Hey, et bien moi j'ai trouvé ça pas mal du tout finalement. Et je ne comprends pas trop la haine conçernant ce film. J'ai trouvé ça bien plus fun que toutes ces tentatives de revival du péplum dernièrement, les Clash/Wrath of the Titans, 300, Immortals, et consorts. Quitte à proposer un scénario régulier, je préfère que la forme soit également modeste plutôt que d'y trouver une forme criarde qui essaie de camoufler le manque de substance. Je trouve que débarrassé de toute la prétention esthétique racoleuse des récents péplums et du semblant de "modernité" qu'on voulait leur donner (et qui les plombe malheureusement), Hercules se rapproche d'avantage du côté old school charmant des vieux Sinbad, de Jason et les Argonauts, et de la vieille version de Clash of the Titans. Certains peuvent y voir une certaine pauvreté (tout dépendant des attentes), mais cette modestie formelle n'est pas nécessairement un mal à côté des excès gavants à la "Immortals".
Donc, il est clair que la bande-annonce et les affiches ne vendent pas le film pour ce qu'il est vraiment. Les effets cgi grandioses étalés tout au long de la bande annonce
apparaissent uniquement dans les 10 premières minutes de l'intro (où on raconte le mythe de Hercules avant de passer tout le film à le déconstruire dans une approche plus réaliste où les Dieux n'existe que dans les récits). Ce qui fait d'Hercules un film beaucoup plus charnel et tangible que la moyenne. Le spectacle étant axé ici sur les superbes chorégraphies old school. Et c'est tout de même sacrément rafraîchissant de voir que la majorité des scènes semblent avoir été tournées en décor naturel (s'il y a du numérique, c'est utilisé comme du matt painting sans plus).
Ça n'en fait pas forcément un chef-d'oeuvre, mais ça lui donne une âme certaine. Il y a certainement quelque chose d'intéressant dans cette façon d'opposer de façon cohérente et bien délimité deux façons de faire du cinéma au sein d'un même film. La façon réaliste et austère du film (et de son héros) est en totale contradiction avec son prélude grandiloquant qui raconte de façon fantaisiste le mythe d'Hercules à grand renfort d'effets. En cela, ce Hercules est peu l'anti super-héros, puisque qu'il est précédé d'une image iréelle plus grande que nature (façonné par la tradition orale) et qu'il doit s'y confronter en tant que mortel. Il y a quelque chose de frais en cette période de montrer ce héros à hauteur d'homme, sans armure techno, sans grands pouvoirs mis à part celui d'être un homme fort. Cette dimension humaine est assez courageuse en ce moment, alors que ce n'est pas très tendance (même John McClane a les attributs d'un super-héros aujourd'hui, c'est dire). En fait, il y a beaucoup de tendances qu'Hercules évite. Le film aurait très bien pu être aussi sanglant que Games of Thrones, aussi stylisé que du Zack Snyder, aussi fantaisiste et plus grand que nature que du Marvel, mais en fait c'est un film complètement démodé, hors de son temps. Et il s'en fout en plus. C'est ça la beauté de la chose. En cela, il rejoint un peu Kull the Conqueror, mais sans les riffs de guitare racoleurs.
Pour ce qui est du travail très appliqué de Brett Ratner, il n'est pas déshonorant. C'est peut-être même la meilleure chose qu'il a fait à ce jour. Les chorégraphies sont hyper bien filmés. Certes, le film est impersonnel, mais dans le cas d'un péplum, ça devient presque pardonnable. Peut-être parce que ceux d'antans étaient aussi impersonnels et que faire un péplum anonyme aujourd'hui en revient à être en parfaite continuité avec ce que le genre a dicté à l'époque. On se rappelle que les travaux de commande de Kubrick/Anthony Mann sur Spartacus, ou bien ceux de William Wyler n'avaient pas beaucoup de personnalité, mais ils avaient le mérite d'être dédiés au récit de la façon la plus efficace possible. Et c'est cette même recherche de l'efficacité que l'on retrouve sur Hercules. Le film ne s’embarrasse jamais d'une mise en scène vaniteuse, ni d'ornements (voir le costume ridicule de Hercules, à base de fourrure de lion). Le film est visuellement intemporel sans le savoir. Il possède une pureté dans sa façon de faire "vintage" quasiment par accident. Et c'est là toute l'originalité du film, son refus de trop jouer la carte de l'esthétisme vieillot. Visuellement, il n'y a pas d'effets voyants à la Ridley Scott's Gods and Kings (comme ces effets d'artefacts de vieille pellicule rajoutés en post-prod pour rendre les contours plus "crisp", les textures un peu plus floues, et des effets de décalage des canaux de couleurs).
Dans Hercules, la photo du vétéran Dante Spinotti reste en retrait, au service du récit. Par cette simplicité esthétique Hercules s'apparente bien d'avantage à un péplum typique des années 60 qui aurait été tourné avec les matériaux et l'expertise d'aujourd'hui.
Voilà. Que dire de plus. Ce n'est franchement pas un grand film, mais j'ai eu envie de l'aimer pour son honnêteté. En plus, le scénario est bien foutu pour un film musclé. J'avoue qu'il y a une concision dans le développement auquel on n'est plus très habitué (c'est pourquoi la finale peut paraître un peu précipité, alors qu'il y a 20 ans, ça aurait bien passé). Mais ça fait du bien de se passer de sur-développements poseurs et juste profiter de la ride. C'est juste efficace, et c'est ce à quoi je m'attendais. Sinon, Le casting est quand même surprenant: Peter Mullan, John Hurt? Et l'équipé d'Hercules est vraiment cool. Ian McShane est adorable. Et l'actrice norvégienne qui joue la fille à l'arc, elle à des jambes incroyables.
Ah oui! À la toute fin, j'ai trouvé la photographie hyper belle et surprenante. Ça m'a rappelé ces arrière-plans peints dans les films des années 80. J'ai tout de suite penser à cette finale de Star Trek 3 sur la planète Vulcain.
Ça fait longtemps qu'on avait pas vu ce lyrisme visuel, ce côté palpable des décors (War Horse a été un des rares à le faire). Je crois que ça m'a ému d'avantage que tout Guardians of the Galaxy. Voilà, ça m'a fait du bien d'en parler.
Mais je ne mets pas plus que 3.5/6 (ce qui est une assez bonne note venant de moi).