Forum de FilmDeCulte

Après sa mort, il pensait que le cycle de la réincarnation lui serait refusé mais voici qu’un ange lui apprend qu’il vient de gagner à la grande loterie céleste. Son lot ? La possibilité de retrouver sa mémoire et de se rappeler son pêché. Pour se faire, rien de plus simple : il lui suffit de posséder l’âme d’un vivant. Le voilà donc renvoyé sur Terre dans le corps de Makoto Kobayashi, 14 ans qui vient d’être déclaré mort suite à son suicide avant cette réanimation miraculeuse. Cette nouvelle vie commence bien…

Prix du public à Annecy, ce drame psychologique fort n'aurait pas à rougir de cotoyer certaines oeuvres de Kurosawa et Kore-Eda. Le pitch particulièrement surprenant bifurque vite de son postulat fantastique pour s'attacher à raconter la reconstruction d'un foyer familial, d'un adolescent trop sensible blessé par les brimades quotidiennes jusqu'à ce qu'il réussisse à se faire accepter. Colorful conserve l'émotivité rentrée du Japon jusqu'à exploser par quelques fulgurants coups de sang rappelant brusquement la réalité, d'une camarade prête à se prostituer pour des fringues à la mode, aux humiliations dans les salles de classe jusqu'à une scène d'agression dans une rue. N'allez pas croire pour autant que Hara sa complaise dans la violence et le glauque, loin de là, il expose simplement une sensibilité à fleur de peau, dans toute sa complexité et sans mièvrerie.
5/6

Nan mais tais-toi on parle robots là.

Lol.

Et lol pour la date en gros sur l'affiche.

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Bon je crois que de toute façon je suis vendu à l'animation japonaise, d'emblée, et encore plus quand elle est centrée sur la sensibilité des enfants ou des adolescents. Émotionnellement, même quand y a pas d'idées, je me gave.

En l’occurrence il y en ici, des idées, mais j'ai quand même du mal à pas trouver tout cela un peu léger. C'est d'autant plus frappant, finalement, par le fait d'avoir découvert les anime via des cinéastes aussi cinématographiquement ambitieux et solides, impénétrables, que Miyazaki, Takahata, Oshii, Kon... Comme pour les films d'Hosoda (que j'aime bien, pourtant), cette nouvelle génération me paraît quand même beaucoup plus brinquebalante, faisant tenir le film sur une multitude de petits procédés dramaturgiques ou d'effets (la vue subjective de départ en est l'exemple le plus évident...), d'académismes acceptés sans gêne aucune (l'éternelle musique transparente au piano et ses moments de confidences apaisées en pack, le personnage secondaire kawaï), d'explicitations scénaristiques régulières et bien lourdes (toutes les affaires liées au paradis et à l'épreuve exposées sans mystère comme un jeu koh-lanta, la morale "palette de couleur" qu'on doit déplier en large et en travers...). Impression, en somme, d'un ensemble qui avance moins par la puissance d'un mouvement profond et général que par un rafistolage de surface fait de bric et de broc, fonctionnant in extremis comme tiendrait un château de cartes. Les situations belles, ce qui concerne ici la famille et les amitiés, sont de plus dérangées par des bizarreries scénaristiques (pourquoi être tellement affreux avec la mère ? On a du mal à sentir le malaise de la famille japonaise quand la cause de son malaise est aussi arbitraire), ou des partages en vrilles inexpliqués (le tram ??).

Bref, c'est bancal et un peu superficiel, quand bien même le film sait trouver ses points d'ancrages motivants (la relation de grand frère qui se noue avec "l'ange", d'ailleurs trop effleurée), une singularité bien à lui (les excès de méchancetés et de violence ; j'hallucinais pendant le semi-viol), et puis globalement, y a pas à chier, ça marche. C'est vraiment joli, le milieu lycéen japonais est toujours aussi riche et émouvant, on reste dans un ciné qui sait aborder ses ados comme des personnages entiers et non comme des prototypes regardés de haut, et la clé du mystère est franchement belle (quand bien même elle fleure la morale chrétienne nauséabonde) - le pitch en lui-même, plus généralement, amène des situations passionnantes. Et le personnage principal fragile qui se développe dans la dernière partie du film, enfin noble et quelque peu touchant, est assez charismatique. Donc ne pas hésiter à aller y mettre un pied, mais à l'instar d'Hosoda, je trouve curieux qu'une partie de la presse l'ait posé sur un tel piédestal.

Tiens, petit plaisir chez moi aussi.

D'abord surpris par la patte graphique très particulière - des arrières plans magnifiques et des objets, personnages et animations beaucoup moins détaillés, parfois presque brouillons, mais finalement ce choix assez particulier prend toute sa valeur dans les scènes de pure contemplation de la nature.

Ensuite, je crois que les drames japanim' sont les derniers films à encore m'émouvoir vraiment -sur le plan purement sentimental. Ca paraît tellement juste, tellement touchant... je me suis retrouvé au bord des larmes et je ne savais même pas pourquoi.

Après, et Tom le souligne très justement, ça n'échappe pas à quelques poncifs et raccourcis, notamment au niveau scénario.

Ca reste un très beau film qui vaut son 5/6.

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I am the constant. You were always a variable.

Oui, idem, et je me demande toujours pourquoi. C'est pas forcément exclusif, mais si je fonce sur les anime c'est pas un hasard non plus...

J'ai que quelques pistes. Peut-être la raison vient du dessin, qui détache assez du réalisme pour que tu puisse plonger dedans et t'identifier sans l'effet de miroir un peu brutal que ça peut avoir en prises de vues réelles. Ça permet aussi une légère idéalisation/romantisation du quotidien (mêmes les ruelles grises et pluvieuses du film sont un contexte plus accueillant que leur équivalent live).

Sans doute aussi parce que, via l'animation et l'excuse de naïveté qui peut y être accrochée, ça aborde les personnages de manière lyrique. C'est l'un des derniers type de cinéma, je crois, qui aime à exalter la pureté sans réserve. En fait, les seuls films qui sont à ce point dans ce trip, dans ce que j'ai vu ces dernières années, c'est les mélos muets. C'est toujours le même rapport : des figures purifiées, sensibles, dont on chante la blancheur en leur infligeant une violence (suffit de voir l'image que j'ai posté plus haut : un visage tout ouvert recouvert de blessures). Le sadisme envers la mère marche aussi dans ce trip là...

Y a peut-être aussi une dernière chose, c'est que j'ai l'impression que c'est l'un des seuls cinémas qui se permet de rendre ses garçons sensibles. Les figures masculines n'y sont quasiment jamais neutres, solides, froides. Ça double un peu le potentiel en exploitant tout les personnage sous ce rapport là.

Mais bon, c'est que des hypothèses, et je suis toujours très curieux de constater combien je peux être touché par ce cinéma alors qu'il a concrètement autant de défauts que tous les autres films... Ça me ramène toujours à une certaine innocence dans la vision, comme quand je regardais les films étant gamin.