
je commence à avoir vu pas mal de films mais j'adore les séances événementielles, marquantes, la bonne alchimie entre le film et des circonstances, tout ça.
du coup, ce monstre de 4h12 + 7 minutes d'entracte, au publicis, dans cette belle restauration, 1 an après avoir vu lawrence d'arabie et m'être dit qu'il fallait que je découvre tous ces epics là au cinéma, c'était juste magique et incroyable.
puis 4 jours après avatar 3, aussi. parce que pendant tout le film je me suis dit que c'était vraiment le avatar de 1963 ?
le film qui se situe dans la lignée de l'industrie du moment mais qui vient tuer le game, dans une débauche parfaitement insensée de moyens, poussant le curseur au max de tout ce qui peut se faire, où à chaque fois que ton oeil se pose quelque part tu as du mal à réaliser le temps et le travail et l'artistry qui est passé dedans. ce sont des accomplissements que seul l'argent peut permettre, seuls les américains peuvent avoir cet argent, et la capacité des êtres humains à faire des choses insensées me fascine et m'émerveille.
donc c'était à couper le souffle de bout en bout, chaque plan, chaque seconde. l'émotion viscérale de plonger son oeil dans l'écran, de recevoir ça en grand, la magie complète. ils ont construit ces décors. les figurants - le nombre, les costumes, le travail logistique insensé que ça représente. ces plans gigantesques, où tout est construit, organisé, pensé. ces milliers de costumes en général. le détail de chaque décors, tu peux poser ton oeil n'importe où tu verras un vase, un canapé, une chaise, une sculpture, un mur... c'était juste fou. et ça n'était pas que pour le flex, c'est pour reconstituer et rendre hommage à des civilisations extraordinaires, si loin de nous et qui nous nourrissent en nous portent encore, cette quête de conquête de grandeur de création qui est dans notre sang et qui faisait un parallèle forcément émouvant entre le travail des artistes et des gens qu'ils filment.
le dialogue entre l'époque et nous était aussi frappant dans le fond. le film au final n'est pas particulièrement sur cléopatre plus que sur l'empire romain, les conquêtes, les hommes, la politique, tout ça. c'était forcément frappant de voir la célébration du dictateur, des conquêtes, l'aspect évident que la grandeur d'une civilisation vient de son pouvoir sur les autres, etc. tout ça a évidemment été au coeur de la civilisation europeenne pendant - littérallement - des millénaires avant d'en disparaitre totalement et radicalement ces 50 dernières années. et les usa eux n'ont jamais vraiment abandonné ça - et c'était un élément frappant, je me disais que c'était quand même fou ce film mega mainstream qui enseignait aux américains de 1963 les détails (plus ou moins) historiques de la politiqieu egyptienne et romaine de 2000 ans auparavant ?!, mais le dialogue devait se faire sur ce point.
et là, c'était le dialogue avec avatar qui est intéressant, procès en bonne et due forme du colonialisme, de l'impéralisme, autant présent que passé.
l'évolution des normes culturelles et intellectuelles et comment elles se définissent, je trouve ça extraordinaire.
le rythme était extraordinaire aussi, je n'ai jamais vraiment ressenti la longueur, le fond de ce qui est raconté est gigantesque et ils ne se balladent que dans des lieux immenses : évidemment que c'est long. et ça fait vraiment une experience unique au monde.
il y a sûrement des choses plus critiques à dire sur le film - à commencer par liz taylor que j'ai trouvé franchement nullasse, des choses pas super bien écrites, etc etc, mais à ce stade c'est comme se plaindre de la structure d'avatar 3 ou d'aller sur la lune et de se plaindre de la couleur de la peinture des toilettes des poignées dans la fusée, quoi.
c'était fou.