Forum de FilmDeCulte

[Mec qui y connaît que dalle]

Le rôle d'un chef d'orchestre (= ce pour quoi il est célèbre et admiré), c'est de donner sa propre "version" de la musique ? Comme un metteur en scène de théâtre ? Ou c'est autre chose ? Si c'est ça, y a un degré de trahison (rythmique, de distribution des instruments) toléré ?

[/Mec qui y connaît que dalle]

Je me suis aussi souvent posé la question.

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CroqAnimement votre

Of course!


La distribution des instruments, comme tu dis, c'est l'orchestration, donc a priori c'est écrit, c'est pas à lui à changer ça. Son rôle est littéralement de diriger les musiciens, leur interprétation dépend directement de la direction (*que de mots à double sens, je sais et c'est pas anodin*). Ce qui change de la "version" d'un chef à une autre, c'est pas seulement le tempo, ce sont les nuances, les couleurs, les ambiances, les attaques, les silences, les intentions... la musique, quoi.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Okay okay. J'ai jamais trop su si les chef-d'orchestre essaient de retrouver l'essence de la composition qu'ils ont entre les mains (en l'étudiant en détail, en essayant de retrouver la volonté du compositeur), ou s'ils en livrent vraiment délibérément une interprétation personnelle.

Je crois que c'est justement en étudiant la partition en détail (la moindre des choses pour un chef) qu'ils peuvent alors s'en détacher et en livrer leur vision...

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Oui il doit interpréter. Le pire c'est qu'il fasse mal son boulot et produise une bouillie informe.
Après il peut y avoir des trahisons, comme une interprétation presque anachronique mais il n'est pas interdit d'aimer ça (on écoute bien les variations goldberg au piano).
Après le mieux, c'est d'écouter plusieurs versions d'une même oeuvre pour se rendre compte.

Y'a une émission un peu agaçante sur france musique mais parfois instructive, le jardin des critiques, qui décortique plusieurs versions d'une oeuvre chaque semaine.

ça entraîne un peu l'oreille.

http://www.francemusique.fr/emission/le ... re-ecouter

Musiq'3, la radio classique de la RTBF, propose la même chose tous les dimanches à 16h (Table d'écoute). Une même oeuvre, quatre versions. Long debat.
Peut être passionnant, surtout quand on connait bien l'oeuvre..

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Faudrait que j'écoute ça pour me rendre compte. Mais vu l'oreille absolument non musicale que j'ai je suis même pas sûr de faire la distinction entre plusieurs versions.

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CroqAnimement votre

Ouaip idem. A un moment, quand j'avais le choix sur le net entre plusieurs versions d'une même musique, je choisissais les versions de Bernstein, mais je crois surtout que c'est parce que c'était le seul nom que je connaissais...

Moi je faisais pareil avec Karajan (pour les mêmes raisons que toi) .

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CroqAnimement votre

Le jardin des critiques, c'est depuis un certain temps un repère de gens qui s'écoutent parler et n'y connaissent pas grand-chose.

Ce qu'ont dit Arnotte et Jack Griffin n'est pas faux mais il y a à la fois plus et moins que ça. Il y a de toute façon beaucoup de mystique autour du rôle du chef d'orchestre. Mais la première chose qu'un chef fait, c'est de faire jouer les musiciens ensemble - parce que coordonner 60, 80, 100 musiciens, cela ne va pas de soi. La base, c'est de donner la même pulsation à tout le monde et d'indiquer les entrées de chacun, afin que tout le monde soit ensemble au bon moment... le chef est un repère. Les musiciens ne le suivent pas en permanence, mais reviennent très régulièrement sur lui pour savoir s'ils sont encore "dedans".
Il doit ensuite (ou plutôt avant, parce que cela se fait dans les répétitions) faire comprendre, ou plutôt donner une compréhension de la partition aux musiciens, pour qu'ils ne jouent pas bêtement leur partie, mais jouent quelque chose qui a du sens à la fois pour eux et dans l'ensemble de l'oeuvre. Il y a là une dimension d'interprétation. Une partition n'est pas "complète", beaucoup de signes sont ambivalents et relatifs, et au-delà de ça la micro-structure et la macro-structure ne sont pas données, elles peuvent se lire de différentes manières. Il faut faire comprendre cela aux musiciens afin qu'ils puissent le redonner dans leur exécution.
Ensuite il y a...

(par contre, ça ne ressemble pas vraiment au rôle du metteur en scène au théâtre)

C'est un sujet complexe. Mais n'importe qui peut entendre la différence entre deux interprétations, surtout à l'orchestre.

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Nothing and no one can save you! Abandon hope now! Here's what you can do :
1. Admit you are a semi-evolved ape-thing mercifully ignorant of the sanity-blasting truths of the greater cosmos.
2. Die.
3. Rot.

Oui, honnêtement au début je me disais que ce genre de débats entre interprétations ne serait pas pour moi mais très rapidement on se rend compte de la différence que ça fait, c'est parfois énorme et il faut pas avoir une oreille "musicale" comme dit Art Core pour apprécier. De toute façon, il y a des gens qui ont une meilleure oreille de départ, mais ça se travaille, comme beaucoup de choses.

Pour le Jardin des critiques, je n'écoute plus trop depuis que ça a changé de main mais le précédent présentateur (Jean-François Hudry je crois) était très agréable, calme, bon médiateur et animateur, avec une érudition importante. En plus il avait répondu à une de mes questions par mail, donc très disponible. Par contre il y avait et il y a toujours le critique des Echos, je me souviens plus son nom, et lui ça passe ou ça casse, il a vraiment un avis tranché à chaque fois et on comprend pas toujours où il entend ce qu'il décrit. Mais enfin c'est quelqu'un avec une conception de la musique, ce n'est pas mal; c'est le Zad de France Musique quoi.

http://www.francemusique.fr/emission/le ... /2012-2013

Le Zad de France Musique, c'est pas Renaud Machart (qui tient maintenant une chronique télévision au Monde, ca en dit long) ?

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non j'ai retrouvé, je pensais à Philippe Venturini.

Merci Scythe pour ton apport, très juste. En répondant à Tom, rapidement, j'oubliais en effet ce point essentiel, que le chef est un repère avant tout...

Sujet complexe mais passionnant. Certains (j'en connais) en font des thèses...

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"