Ercole al centro della terra en VO.
Hercules in the Haunted World ou
Hercules at the Center of the Earth à l'international.
Pour libérer sa bien aimée d’un mal étrange, Hercule doit descendre aux enfers. Accompagné de Teseo, un fidèle compagnon, il se rend là d’où aucun être vivant n’est jamais revenu, pour y prendre la pierre de vie.Inutile de dire qu'il faut vraiment aller chercher loin pour trouver des vampires là-dedans : même si y a un vague rapprochement sur une scène, faut croire que les distributeurs français avaient surtout envie de capitaliser sur l'aura
Dracula de Christopher Lee (par ailleurs très secondaire, ici).
Ce titre français va cependant comme un charme à ce film aux relents nanardesques (enfin !). C'est pas flagrant flagrant, à vrai dire (à moins de considérer tout le péplum italien comme nanardesque), ça tient juste à deux trois trucs : le culturiste qui joue Hercule et son jeu inerte, un monstre de pierre très série Z, un sidekick comique tout droit sorti de chez Fernandel, quelques répliques débiles (le
"vite, saute à l'eau !" en balançant littéralement la fille par-dessus bord). Mais grosso-modo, Bava tient bon sa barque, utilisant l'excuse des enfers pour déchaîner ses talents de peintre : c'est bien simple, c'est de très loin le plus beau film que j'ai vu de lui, un festival pour les mirettes.
Il y a un côté franchement simplet et naïf dans ces péripéties de serial ("oh, un nouveau piège" ; "oh, un personnage sorti de nulle part"...) qui rend le film beaucoup plus digeste et rythmé que bien des Bava (le scénar, de manière générale, est très dilettante, enchaînant les décors à la nimp sans vraiment les articuler aux enjeux). Le problème est que, sans virer au film de peintre froid (l'ensemble est trop candide pour ça), Bava n'a pas grand chose à raconter, ou du moins ne profite pas des situations crées. Un exemple concret : les deux persos débarquent dans une forêts de lianes, qui saignent et hurlent de douleur dès qu'on les coupe : malaise. Mais il se voient contraints d'utiliser ces lianes pour traverser un ravin... N'importe quel réal réellement intéressé par son film aurait construit la scène sur cette tension-là. Ici, que dalle : un autre cri des lianes pour la forme, et puis basta, on passe à la traversée morne.
Et bien c'est un peu ce qui manque ici, dans l'expérience de ce genre (le peplum) qui semble si étranger à Bava, et qu'il aurait pourtant facilement pu investir (vice inhérent aux complots de cour, envoûtement des hommes par les créatures fantastiques...) : peu d'horreur tout compte fait, peu de trouble, rien de très pulsionnel chez ces persos en papier carton, chez qui tout pourtant appellait un traitement tragique et romantique. On traverse donc le film comme un Bava joyeux et sucré, une promenade en somme, qui ne se réveille réellement que dans ses moments re-flirtant avec l'horreur (scène absolument sublime de l'attaque finale, un enchantement).
En tout cas, j'attire votre attention dessus : contrairement à sa réputation, le film ne démérite pas plus qu'un autre dans la filmo, et son problème tient moins à sa dimension narnardesque (discrète, réduite à quelques scènes, et de toute façon franchement pas gênante) qu'à un désinvestissement dramaturgique, tout juste sauvé par le premier degré propre aux feuilletons d'enfance (candeur qui me semble de toute façon, de loin, être inhérente au péplum italien - mais peut-être que je me trompe). Au final c'est en fait surtout frustrant, car s'il s'était un peu intéressé à son histoire, Bava aurait pu sortir un grand film, un grand peplum, il y avait tous les éléments pour.
Concernant le DVD : Une belle image pour ce DVD opening, même si il y a une interpolation intermittente bizarre qui gêne sur deux-trois panos. Le gros problème :
il n'y a qu'une VF disponible. On est sur du film italien post-synchronisé des années 60, donc a priori sans "VO" à proprement parler, et la VF d'époque n'est pas sans charme. Mais une piste italienne ou anglaise (difficilement trouvables sur le net, et j'ai cherché), aurait tout de même eu plus de sens...