the black addiction a écrit:
Mais bordel Tets je te dis pas que ce plan est beau, puissant, douloureux, réussi ect… Il est peut être totalement à côté de la plaque, surement même, du peu que je m’en souvienne. Même si il choque moins les personnes découvrant le cinéma aujourd’hui, ça va sans dire qu’à côté d’une décapitation filmée par un portable Kapo c’est de la guimauve inoffensive. Je pense qu’il faut quand même actualiser pas mal les choses, se battre encore pour casser ce plan c’est un peu passer à côté de pas mal d’autres combats qui me semblent beaucoup plus importants, c’est cet éternel retour sur ce même plan qui me sidère un peu. Mais ne t’es pas tout seul bien sur.
Bah ce plan c'est devenu l'emblème d'une base théorique assez forte, donc on y revient. Perso le film je m'en fous (c'est sûr qu'on a fait mille fois pire depuis) mais je trouve justement que de par son côté inoffensif aujourd'hui c'est d'autant plus un bon exemple : si quelqu'un y voit l'abjection là, il la verra partout ailleurs sans problème...
the black addiction a écrit:
Ca importe oui, mais pas dans le débat en cours ! Si je t’écoute un gauchiste fait toujours les choses bien, mais c’est faux… je ne peux pas dire la chose autrement, c’est faux, beaucoup de gens de gauche possèdent une structure de regard qu’on peut considérer comme abjecte et dégueulasse, mais ça n’influence pas le gauchisme. Si dès qu’un truc est raté et dégueulasse on l’assimile à la droite on est un peu mal barré, des fois faut accepter certaines défaillances venant de "notre bord", que ce cinéaste soit con, bourrin et à côté de la plaque ne le discrédite pas en tant que gauchiste. A te lire on croit qu’il n’y a qu’une manière d’être idéologiquement de gauche, mais je ne crois pas que ce soit aussi simple.
Je n’aime pas ce film, je ne l’aimais pas même avant d’avoir pris connaissance de l’article de Rivette, mais pour moi c’est un film fait par un cinéaste de gauche, autant politiquement qu’idéologiquement, l’idéologie de gauche n’étant heureusement pas si codifiée que ce que tu sembles le dire j’arrive à en dormir la nuit, que ce film existe.
Attention, moi je suis pas en train de me dire devant un film : tient c'est bien, ça c'est de gauche, non c'est nul, ça c'est de droite ! J'ai simplement dit que le travelling de Kapo, dans sa démarche, c'est pas tellement de gauche si on se réfère par exemple à la définition qu'en donne Deleuze. Après je catalogue pas le film dans un bord ou dans un autre.
Personnellement, je m'en fiche un peu de savoir de quel bord se réclame un cinéaste ou quiconque d'ailleurs (car contrairement à ce que pense Freak, je suis vraiment très très ouvert d'esprit, genre Bouddha quoi !), moi, ce qui m'importe, c'est l'idéologie, pas la politique (même si personnellement je me sens concerné par la politique). Chez des gros droitiers comme Ford, Hitchcock ou Rohmer, il y a de l'idéologie et de l'éthique. Chez un gaucho comme Pontocorvo, y'en a pas. C'est aussi simple que ça.
Et je pense que ce point a sa place dans le débat en cours car les conflits idéologiques déterminent plus nos relations d'amitiés et d'amour que nos positionnements politiques (qui sont censés refléter nos idéaux, mais en l'état c'est loin d'être systématiquement le cas). C'est pour ça qu'un mec qui prétend voter à gauche mais dont le rapport au monde est puant, me sera toujours moins sympathique qu'un sarkoziste à côté de ses pompes. C'est pour ça que je ne déteste pas Nijal par exemple, il aura beau sortir les pires conneries de la terre (et Dieu sait s'il est doué pour ça), je pense pas que ce mec soit abject. Il ne mérite pas ma haine. Et je pense que c'est ça, être de gauche, c'est voir l'autre pour ce qu'il est, pas pour ce qu'il prétend être. Et ça, c'est beau !