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MessagePosté: 18 Fév 2024, 23:47 
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Putain, sérieux mec
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Inscription: 24 Juin 2009, 12:09
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On rentre petit à petit dans le dur.

Le monde entier vient de se prendre la crise de 29 de plein fouet, et Ozu reprend le titre "J'ai été diplômé, mais..." pour le changer en échec de la scolarité.

Échec de la scolarité, certes, mais d'après le réalisateur, une victoire sur la société.

J'ai trouvé dans ce premier long métrage d'Ozu auquel j'ai accès une densité thématique qui n'est pas encore tout à fait maîtrisée mais qui réussit à avoir une certaine profondeur par moments.

Tout d'abord, le sujet est grave mais traité avec une subtilité qu'affinera le réalisateur dans le reste de sa carrière. Ozu commence à mettre la condition humaine au centre de ses films.

Ainsi, cet étudiant qui échoue son examen de passage et décide qu'il ne mérite aucun bonheur voit sa déprime en permanence interrompue par des personnes qui veulent son bien là où ses amis avec qui il vit en coloc ont réussi culpabilisent en permanence d'être passés et pas leur pote et se retrouvent face au chômage rampant et la crise. Ca peut sonner comme des thématiques certes ordinaires si Ozu ne décidait pas, contrairement à toute logique du cinéma de l'époque, de placer sa caméra au ras du sol, au niveau du tatami pour nous rendre témoin du destin de ces personnages en nous mettant à leur niveau, là où la proximité existe mais l'identification moins.

En faisant un film sur la nostalgie d'une université où Ozu lui même n'a pas étudié et à charge contre ce monde où les jeunes sont diplômés et envoyés au pilori de la vraie vie, Ozu utilise la douceur et le naturalisme de son regard (il était souvent au 50mm qui se rapproche le plus de la vision humaine) pour raconter une désillusion, un passé qu'on ne pourra pas retrouver, un futur qui s'annonce obscur.

Je pense qu'une des clés de son cinéma se trouve dans ce film sous une forme simplifiée: La civilisation/la famille/le voisinage devrait nous protéger de la société et la rupture entre ces deux mondes mène à la tristesse, aux regrets.

Dommage cependant malgré tout ça et un style esthétique qui s'affirme de plus en plus (tatami shot, surcadrages, travellings rasants qu'il abandonnera quelques années plus tard pour faire que du plan fixe), "J'ai été recalé, mais..." souffre de ruptures de tons qui témoignent d'influences pas encore digérées du cinéma américain qu'il essaie parfois de singer. De plus, le rythme du film met un peu trop de suspense sur le passage ou pas des étudiants alors que les enjeux se jouent ailleurs. Du coup, une fois arrivé vers la fin, je me dis que j'aurais aimé que cette dernière soit le milieu du film.

Imparfait, parfois balourd, mais tout est déjà là (même ses comédiens fétiches Chishū Ryū, Kinuyo Tanaka, Tatsuo Saitō)

(je lis ici et là que Lubitsch est une grosse influence sur Ozu, va falloir que je rattrape sa filmo à là uiç aussi)

[EDIT] J'y repense, mais y a un gamin qui tient à devenir comme le gars qui a été recalé car on lui a dit que ce mot voulait dire quelque chose de bien. Intéressant la manière dont l'enfant se projette sur l'outcast et pas ceux qui ont passé l'exam pour de vrai.

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MessagePosté: 02 Avr 2024, 09:45 
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Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
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Localisation: Paris
Le film est intéressant sur plusieurs niveaux, avant même d'être un précurseur aux thèmes abordés dans le superbe Fils unique (très beau texte de Tetsuo sur je ne sais plus quel site). La première partie, drôle et vivante, voit Ozu enchaîner les gags pré-Sous-doués, avec une vivacité assez rare dans son cinéma (du moins dans les films - ceux que j'ai vus - qui vont suivre). J'ai souvent l'impression, devant les films asiatiques diffusés à grande échelle chez nous, d'y voir une sorte de carricature de l'asiatique moyen tel qu'on se l'imagine ici, toujours digne, toujours pudique, toujours économe de ses mouvements. Forcément, les partis-pris de cinéastes que j'adore (Kitano, HHH...) n'aident pas. Ici, les personnages jouent, chante, rient, dansent dans la rue, marchent les mains dans les poches et la tête baissée, moulinent des mains en parlant... putain, ce que ça vit ! La seconde partie est teintée d'amertume, et bascule vers ce qui suivra - Puck en parle bien, je ne vais pas paraphraser. Mais le film est vraiment intéressant dans ce qu'il dit de l'oeuvre d'Ozu, dans la façon qu'il a de construire son dispositif et ses thèmes à venir.

4/6

NB : pas toujours facile de calé ses films les plus récents, qui montent parfois à 2h25. Ces premiers films, qui tournent autour de 1h05 - 1h25 sont assez pratiques :)

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Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
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