Forum de FilmDeCulte

Wow! Je viens de voir dans les news de Filmdeculte que le film Curling de Denis Côté sort bientôt en France.

C'est un petit cadeau du Québec, et je ne peux faire autrement que vous le conseiller vivement. Entre autres...

-Parce qu'il se passe des choses franchement intéressante dans le cinéma québécois, et que ce film fait partie d'une vague dont nous sommes les seuls à profiter (mis à part les films de Dolan, et Incendies que nous avons laissés s'échapper heureusement).

-Parce qu'il s'agit d'une des trop rares fois où un film québécois vraiment intéressant réussit à s'exporter en Europe, alors que d'habitude les cinémas parisiens se retrouvent avec nos comédies douteuses ou nos films cérébraux à la Arcand.

-Parce que Denis Côté fait partie (avec Xavier Dolan, Denis Villeneuve, Stéphane Lafleur, Ricardo Trogi, Podz, et Jacob Tierney) d'une sorte de nouvelle vague de cinéastes qui sont en train de changer le visage du cinéma québécois. Et le lifting est sacrément spectaculaire!

-Parce que Curling est le premier pas de Denis Côté vers la maturité, et que c'est un moment excitant et important (ces films précédents étant des expérimentions un peu froides, de fascinants prototypes annonçant ce film-somme qu'est Curling, oeuvre qui nous laisse entrevoir et rêver une future filmographie des plus excitantes.)


Tiens, je vous re-poste le texte que j'avais mis dans mon Top 10 des meilleurs films en 2010.

CURLING de Denis Côté


Dans une banlieue de Montréal, un père de famille monoparental s'occupe de l'éducation de sa fille et lui refuse tout contact extérieur.

Les films de Denis Côté m’ont toujours laissé de marbre par le passé. Trop conscient d’expérimenter, Côté nous servaient des œuvres un peu froides, manquant un peu de cœur. Des films qui "surfaient" beaucoup sur la mode du flottement narratif actuel. Quelque chose du genre: « je filme n’importe quoi n’importe comment, sans structure, mais c’est cool non? ». Ce qui m’a toujours donné l’impression qu’il se regardait "réaliser".

Mais Curling m’a étonné par la chaleur humaine qui y prédomine, et par la rigueur de son langage. C'est un film maîtrisé de bout en bout, avec des cadrages hyper travaillés et un sens de l’épure scénaristique et visuelle qui donne au film une belle simplicité. Côté semble avoir eu une vision très claire de ce qu’il voulait faire comme film, et ça se sent (il a eu le film en tête depuis des années, alors que ces films précédents avaient été improvisés rapidement). Les personnages semblent avoir bénéficié de ce traitement plus soigné. Ils arrivent à émouvoir (une première dans le cinéma de Côté). Je ne m’attendais pas du tout à ça, étant donné que Curling traite de la vie campagnarde d’un père monoparental qui isole sa fille du monde extérieur. Ça aurait pu tomber dans le flottement assez vite. Mais les personnages (joué d’une façon admirable par Emmanuel Bilodeau et son authentique fille Philomène Bilodeau) sont écrits d’une manière humaine, sans la moindre condescendance de créateur hermétique (il faut dire que cette fois, Côté semble avoir choisi un alter ego digne de sa supposée misanthropie). On y sent même une certaine chaleur humaine lorsque les deux personnages se mélangent au monde extérieur, quelque chose dans la façon de filmer les gens qui n’est pas sans rappeler celle de Gilles Carle, le roi du film rural (le personnage de la jeune ingénue joué par la splendide Sophie Desmarais fait beaucoup penser à cet archétype de « femme dévoué » propre au cinéma de Carle, notamment dans La Vraie Nature de Bernadette).

À noter que les paysages hivernaux québécois n’ont jamais été aussi bien filmés. Quasi onirique par moment, le visuel fait quasiment basculer le film dans le cinéma fantastique, et même le cinéma d’horreur. Du très grand art.

J'attends impatiemment la suite

4.5/6

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"marre du retour infini de ce topic"

Et bien t'as mal lu.

Lol

En effet. Je viens me rendre compte qu'il est présenté uniquement au Festival Paris Cinéma. J'ai vu la bande-annonce dans les news et je croyais à une sortie en bonne et due forme. Je me suis emballé un peu vite.

Mais, c'est déjà ça. Faut aller voir en tout cas.

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J'avais vu Carcasses et c'était nul.

Ouais, j'avais trouvé nul aussi. Je trouvais que c'était un cinéaste paresseux qui profitait de son titre "d'auteur" pour tourner n'importe quoi. C'est pourquoi Curling m'a énormément surpris. Son film le moins hermétique.

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Mouaif, j'ai l'impression de l'avoir vu mille fois, ce film, film mutique de festival, mise en scène néo-académique, film dont je ne vois pas l'intérêt du tout (et moins encore le supposé génie).

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Je comprends pour le côté "film mutique". J'avais peur que le film tombe dans ces travers. Mais pour moi, il a réussi à en décoller.

Le premier plan fait peur (dans son côté Sofia Coppola), mais ensuite ça décolle assez rapidement il me semble. À cause de l'humour, à cause des dialogues, à cause de l'énergie très vivante des acteurs, à cause de cette chaleur humaine susnommée plus haut qui évite de laisser tomber le film dans la froideur.

Et je trouve qu'il prend a contre-courant cette mise en scène néo-académique (de film d'auteur?) dont tu parles. Car le film se révèle assez populiste au final.

Bref

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"populiste"?

vache, toi tu sais défendre un film.

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Bah, ce n'est pas un film hermétique au commun des mortels.

Ce n'est ni un film qui prend de haut ses personnages, ni l'environnement rural dans lequel ils évoluent. (contrairement par exemple à Sofia Coppola qui méprise tous les milieux dont elle a traité jusqu'à maintenant avec un "soi-disant" raffinement plein de condescendance).

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"populiste" c'est pas péjoratif au Québec? c'est que chez nous?

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J'aurais peut-être dû utiliser "populaire" qui est moins confus que "populiste" en France. Car ce mot ne revêt pas nécessairement tout l'aspect démagogique au Québec. Quand on utilise ce mot au niveau d'une création, c'est pour dire qu'une chose est en faveur du petit peuple. Comme l'oeuvre de Michel Tremblay.

Mais bon, il est vrai que dans Curling, le petit peuple n'est pas opposé à aucune élite. C'est simplement un film qui s'intéresse au petit peuple, donc populaire. Mais le film fait penser au côté populiste des films de Gilles Carle et des oeuvres de Michel Tremblay.

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Voilà pourquoi tout le monde s'engueule avec David Swinton : les mots n'ont pas les mêmes connotations pour lui que pour nous !

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N'écoutez pas Film Freak

Ouais, en ce qui concerne le terme "populiste", il faut comprendre que les québécois francophones étaient majoritairement constitués de prolétaires, et que les élites, les grands "boss" de compagnie étaient des canadiens anglais. Bien souvent, nous étions exploités. Alors quand le peuple francophone se soulevait, il y avait quelque chose d’héroïque.

Aujourd'hui, ça a beaucoup changé (disons qu'on a pris notre place). Mais le "terme" populiste a presque toujours une connotation positive, bien qu'aujourd'hui il en existe une droite et une gauche et que sur le plan politique, les politiciens populistes sont souvent de gros démagos.

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Voilà.
Y en a un qui a vu le film, et l'autre qui a pas vu le film.
Et je suis d'accord avec le deuxième.

Qui a vu le film selon toi?

Et qui n'a pas vu le film selon toi?

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