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The flame and the arrowAu XIIème, l'Italie du Nord vit sous la domination de Ulrich de Hesse, représentant de l'empereur d'Allemagne. Dardo élève seul son fils Rudi. Sa femme, Francesca, l'a quitté pour épouser Ulrich. Alors qu'il est en ville, Dardo est blessé, Rudi est enlevé par les gardes de Ulrich. Avec son compagnon Piccolo, Dardo décide de prendre la tête de la révolte (Première.fr)Dans les dérivés de Robin des Bois, celui ci est sans doute l'un des meilleurs, avec un Lancaster en grand saltimbanque totalement dans la veine du
Corsaire Rouge d Siodmak, qui ne peut s'empêcher de faire défiler dans l'arène des studios tous les arts du cirque, le final étant un véritable chapiteau. Tourneur quand à lui insuffle une vraie magie à cette Lombardie hollywoodienne totalement irréelle mais assez rare pour donner un peu de neuf aux esthétiques du genre, avec une exploitation des décors et un soucis de composition qui tranche je trouve avec les films de Thorpe ou Sidney. J'ai hâte de revoir le film dans une meilleure copie que celle du DVD Warner d'ailleurs, pas toujours extra, en particulier dans les scènes nocturnes...
Par rapport au récit très fluide du grand classique de Curtiz,
La flèche et le flambeau est de prime abord un peu lâche dans le rythme, et tout comme le
Corsaire Rouge souffre d'un canevas assez épuisé, mais le film propose tout de même, outre son contexte, une variation autour d'une intrigue familiale et sociale bien alambiquée, avec notamment cette ancienne femme du héros qui s'est enfuie avec le seigneur teuton, et un certain enjeu identitaire autour du regard père-fils, bien mené, même s'il ne se joue finalement que sur de courtes scènes.
Plutôt que des grands méchants, le film préfère s'attarder sur des personnages intermédiaires un peu plus complexes qu'à l'habitude, comme celui celui de ce noble italien déchu et très maniéré, passé dans le camps des paysans, et celui d'Anne de Hesse, la Milady de Winter de service qui se retrouve un long temps temps enchainée, et qui passe par tout les degrés de manipulations avant de finir dans les bras du héros. Les chaînes que portent Virginia Mayo dans toute la partie centrale du film semblent même être parmi ce qui motive le plus le réalisateur ici, avec son lots d'images et de situations inspirées. Mais pas toujours à l'avantage du personnage il faut bien le dire...
Le film est paradoxal à plusieurs niveaux, tant il exhale un certain machisme voir une légère misogynie (même visible dans cette optique de pur entre-soi entre Lancaster et son fils), mais confronte aussi avec ambiguïté ces envahisseurs germaniques déclamant des discours de virilité tout en s'adonnant à tout un tas de loisirs sophistiqués qu'on pourrait trouver "efféminés" (le fils boudeur contraint d'apprendre ses pas de danse), bref il y a vraie une confrontation latine et anglo-saxonne qui fait partie de l'aspect très coloré de l'ensemble...
On a droit à un petit duel toutes bougies éteintes également dans le final, une plongée dans l'obscurité qui pour le coup fait presque "trademark" pour le réalisateur. Un clin d'oeuil et une astuce peu conformiste, peut-être ouvertement "prolo", le personnage de Dardo assumant ici avec originalité n'être qu'un piètre escrimeur... Le dernier plan que livre cette petite séquence est très réussi, comme nombre de petits détails souvent inspirés et parsemés tout du long, dont on se délecte facilement. Une réussite dans son genre, même si je préfère quand même les films de Curtiz.