Forum de FilmDeCulte

Non. C'est du bicolore qui grise tout.

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Zob.

Freak.

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lol

Peut-être est-ce d'avoir attendu le pire, mais je suis plutôt agréablement surpris. Certes, le film d'animation plein-de-bonne-volonté-mais-désincarné, qui croit que sa personnalité tient dans le redépliement incessant de la même petite foire burtonesque alignant chacune des trouvailles de ses animateurs, n'est jamais très loin. On y replonge d'ailleurs de temps en temps : quelques scènes de spectacle pur (où Coraline s’assoit, regarde), où se donne soudain en scène tout le travail des directeurs artistiques, nous remettent en mémoire les limites de l'exercice. Idem pour la galerie des voisins zarbis, où là encore le graphiste/animateur/designer prend le pas sur le réal, et l'antiquaire sur la narrateur.

Jack y compris (et Dieu sait que j'adore ce film), j'ai toujours davantage considéré Selick comme un bon illustrateur, que comme un réal à proprement parler. La complaisance pour le bizarre, "l'original", le décalé-mais-pas-trop-quand-même, tout ça ne joue pas non plus vraiment en faveur du bonhomme, qui ne semble pas se rendre compte que son cinéma est ô combien plus captivant dans les scènes non-oniriques (celles où la gaucherie de l'animation, justement, altère quelque chose). Il y a bien un truc ici qui l'élève au-dessus des autres pseudo-réals d'animation : une manière de désarticuler tout son film à l'image de ses marionettes, jusqu'à faire jouer les personnages de manière improbablement tordue... Il y a une certaine osmose dans tout ça, c'est pas juste un alignement de trouvailles hétéroclites, et c'est déjà bien. Mais avant même d'aller plus loin, il est clair qu'ici c'est le roman de Gaiman qui fait 90% du boulot.

Là où je suis un peu surpris, donc, c'est que le film sécrète son propre anti-poison. Déjà par la figure des marionettes, dès un générique d'ouverture étonnamment captivant, puis par ces poupées sans regard, celles-là même que l'autre mère redessine, anime, et corrige à l'envie : dans la tension entre la marionette et le personnage, tout cela vient doucement interroger le charme si étrange du stop-motion. Quand la silhouette du faux-voisin s’écroule, vidée des rats qui l'animaient, ce n'est pas que le petit effet macabre qui frappe, mais l'impression plus glauque que l'animateur lâche la carcasse qu'il secouait pour mimer la vie...

Dans le même ordre d'idée, on a ce déchaînement forain et fier (orgie de couleurs, de bizarrerie gentille qui se félicité d'être si décalée, façon Halloween : tout ce spectacle satisfait qu'on pouvait trouver dans le monde mortuaire des Noces funèbres, par exemple), déchaînement qui petit à petit donne à voir son envers désanchanté, son vide et sa mécanicité, et son caractère terriblement mortifère. Je trouve la décrépitude du monde fantastique particulièrement touchante, parce qu'il s'y joue enfin quelque chose qui concerne Selick et ses obsessions : c'est à dire cette fascination, mi-émerveillée mi-troublée, pour la semi-vie si particulière des pantins.

Je ne veux pas faire le tableau d'un film qui jouerait contre lui-même : je ne sais pas à quel point c'est conscient. Mais disons simplement qu'un réalisateur soigné et doué, bien que pas si talentueux, a ici rencontré le bon projet pour lui. Tant pis si le scénar suit difficilement (de cette avancée du scénario en mode jeu vidéo, jusqu'à ce plan final qui n'a désespérément rien à dire). Mais c'est moins mécanique et vain que le film d'animateurs lambda, et c'est plutôt agréable à suivre.


Sinon en relisant le topic je découvre tout le foin concernant la 3D... Vu en 2D, et j'ai pas vraiment ressenti de manque.