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Adénovirus pour l’AstraZeneca, ARNm pour Pfizer et Moderna : s’ils s’appuient sur des technologies différentes, ces vaccins poursuivent néanmoins un même but : la production de cette fameuse protéine Spike, qui combat le SARS-CoV-2.
Selon l’infectiologue, il y aurait même un intérêt à injecter deux vaccins distincts. « Ce sont des techniques qui ont été très largement utilisées avec d’autres stratégies vaccinales, notamment contre le VIH ou même contre Ebola, confit-il. On sait que ça marche très bien. Et cela donne des réponses immunitaires qui sont plus importantes que lorsqu’on utilise deux fois le même vaccin. »
« Certes marginaux en nombre, les cas de thromboses liées au vaccin AstraZeneca inquiètent de plus en plus. Si l’on a reçu une première dose de ce vaccin, est-il possible et efficace de recevoir une deuxième injection d’un vaccin différent ? » La question nous est posée par Erwan. Et si elle se posait déjà il y a quelques semaines pour parer à un manque de doses dans notre pays, elle rebondit un peu plus encore aujourd’hui à la lumière de la défiance qui entoure la formule AstraZeneca.
La Haute autorité de santé (HAS) a annoncé ce vendredi 9 avril qu’elle recommande les vaccins à ARN messager (ARNm) contre le COVID-19 en deuxième dose pour les personnes âgées de moins de 55 ans ayant reçu une primo-injection d’AstraZeneca, et qui ne sont désormais plus éligibles à ce vaccin réservé aujourd’hui aux populations les plus âgées.
« C’est un schéma qui apporte un certain nombre d’avantages en termes de réponse immunitaire, de durée de réponse immunitaire », a expliqué Elisabeth Bouvet, la présidente de la commission technique des vaccinations de la HAS, lors d’une conférence de presse.
Suivez notre direct consacré à l’épidémie de coronavirus, ce vendredi 9 avril
Au Québec, la même technologie recommandée
Cette question d’une combinaison vaccinale ne s’est pas posée qu’en France. Le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) s’est aussi penché sur le sujet. « Quel que soit le vaccin administré pour la seconde dose, les deux doses reçues seront alors considérées valides et il ne sera pas nécessaire d’administrer une troisième dose », écrit-il dans un avis rendu le 26 février dernier, tout en rappelant qu’« en l’absence de données disponibles sur l’interchangeabilité des vaccins, il est recommandé d’utiliser le même vaccin pour la seconde dose ».
Si tel n’est pas le cas, le CIQ recommande par ailleurs d’effectuer, dans la mesure du possible, la deuxième dose avec un type de vaccin similaire. Concrètement, de privilégier un vaccin à ARNm si le premier était de cette même technologie. Une position différente donc de la Haute autorité de Santé dans notre pays.
En Allemagne, la commission permanente de vaccination (Stiko) a de son côté reconnu, dans un avis rendu le 1er avril dernier, qu’« il n’y a toujours pas de preuves scientifiques sur la sécurité et l’efficacité d’une série mixte de vaccinations ».
Des précédents pour le VIH et Ebola
Le sujet est « sensible » reconnaissaient en début de semaine plusieurs de nos interlocuteurs interrogés sur ce sujet. Mais, la HAS a donc tranché. Ceux qui ont reçu une première dose d’AstraZeneca mais ne sont plus éligibles recevront soit une deuxième injection de Pfizer ou de Moderna. « La décision a finalement été relativement simple », assure Jean-Daniel Lelièvre. « On sait qu’une seule dose de vaccin n’est pas suffisante pour assurer une immunité au long cours contre la Covid-19. Il fallait donc prendre une décision sur le vaccin administré pour la deuxième dose. Il a donc été décidé d’utiliser un vaccin ARN », confie Jean-Daniel Lelièvre, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Henri Mondor à Créteil et expert à la Haute autorité de santé (HAS) à nos confrères de France Info.
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Adénovirus pour l’AstraZeneca, ARNm pour Pfizer et Moderna : s’ils s’appuient sur des technologies différentes, ces vaccins poursuivent néanmoins un même but : la production de cette fameuse protéine Spike, qui combat le SARS-CoV-2.
Selon l’infectiologue, il y aurait même un intérêt à injecter deux vaccins distincts. « Ce sont des techniques qui ont été très largement utilisées avec d’autres stratégies vaccinales, notamment contre le VIH ou même contre Ebola, confit-il. On sait que ça marche très bien. Et cela donne des réponses immunitaires qui sont plus importantes que lorsqu’on utilise deux fois le même vaccin. »
Une étude est en cours actuellement en Grande-Bretagne pour mesurer l’efficacité ou les limites d’une vaccination mixte. L’étude est conduite sur 800 volontaires recevant tour une injection de Pfizer/BioNTech et autre d’AstraZeneca/Oxford. L’étude est menée sur des personnes âgées de 50 ans ou plus, qui n’ont pas encore reçu le vaccin Covid, à Londres, Birmingham, Liverpool, Nottingham, Bristol, Oxford et Southampton. L’étude complète se poursuivra pendant 13 mois, mais les scientifiques espèrent pouvoir annoncer quelques premiers résultats d’ici juin.
Certaines recevront le vaccin Oxford suivi du vaccin Pfizer ou vice versa, à quatre ou douze semaines d’intervalle. D’autres vaccins peuvent être ajoutés au fur et à mesure qu’ils sont approuvés par les autorités réglementaires. Mais les résultats ne sont pas attendus avant l’été.
Précisons toutefois que le professeur Matthew Snape, de l’université d’Oxford et qui conduit cette étude, a récemment indiqué sur la BBC que les études sur les animaux ont montré « une meilleure réponse des anticorps avec un calendrier mixte plutôt qu’avec le calendrier normal » des doses de vaccin. « Il sera vraiment intéressant de voir si les différentes méthodes d’administration pourraient réellement conduire à une réponse immunitaire accrue [chez l’homme] », a-t-il souligné, « ou au moins à une réponse aussi bonne que celle obtenue avec le calendrier normal des mêmes doses ».
« Il est même possible qu’en combinant des vaccins, la réponse immunitaire puisse être améliorée, donnant des niveaux d’anticorps encore plus élevés qui durent plus longtemps ; à moins que cela ne soit évalué dans un essai clinique, nous ne le saurons tout simplement pas » avait, au lancement de l’étude, pour sa part espérait le professeur Jonathan Van-Tam, médecin chef adjoint pour l’Angleterre.