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MessagePosté: 13 Oct 2017, 13:06 
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Avec Le Labyrinthe de Pan, Guillermo del Toro faisait ses premiers pas dans l'univers du conte de fées et, depuis, le genre n'a cessé de faire son incursion dans les films du cinéaste, pour assurer une filiation (l'ouverture de Hellboy II) ou juste dans l'iconographie (la jeune Mako Mori dans Pacific Rim, son soulier à la main, face au chevalier en armure géante). Toutefois, depuis deux films, Del Toro s'intéresse à la subversion des codes du conte en signant des relectures adultes évacuant la psycho-sexualité sous-jacentes de ces fables morales pour une sexualité débridée et surtout bien réelle, physique.

Ainsi, Crimson Peak était-il en somme l'histoire d'une Cendrillon guérissant Barbe Bleue par le pouvoir du sexe, non plus l'infraction à craindre mais la manifestation physique de l'amour par lequel l'héroïne transforme son croque-mitaine tout en menant à terme sa propre métamorphose.
De la même manière, La Forme de l'eau revisite La Belle et la Bête en faisant tomber amoureux Amélie Poulain et l'Étrange Créature du Lac Noir, deux personnages de cinéma, dans un film qui rappelle E.T. si ce n'était pour toutes ces scènes de masturbation. Simultanément, comme pour ses films espagnols, Del Toro situe le récit dans un contexte historique particulier lui permettant également de formuler un propos politique sur l'Amérique d'aujourd'hui.

S'il y a un inconvénient à coller de près au canevas du conte, c'est cette intrigue par conséquent un peu trop cousue de fil blanc. À l'instar de Michael Shannon et Octavia Spencer dans des rôles trop similaires à ceux qu'ils ont tenu par le passé, le film peine à réellement surprendre dans son déroulé. Toutefois, c'est dans le détail des séquences et dans le contexte général que le film tire son épingle du jeu.

La Forme de l'eau est sans doute le film du metteur en scène qui parle le plus directement de cinéma (et peut-être plus largement d'image). L'héroïne s'inspire de films qu'elle voit à la télévision. Un coup pour faire quelques claquettes afin d'égayer sa morne journée, un coup pour s'émanciper dans un artifice purement cinématographique. La salle de cinéma au-dessus de laquelle elle vit semble déborder chez elle, sa perméabilité étant même soulignée dans une scène, comme si seul le cinéma pouvait permettre de réaliser cet amour.
Après tout, elle doit ramener la Créature chez elle et c'est après l'avoir retrouvé dans le cinéma qu'ils vont enfin coucher ensemble, comme si jusque là leur union (zoophile, soyons honnête) était encore jugée transgressive.


En parallèle, c'est une autre image que l'on vend à côté. À l'impossible merveilleux du cinéma s'oppose l'illusoire perfection de la publicité qui n'a de cesse d'évoquer le futur. À la radio, sur des affiches pour de la gelée, chez un concessionnaire Cadillac... Un futur est sans cesse vendu aux personnages si bien que les enfants demandent à leurs parents s'ils auront bien des jetpacks "dans le futur". Si l'action se situe en 1962, ce n'est pas un hasard. La Guerre n'est plus Civile et Espagnole ni Mondiale mais Froide et l'heure est à la peur de l'autre et aux promesses. La course à l'espace, le mouvement pour les droits civiques, le progrès, le futur... "Mais ensuite, Kennedy va se faire assassiner." énonce Del Toro. Depuis, l'Amérique n'a pas changé et si la propagande continue, parfois même pour "Make America Great Again", elle renvoie surtout à des promesses non tenues, à une illusion, et les laissés pour compte d'hier, ceux que Del Toro choisit comme protagonistes, sont aujourd'hui les mêmes : femmes, noirs, homosexuels, handicapés, tous ceux qui sont autres. Et la Créature du film en est le symbole ultime.

Préciser aujourd'hui que chez l'auteur le monstre n'est pas celui que l'on croit et que les vrais monstres sont des êtres humains est une lapalissade. Le film surenchérit sur cette idée en détournant l'un des principaux clichés des contes de fée : ce n'est pas parce que l'héroïne l'embrasse que la grenouille se transformera en prince. La Bête reste une bête. Comme disait Hellboy à Liz, il aimerait pouvoir changer son apparence mais, incapable de le faire, il lui promet "I'll always look this good". Et c'est le propre de l'amour qui, comme l'eau, n'a pas de forme. Il s'adapte. Que l'on soit jeune, vieux, homme, femme, homosexuel, noir, etc. Il ne faut pas avoir peur de l'autre.

