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MessagePosté: 13 Juil 2009, 06:24 
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Le fait que ce film, inspiré du roman de George du Mourier paru en 1891, ait été réalisé par Henry Hathaway à de quoi surprendre. Celui-ci était en effet bien plus attiré par des films jugés violents ou sombres (on pense instantanément à The Lives of a Bengal Lancer et Call Northside 777) dépourvus de tout lyrisme. Il est intéressant de savoir que c’est Gary Cooper qui l’imposa à la production après que les essais de Richard Wallace se furent avérés bien décevants. Peter Ibbetson est aussi (sauf erreur de ma part) la troisième collaboration entre Hathaway et Gary Cooper.

La structure du film est divisée en quatre chapitres. Le début du film se déroule en France alors que le jeune Peter, surnommé “Gogo” (interprété par Dickie Moore, cet acteur qui a joué dans Out of the Past et Heaven Can Wait et dont j’ai déjà parlé), perd sa mère et se voit confié à son oncle, un grand bourgeois anglais. Il quitte donc la France et son amour de jeunesse, la petite Memsey. On retrouve Ibbetson des années plus tard, cette fois-ci sous les traits de Gary Cooper, alors qu’il est un jeune et prometteur architecte. Sujet à une petite baisse de moral, il est convaincu par son patron de prendre quelques vacances et de retourner voir la maison de son enfance, dans la banlieue lointaine de Paris. Ce retour aux sources est l’occasion pour lui de se remémorer ses adieux déchirants avec la fillette qu’il n’a jamais oublié. De retour à Londres, son employeur lui propose un emploi auprès du Duc de Towers dans le Yorkshire: une réhabilitation d’écuries. Petit à petit, alors que leur complicité se fait jour, il s’éprend de la Duchesse avant que chacun des deux ne comprennent, par l’intermédiaire d’un rêve qu’ils ont eu en commun, que le destin a permis aux jeunes enfants qu’ils étaient de se retrouver. Jaloux, le Duc décide de tuer Peter mais perd la vie accidentellement alors que celui-ci cherche à se défendre. Ibbetson est condamné à la prison à vie. Les deux amants n’ont plus alors que leurs rêves pour se retrouver.

Le film fut un véritable four aux Etats-Unis mais le succès public et critique fut très important en France. Le mouvement surréaliste, tout juste remis de l’Âge d’or de Buñel, s’en empara aussitôt y voyant la manifestation la plus brillante de sa vision du monde (Breton ira jusqu’à qualifier Peter Ibbetson comme étant le “triomphe de la pensée surréaliste”). Très sobre voire même rigide dans sa première partie, la caméra d’Hathaway prend une dimension nouvelle au moment du procès. Ainsi, les rêves des deux protagonistes permettent au film de revêtir une dimension lyrique particulièrement brillante tant en termes d’émotions que de technique. Je vous invite à lire la très brillante et complète analyse de Natalys Raut-Sieuzac (voir ici).

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MessagePosté: 31 Déc 2012, 00:16 
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Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
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Zarb ce topo historiquo-scénaristique... Qui était ce foruméen ?

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En bref : un gamin amoureux de sa voisine est séparé d'elle, ce qui le hante pour le restant de sa vie.


Alors pour moi qui découvre Hathaway (enfin je crois ? à force on s'y retrouve plus...), il y a une chose qui frappe tout de suite, c'est l'élégance du film. Avec tout ce qui la façonne : à la fois une certaine "aristocratie" de la narration (épure de personnage secondaires qui donne l'impression que le monde se résume aux amants, et dimension littéraire : histoire chapitrée, explicitation des sentiments par un dialogue abondant) ; et, du même geste, une sorte de froideur vernie (peu de musique et beaucoup de silence, amour fou donné tel quel qui nous tient quelque peu à distance). Au final, cette histoire d'amour, ce sera beaucoup de situations et bien peu d'actions, et un film plus occupé à habiter des espaces que ses personnages. D'où l'impression d'un monde statique, vertical (non sans évoquer Griffith), où tout se tient aussi droit que la silhouette sèche de Gary Cooper - personnages, décors, sentiments courtois. De l'épure, une noble verticalité, du vide : c'est un peu à l'image de la teneur émotionnelle du film.

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Parce qu'en se réfugiant dans un romantisme très iconique (l'amour fou teinté de fantastique), ce film au sérieux de pape s'expose souvent au mieux à une impression de maladresse (l'enchaînement quelque peu arthritique des scènes, leur statisme, le jeu mécanique des gamins), sinon au ridicule. La dernière partie, et la ballade pastorale idéalisée, ou encore les tirades théâtrales s'insérant n'importe où (le monologue quand on lui présente la bague...) sont révélatrices de l'échec d'un drame à la sophistication un peu vaine, souvent au risque du kitsch d'ailleurs, plutôt occupé à parfaire les atours de sa romance qu'à réellement incarner la passion dont il nous parle.

Tout ça est donc à la fois très classe et très mal mené. Mais ça vaut quand même franchement le coup d’œil.


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