètement différent, plus proche de Bachir sur ses images.

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Oui j'ai lu en interview que Folman avait fait travailler plusieurs équipes parallèlement sur les scènes animés et que le travail "d'homogénéisation" du charac' design a été fait assez tardivement (notamment le look de l'amant de Wright, qu'il prend en exemple). D'où ces images...

Je suis assez d'accord avec les réserves faites au film et ça reste une semi-déception pour ma part même si j'ai quand même été emporté et conquis par l'expérience proposée. Je trouve même qu'Ari Folman s'en tire bien pour ses premiers passages en live, que ce soit l'émouvante scène du scan ou le retour au réel par exemple, proche du dernier plan choc de Valse avec Bachir.



Toute la partie animée est je trouve réussie dans ce qu'elle peut avoir de trippant, toujours à la limite du too-much. Ça m'a fait penser aux dessins bizarres qu'il y avait dans le livret de The Wall de Pink Floyd (un album culte de mon enfance, ça a peut-être joué), ces espèces de vieux cartoons remaniés à la sauce psychédélique. Tout ça ne manque en tous cas pas d'ambition même si tous les thèmes que le film caresse sont effectivement peu exploités. 4,5/6.

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The Necks : Body

J'ai trouvé le film très didactique sous ses airs de fable (la parodie de Jobs est ultra pénible, et toute la représentation des studios malgré son vernis surréel est vraiment faible, notamment avec le personnage stéréotypé de Danny Huston...) Il y a quelques grosses nappes d'émotions qui fonctionnent peut-être surtout grâce à la musique de Fisher et aux acteurs, qui semblent bien triper sur la nature du sujet qui pour eux est un cadeau en soit... Keitel a un monologue assez incroyable et ça faisait vraiment plaisir de le revoir au top. La Robin animée est très émouvante aussi, il y a beaucoup de vulnérabilité qui s'en détache, une affection immédiate alors que moins dans les scènes live, et tout le début du Congrès est sans doute la meilleure partie. J'aime bien les références de l'animation, j'ai pas mal pensé à ce cartoon de Tex Avery période warner, peuplé de star des années 30... Après quand on compare au carnaval d'un Paprika ça devient vite très limité... Puis la mise en scène m'a parfois saoulé, pas trop fan de tous ces travelings qui fendent la foule, un couloir, et des POV de la fin. Après Folman est toujours bon dans les transitions live/animation mais pour le final ce coup ci on devance le truc. Il y a une dimension de la relation mère-fils avec Aaron qui semble incarner la "faiblesse" et l'humanité de Robin, qui vire limite à l'amour incestueux sur la fin je trouve, mais le film comme beaucoup d'éléments n'en fait pas grand chose..

C'est marrant, dans cette scène c'est plutôt Danny Huston qui intervient, et ici le chara du personnage ressemble à Jon Hamm...

Pareil que vous... Beaucoup d'intentions, et un film qui en demande beaucoup au spectateur, émotionnellement, en le plongeant dans des stases un peu autoritaires (la musique qui fait 80% du boulot) dont on peine à comprendre les causes narratives (c'est le moment d'être ému ? Ah ok). A part le gamin, et la relation qu'il a avec sa mère, les autres personnages du film sont assez étrangement gérés, réduits à des caricatures ou pas assez explorés.

J'aime bien l'idée de partir de ce look cartoon des années 30, je sens aussi une continuité intelligente, dans l'esprit (la peur de vieillir, de se dégrader) entre les deux parties. Ou dans le fait de passer par des choses pas forcément méga-surlignées, comme la vision du monde du gamin qui trouve réponse dans l'animation ensuite...

L'univers en soi est plus contestable : l'anticipation est naïve et militante (tout le trip "dans 20 ans, le cinéma sera fini, blablabla"), et la liberté visuelle du monde animé protéiforme joue le cache-misère d'une dramaturgie toute aussi volage, qui part dans tous les sens sans réellement soigner aucune de ses pistes (la romance misérable, par exemple). Il n'y a rien de plus révélateur de la faiblesse du film, je trouve, que la petitesse satisfaite de ces parodies de films où joue le double numérique de Robin.

Mais surtout, ce qui gêne, c'est cette sensation de film pas réalisé, théorique, qui même dans les scènes les mieux pensées (le scannage, le retour brutal à la réalité, la mise en abyme avec la carrière de son actrice principale...) garde ce goût d'exposé un peu aride. Les idées de bases sont assez fortes pour que le film garde un certain impact. Mais globalement je trouve ça raté.

comme vous je suis assez partagée.. l'histoire en elle même est très intéressante mais à aucun moment je ne suis rentré dans l'histoire, surtout lors de la longue partie animation. Le personnage de l'actrice est émouvant dans ses doutes et ses peurs mais l'actrice en elle même ne dégage rien, et si certaines scènes fonctionnent ce n'est jamais grâce à elle, mais plus à la photo ou la musique.. à part ces quelques scènes je me suis ennuyé même si je reconnais les qualités et l'audace. dommage

Je ne serai pas aussi sévère que Tom, mais c'est vrai que le film est assez à l'image des parodies: un film visionnaire qui a vingt ans de retard, un peu "vieux con réac" dans ce qu'il dit. Mais il le dit avec une vraie proposition de cinéma assez inédite, avec toujours ce talent de lier zik planante et séquences d'animation oniriques. La première partie est trop longue, la seconde partie itou, et la fin trop courte (j'aime bcp l'interprétation de Jack Griffin)
Un 4/6 généreux.

Je rejoins globalement vos avis mais paradoxalement je trouve le film et sa démarche passionnants. Plus que le résultat final malheureusement. Les 45 premières minutes en live sont de haute volée. J'adore cette première partie avec Robin Wright qui culmine dans cette superbe scène du scan. La relation entre Wright et son fils que décrit Folman, le côté has been de l'actrice qui sait sa carrière finie, la visite chez le médecin...c'est rempli de bonnes idées et j'aime beaucoup la mise en scène de Folman.

Mais clairement ça s'écroule dès la partie animée et le film souffre alors de gros problèmes d'écriture. On a l'impression qu'il manque des pages du scénario et que Folman clôt son histoire illico presto. Même si ça dure 2H, je pense que le film est trop court et qu'il aurait gagné à durer 1 heure de plus. Pourquoi quitter le rythme contemplatif et agréable du premier acte pour un rythme plus speed qui donne l'impression de bâcler ce second acte? C'est fouillis, on a du mal à saisir tout ce qui se trame autour de nous et les enjeux du film. Même si les 10 dernières minutes renouent avec la belle mélancolie du début (la fin animée est superbe), il y a un sentiment de confusion dans la narration qui nuit grandement au film.

Et pourtant, tout n'est pas à oublier dans cette seconde partie. Folman a vraiment du talent pour faire naître la mélancolie et surtout c'est une orgie visuelle de tous les instants qui devient fascinante. C'est bourré d'idées chaque seconde, le défilé qui se déroule sous nos yeux (avec une mention spéciale pour le Hitler sur un ballon gonflable) avec l'imagination délirante du cinéaste vaut plus que le coup d'oeil. Il y a de très belles visions de cinéma et des images qui restent en tête.

Donc film très inégal, une déception après Bachir, mais content malgré tout de l'avoir vu pour cette première partie et les fulgurances visuelles de la suite.

3,5/6