Mr Chow a écrit:
"Capo" j'ai juste vu l'extrait de cette fameuse scène, mais pour prendre "Queimada" que j'ai vu en entier, je me souviens d'un enchainement particulièrement travaillé sur un supplicié antillais ( gros plan très dur d'étranglement puis plan d'ensemble d'un point de vue très éloigné). J'ai aussi eu le loisir de voir des extraits assez trash de "La Bataille d'Alger". J'aurai tendance à partir de là à me dire que Pontecorvo est surtout dans la volonté de faire ressentir la douleur de ses "victimes". J'y vois un désir de lyrisme pour aggriper son spectateur.
J'ai pas vu les films mais ce que tu en dis là ne me les rend pas très sympathiques...
Citation:
On peut trouver ça très maladroit ou mal venu, voir naif (l'impression que me laisse ce plan de Capo d'ailleurs) mais j'aurai vraiment du mal à juger à travers ça le fond idéologique d'un cinéaste qui lui se revendique justement de ces idées de gauche. C'est comme Alan Parker, il peut être maladroit à manier ses effets mais il vise l'efficacité et le grand auditoir pour des messes à messages...et s'il adopte un aspect publicitaire pour ça je ne vois pas trop pourquoi je jugerai de sa sincérité de fond. Et là je prends quelqu'un qui a très peu de talents.
Parce que de toute façon la sincérité d'un cinéaste se juge à la justesse et à l'authenticité de ses films, qualités qui font défaut à Parker, notamment. On peut se dire de gauche et remplir son film avec un beau message idéaliste, le rendre efficace à l'aide d'artifice publicitaire, s'il n'est pas
juste, il restera idéologiquement nul. Or moi je pense qu'un film, comme tout art, est fait du rapport au monde de son auteur, ce qui me permet de le juger en conséquence.
Citation:
Pour en revenir à la "morale" je pense qu'on peut remonter à Eisenstein ou Griffith, voir condamner toute les représentatations en peinture d'évènements douloureux et historiques qui ont pourtant énormément de soucis de composition et de plastique. On condamne Goya à ce moment là.
Oui, enfin je n'ai pas dit que la composition plastique et la représentation d'évènements violents signifiaient nécessairement l'immoralité. Le fait est que Pontocorvo pour cette scène (une nana qui meurt contre des barbelés électriques dans un camp de concentration) choisi de faire un "beau" plan. Bien soigné, bien cadré, avec une jolie lumière etc... Alors après libre à chacun d'être choqué par ça, mais ni Eisenstein, ni Griffith, ni Goya n'ont rabaissé leur esthétique à une si faible teneur morale, aucun d'eux n'a cherché à faire
du joli sur le dos de l'horreur, mais plutôt à traduire l'horreur en termes visuels et esthétiques, donc idéologiques.
Bon, mais on va peut-être pas refaire ce débat pour la 37 000ème fois ?