Le Mensonge d'une mère pour le vieux titre FR moche.
Chains à l'international.
Naples. Rosa et Guglielmo, gérant d'un garage, sont un couple paisible et harmonieux. Un client arrive un jour avec une voiture volée. Son acolyte, Emilio, s'avère être l'ancien fiancé de Rosa...Je me suis rendu compte il y a peu que je n'avais absolument aucune idée de ce à quoi ressemblait le cinéma italien classique, avant ou même pendant le néoréalisme - exceptés les "téléphones blancs" dont on nous parle de manière très vague pour raconter ce contre quoi Rossellini and co se sont construits, et dont je n'ai d'ailleurs rien vu non plus. En cherchant un peu je suis retombé sur ça :
Il avait aussi eu une rétro cinémathèque il y a deux ans.... Raffaello Matarazzo est apparemment le réal des films que le public italien allait voir pendant que la critique internationale s'intéressait au néoréalisme : une série de mélodrames particulièrement extrêmes, ce film (
Catene) ayant été le gros hit du box-office 49. Un peu peur de l'auteurisation tardive artificielle, mais j'ai donc essayé.
Légers spoilers. Ça commence comme un mélo de facture correcte mais assez anodin, qui répète continuellement un même dispositif d'oppression : intrus peu aimable, femme trop passive, difficulté à adhérer à qui que ce soit. La solution, le film la trouve à son premier tiers en utilisant un regard douloureux et désarmé sur la situation : celui de l'enfant (regard emprunté au néoréalisme d'ailleurs, comme le décor pauvre et le contexte populaire qui évoquent le courant de manière très light). À partir de ce point, le film se fait bien plus singulier, transformant le gamin à la fois en martyr et en maton moral de sa mère, et lançant une série de situations de mélos percutantes.
Il reste que, malgré le potentiel de ces situations, le film les manie bien peu aimablement, enchaînant ses scènes et ses rebondissements avec un schématisme très sec, sans grande attention pour les personnages alternativement trompés (par les quiproquos) puis punis et en pleurs (par la honte ou l'empêchement) : l'impression d'un système oppressif perdure en bouche, doublé d'un moralisme omniprésent assez désagréable, d'autant qu'il envoie valser les ambiguïtés les plus riches (on aura vite oublié sans les résoudre le désir réprimé de la mère, et son enterrement volontaire dans la normalité d'une gentille famille). En voyant comment est expédiée la fin, par exemple, et le peu de soin apporté à un tel moment, j'ai du mal à me départir de l'impression d'un mélo un peu utilitaire.
Reste des situations et des images fortes, un peu éparpillées dans un film pour le reste trop occupé à la rentabilité mélodramatique. Il y a indéniablement là une personnalité, mais je ne suis pas sûr de vraiment y adhérer. Faudrait peut-être en voir un autre plus abouti, car ce n'est que le premier de la "série" (six mélos avec les mêmes acteurs, si j'ai bien pigé).
Concernant le DVD (Eclipse Criterion) : Ça me fait marrer les Eclipse qui sont censés être des copies pourraves de base, et qui enterrent tranquillement en qualité les deux tiers de l'édition DVD française... Personne ne s'est aventuré à traduire des sous-titres français, par contre, mais les sous-titres anglais sont très simples ici, ça pose pas de problème.