Forum de FilmDeCulte

Le renouveau baroque est une forme de "pop-isation" de la musique classique sous couvert de recherche historique et de progrès du savoir. Sous le prétexte d'avancées musicologiques, on remet au goût du jour une musique qui plaît avant tout parce qu'elle est facile à entendre, mélodieuse, souvent très pulsée, formellement simple, stéréotypée et jolie - les caractères de la pop. Je n'ai rien contre cela, sauf que cela se double d'une prétention à écouter de la "grande musique" (c'est vieux donc c'est mieux), d'une mentalité de musée (on perçoit tout par le filtre de la recherche historique et de l'"authenticité" (terme hautement mensonger), avec instruments d'époque et reconstitutions diverses, ce dont n'ont jamais eu besoin les grands musiciens) et de gardien du temple, tout cela dans le contexte de l’abêtissement libéralo-capitaliste post-moderne (toutes les musiques sont égales, chacun ses goûts, bla bla bla).
C'est beaucoup de façade et de confusions, qui entraîne des dérives (musiciens de seconds ordres qui se font connaître grâce à ça, projets bidons), mais surtout éloigne de ce qui permet de conserver la véritable vie de la musique, à savoir la musique (et surtout la musique moderne) perçue en dehors du musée, la création et la "haute tradition", qui se fiche de l'authenticité historico-musicologique et travaille l'exigence musicale avant tout.
En sus et place d'un quelconque renouveau, on creuse la tombe de la musique classique - avec l'aide certes des producteurs traditionnels devenus vendeurs de produits chinois, les journalistes dits musicaux qui connaissent aussi bien la musique que moi la maçonnerie, les institutions de la création et tant d'autres, tout cela fonctionnant ensemble.

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Nothing and no one can save you! Abandon hope now! Here's what you can do :
1. Admit you are a semi-evolved ape-thing mercifully ignorant of the sanity-blasting truths of the greater cosmos.
2. Die.
3. Rot.

Merci pour ta réponse.

Cela dit, je pense que la muséification de l'art classique est inévitable. Comme on regardait des pièces de Shakespeare en poussant des hauts-cris et en lançant des fruits sur les acteurs, alors qu'aujourd'hui on observe dans un silence de cathédrale, on assiste de nos jours à des concerts de musique classique en smoking propret dans une salle resplendissante, non pas par besoin ou plaisir, mais par le désir d'afficher un certain rang social.
C'est inexorable pour une société en décadence qui ne sait plus que se mirer dans son passé en attendant l'effondrement.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Bon vous deux faut se ressaisir, là.
Allez, venez, je vous offre des vacances au soleil...

Ouais, on les connait tes vacances...









En Laponie.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Si cette tendance existe, il faut pas non plus généraliser: énormément de gens dans les salles de concerts sont passionnés par ce qu'ils écoutent - y compris des profanes qui y mettent les pieds pour la première fois. Le côté "je vais au concert pour me montrer" est d'autant plus à relativiser qu'aujourd'hui avec la déliquescence des communautés de proximité "se montrer" ne veut plus dire grand chose. A la limite, aller à ces concerts permet de satisfaire son narcissisme, mais j'ai tendance à penser que les personnes de ce genre ne s'y font pas prendre à deux fois, se font tellement chier qu'elles n'y reviennent qu'au moment où elles y sont socialement obligées - c'est-à-dire, pas tant que ça.

Sinon je sais pas trop où mettre ça mais dimanche dernier j'ai découvert Le Lac des cygnes (joué à Montrouge), quelle splendeur... Bon évidemment c'est archi-connu et il y a de quoi être blasé pour les spécialistes mais avec un regard neuf je peux dire que c'est éblouissant de A à Z, surtout le dernier acte, sublime de bout en bout, d'une pureté émouvante aux larmes.

Du coup là ce soir je me le suis refait avec la première vidéo Youtube sur laquelle je suis tombé:
https://www.youtube.com/watch?v=9rJoB7y6Ncs

Malheureusement, même à Bayreuth, le smoking est minoritaire.

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There is no such thing in life as normal

Au contraire, l'art est de plus en plus présenté comme un lieu de négation des classes sociales (et ça commence justement par le musée, où tout le monde se rue alors qu'à peu près personne ne sait regarder un tableau) - c'est l'obsession de la "culture pour tous". Il y a un siècle, le concert était nettement plus un lieu de valorisation de classe sans que l'art en soit endommagé.
Ça a donc plus à voir avec les conditions de production de l'art, sa destination, les discours qui l'entourent et surtout son contenu réel qu'avec un positionnement de classe. Le silence devant Shakespeare peut avoir un sens tout comme il peut être une manifestation de pseudo-sacralisation de la culture dans un contexte de désacralisation de l'art.

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N'y intégrez pas le théâtre et l'art contemporain qui sont des domaines un peu plus vivant que la musique contemporaine (qui n'a presque plus de public )

J'ai découvert récemment la Symphonie n° 3 de Leonard Bernstein, "KADDISH". Avec Yehudi Menuhin en récitant.

Quelle claque!

Scythe, tu aimes Bernstein compositeur?

Je connais peu, mais ce que je connais (West Side Story, MASS et ce Kaddish), j'adore totalement.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Le théâtre d'accord, mais l'art contemporain ? C'est sans doute encore plus mort que la musique contemporaine.

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Que ce soit dans les galeries, les succès de la FIAC, les échos des biennales, de la dOCUMENTA, les artistes-stars invités au Grand Palais pour leur Monumenta, les expos au palais de Tokyo, les sculpteurs qui investissent l'espace public, les subventions de l'ETAT c'est loin d'être mort....et ça a son public.

Mais tu as la même chose en musique contemporaine. Tu as des festivals, des institutions, des subventions à la pelle, un public. L'avantage de l'art contemporain, c'est qu'il s'expose, littéralement (on peut le mettre sur le mur de son loft), et qu'on en fait facilement le commerce. Il profite également du succès général du musée, qui est devenu le lieu où on va "se cultiver". C'est de la façade, c'est le signe qu'il est un produit de luxe, pas un signe de vitalité. Au contraire, quand un art entre dans le monde de la communication, de l'événementiel, de la culture et de l'argent, c'est plutôt la preuve qu'il est mort.

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Je te trouve beaucoup trop pessimiste dans tes sous-entendus. Notamment sur le succès des musées. Oui c'est un lieu estampillé "culture officielle" mais je préfère que les gens voient du Picasso et du Braque dans ce contexte et ce consensus mou que pas de Picasso et de Braque du tout.

Baptiste, le problème, c'est qu'on est dans une situation de perte de sens.
Et l'art sans signification, ce n'est qu'un simulacre.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
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