Pour faire plaisir à Castorp et ne pas rester sur mon souvenir flou d'il y a 20 ans.
Castorp a écrit:
Ou je pourrais parler de cette réalisation raffinée, élégante, qui construit son ambiance de peur par des effets déconcertants de simplicité, ombre et lumière, clair-obscur, hors-champ...
C'est avant tout cela, et c'est presque étonnant de voir que ses films suivants ont moins d'ampleur que celui-ci (typiquement L'Homme-léopard qui fait beaucoup plus série B et semble avoir un budget ridicule. Les meilleurs moments de ce dernier ne sont d'ailleurs que du recyclage des effets les plus saisissants de La Féline).
Castorp a écrit:
Peut-être par cette critique féroce et sanglante de la bien-pensance bourgeoise, qui se trouve des excuses fielleuses pour pouvoir continuer son train de vie sans en questionner les fondements.
Par contre là je ne saisis pas trop ce que tu veux dire. Si tu ne l'as pas vu depuis 6 ans je ne sais pas si tu pourras éclaircir ton propos, mais peu importe le milieu social il me semble, ça n'est pas une critique de la bourgeoisie que Tourneur opère. Et pour rebondir sur le commentaire de Mickey au sujet de Mme Muir, la morale chrétienne (et donc misogyne) sous-jacente n'a pas super bien vieilli. Irena Dubrovna c'est la nouvelle Eve, la tentatrice qui vient pervertir le mâle. Que ce soit son futur mari qui dit explicitement n'avoir jamais été malheureux avant de la rencontrer (mais ne peut s'empêcher d'être attiré par elle pour la chaleur qui se dégage d'elle - comprendre c'est une chiennasse), ou le psychiatre qui a une envie irrépressible de la tripoter, ils sont tous deux victimes de cette femme pécheresse qui ne contient qu'avec efforts ses pulsions sexuelles débordantes. A cela s'ajoute un fond raciste (tant qu'à faire), puisqu'elle nous décrit la Serbie comme un pays chrétien heureux et calme, que les mamelouks ont dénaturé et vicié. C'est donc non seulement parce qu'elle est femme mais aussi parce que les musulmans sont venus leur chatouiller la plante des pieds qu'elle a maintenant une panthère dans la culotte.
Révision malgré tout bénéfique, surtout pour sa mise en scène qui a une efficacité que je n'avais pas vraiment vu ailleurs chez Tourneur. Prochaine étape revoir Vaudou pour probablement mieux l'apprécier également.