Forum de FilmDeCulte

Alice, 30 ans, est marin. Elle laisse Félix, son homme, sur la terre ferme, et embarque comme mécanicienne sur un vieux cargo, le Fidelio. A bord, elle apprend qu’elle est là pour remplacer un homme qui vient de mourir et découvre que Gaël, son premier grand amour, commande le navire.


Et ben c'est pas mal du tout. Je trouve le film un peu contraint et gâché par des tics cinéma français franchement dispensables, du parler sexuel cru très laid jusqu'au velléités poétiques dans le texte (alors quand les deux sont associés, gare !). Y a des non-scènes comme ça, comme la séquence webcam, où l'écriture devient vraiment intolérable. Mais en fait je crois que c'est surtout énervant dans le sens où le film n'a pas besoin de ça, ni pour parler de désir, ni pour parler d'amour, et que son beau scénario en deux temps (mouvement libre sans entrave, puis addition à payer) vient très bien déjouer nos attentes et nos automatismes sur la question sans qu'il y ait besoin d'en rajouter trois couches. Borleteau aurait plutôt gagné à utiliser ce temps pour mieux épouser la volupté de ce qu'elle filme, l'ensemble paraissant pour le coup paradoxalement un peu frigide.

Y a de belles choses, de jolies idées, une actrice parfois magnifique (les scènes où elle est émue, dans la deuxième partie, elle resplendit), mais cette pose distante qui traîne m'exaspère et gâche un peu tout, donc, et puis aussi cette impression que la réalisatrice aurait pu sortir quelque chose de beaucoup plus fort, de beaucoup plus beau, de cette vie en communauté sur le bateau (la scène équateur, ici, par son côté forcé et expédié à la va-vite, rend cette cohabitation presque artificielle).

Je l'ai vu hier, j'allais justement créer le topic. Tom en parle bien donc pas besoin de rajouter grand chose.

Il y a une vraie ampleur, une vraie "envie d'aller voir ailleurs" qui fait plaisir pour un premier film français dont les racines semblent être plantées dans un cinéma très auteur (Antonin Peretjatko en 2eme caméra, un mec de LA BATAILLE DE SOLFERINO en second rôle...), on a l'impression qu'il y a du budget à l'écran, et la référence Claire Denis n'écrase pas le film. Toutefois, on peut regretter cette sensation d'être toujours un peu à distance, pas tant des émotions - je trouve que Borleteau et Labed y vont cash et j'aime le côté frontal du film de ce point de vue-là - mais plutôt dans l'univers montré. On reste toujours sur le même type de focales, du même point de vue, des plans fixes avec des légers panos, en se refusant prudemment de prendre à bras le corps le décor, de foncer tête baissée au risque - Dieu nous garde ! - de ressembler à DAS BOOT ou HIJACKING.

Le film a une vraie générosité d'un certain côté (les décors, certains moments d'émotion), mais se la joue un peu radin sur le plan formel et c'est dommage.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Ah j'ai pas vu ça, en quoi ? (je connais très mal sa filmo, d'où sans doute le fait que j'ai raté le truc...)

Je connais assez peu aussi mais l'influence de BEAU TRAVAIL me semble évidente. Le voyage, l'esprit de corps, la fuite, les boîtes de nuits interlopes du continent noir...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Ah oui, ok. Vu que par bouts sur canal à l'époque, mais effectivement de loin ça y ressemble.

D'accord avec Tom et le Jedi. Un bon premier film français mais qui reste encore trop intimidé par son potentiel romanesque, ce qui crée un déséquilibre entre l'ambition folle et le résultat un peu sage. Mais Labed déchire tout et apporte parfois ce qui manque à la mise en scène.

C'est ce que je soupçonnais. Il y avait aussi une petite Ninotchka Peretjatko au générique.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste