Jerzy Pericolosospore a écrit:
Le style "futuriste/constructiviste/tourmenté" de Shosta était déjà bien établi. Si tu considères donc sa 2è ('"Octobre") *, qui date de 1927 (Popov écrit le 1er mvt de sa 1ère en 29), ainsi que sa 3è *, de 29 (qui est assez géniale, je l'avais peu écoutée à l'époque). Assez difficile, du coup, de déterminer qui influence l'autre... Même si Shosta, disais-tu, citait explicitement Popov comme influence, il me semble plutôt que c'est Popov qui à la base est influencé par Shostakovich - surtout par Le Nez, voir plus bas. Par exemple le premier interlude en spoiler. Mais y a bcp d'éléments ailleurs dans Le nez, motiviques, instrumentaux, qui montrent que la modernité de la symphonie de Popov s'inscrit dans les pas de la modernité de Shostakovich et non l'inverse.
Le septuor de Popov est écrit en 1927, et il commence sa symphonie la même année. Les deux étaient amis, jouaient ensemble depuis le début des années 20, partageaient des influences et discutaient leurs partitions respectives. Ils ont évolué en parallèle, s'influençant mutuellement probablement.
Je ne crois pas que Popov était suiveur, ni que Chostakovitch a tout pompé sur Popov, je n'aime juste pas la tendance des discours à toujours tourner les choses de telle manière que le génie consacré se révèle supérieur et en avance sur tout le monde, seule lumière de son temps dans un monde d'amateurs et de "petits maîtres" (à prononcer avec mépris) (je sais que tu n'es pas dans ce cas). Ce n'est jamais vrai. Chostakovitch vient de quelque part, et il n'est pas étonnant de trouver un Popov dans les parages, et ca ne lui enlève rien.
Jerzy Pericolosospore a écrit:
Il me paraît plus plausible que la référence à Popov s'il y en a une s'explique là en termes de solidarité politique. Puisque la 1ère de Popov fut aussitôt interdite.
Possible, mais Chostakovitch ne rechignait pas à laisser traîner quelque révérences à des compositeurs amis ou à des influences.
Jerzy Pericolosospore a écrit:
Je conclus donc ici sur l'opéra-bouffe Le nez *** (écrit entre 27 et 28, créé en 30, pour lequel il reçut carrément des menaces de mort). ça reste d'une modernité saisissante et d'une sauvagerie inégalée.
Oui, même s'il y a des faiblesses. Je ne partage pas l'avis de ceux qui disent que Chostakovitch n'est devenu lui-même que dans l'adversité politique.