Un très joli film donc mais, au risque de m'inscrire en porte-à-faux avec le reste du monde, c'est pour moi un petit Del Toro.

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MessagePosté: 13 Oct 2017, 21:47 
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Antichrist
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Largement préféré ce film à son précédent. A la métaphore cinématographique que détaille Freak, s'ajoute une réflexion sur "Dieu" assez intéressante, avec ce côté péplum assez prononcé. Les seconds rôles sont tous très bons, le côté révolte des freaks m'a beaucoup plu et puis c'est un régal de mise en scène avec des idées partout...

Sinon tout pareil que Freak, l'intro est très belle, le milieu trop sur des rails, la fin très belle.

ça reste un bon Del Toro

4/6


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MessagePosté: 15 Oct 2017, 15:38 
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Antichrist
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sinon le film vieillit très bien... mais il faut dire qu'il n'y a pas l'horrible et envahissante musique de Desplat dessus.


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MessagePosté: 15 Oct 2017, 19:28 
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Ah oui oublié de mentionner ça...ça me réconcilie pas avec cet imposteur.

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MessagePosté: 10 Jan 2018, 06:56 
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Putain, je venais pour écrire la même chose. Sans Desplat, je crois que le film aurait été meilleur.

Sinon, je sais pas si c'est moi, mais y a un peu de Jeunet dans ce Del Toro là.

Plastiquement, ça déglingue, comédiens d'enfer, mais je suis resté sur ma faim car l'histoire au final se concentre un peu trop sur la chasse et pas assez sur le cul comme dans Crimson Peak que FF mentionne.

Cependant, j'attends de le revoir sans l'attente de ouf ppur me faire un avis définitif.

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MessagePosté: 10 Jan 2018, 06:57 
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Putain, sérieux mec
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Et oui, le propos sur les freaks et leur solitude est magnifique et j'aime Del Toro pour ça.

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MessagePosté: 10 Jan 2018, 09:49 
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Garçon-veau
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Puck a écrit:
Sans Desplat, je crois que le film aurait été meilleur.

Ce qui est quasiment toujours le cas.

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MessagePosté: 10 Jan 2018, 09:55 
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Sa compo pour The Grand Budapest Hotelvrend le film meilleur.

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MessagePosté: 10 Jan 2018, 09:57 
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Jamais trop compris la haine anti Desplat, j'ai rien à lui reprocher perso.

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MessagePosté: 10 Jan 2018, 09:58 
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Garçon-veau
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C'est sûr que si on prend des films tout pourris à la base... 8)

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MessagePosté: 10 Jan 2018, 09:59 
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Garçon-veau
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Art Core a écrit:
Jamais trop compris la haine anti Desplat, j'ai rien à lui reprocher perso.

Remate les deux derniers Harry Potter. Tout ce qui pourrait être épique/aventure est assommé par une zique d'une mollesse incroyable. Le mec parvient à ralentir le rythme au lieu de le soutenir, il est très fort.

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MessagePosté: 10 Jan 2018, 10:05 
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J'avoue ne pas m'en souvenir. Mais on lui doit quand même de chouettes BO, récemment il a fait un beau boulot pour Réparer les vivants notamment.

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MessagePosté: 10 Jan 2018, 10:39 
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Art Core a écrit:
Jamais trop compris la haine anti Desplat, j'ai rien à lui reprocher perso.

Y a pas de haine, je trouve juste toutes ses compos faibles. Aucune n'est mémorable.

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MessagePosté: 10 Jan 2018, 10:41 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Art Core a écrit:
J'avoue ne pas m'en souvenir. Mais on lui doit quand même de chouettes BO, récemment il a fait un beau boulot pour Réparer les vivants notamment.

Mais oui!!! BO magnifique. J'ai jamais compris le Desplat-bashing. Il a fait un peu de soupe, oui, des BO totalement oubliables, sans aucun doute, mais également de grandes BO. Le nier c'est de la mauvaise foi. Et c'est le cas d'autres bons compositeurs en vogue comme Giacchino... Il a fait des tueries, il a fait des trucs totalement génériques. Et idem pour John Williams hein.
Le souci c'est que Desplat est ultra-demandé et qu'il accepte beaucoup, du coup il n'est pas toujours à sa place (et pas toujours inspiré). Mais sur les bons projets, où il se sent à l'aise, il produit des BO superbes. Rematez Birth, Benjamin Button, The Grand Budapest Hotel, Lust Caution, tous les Audiard...

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MessagePosté: 10 Jan 2018, 10:44 
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Arnotte a écrit:
Le nier c'est de la mauvaise foi.

Nier qu'on puisse ne pas aimer ses BO, ça c'est de la mauvaise foi.

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