Forum de FilmDeCulte

Découvert tardive de ce classique et je suis loin d'être soufflé. Le film noir est un des genre qui m'ennuie le plus au monde, je n'ai jamais accroché et ça ne changera pas avec ce film dont j'ai beaucoup aimé le début et la fin mais dont toute la partie centrale de l'enquête m'a poliment ennuyée. Son gros point fort c'est évidemment son décor d'une Vienne d'après guerre à moitié en ruines, la photo est splendide et l'urbanité de la ville est parfaitement bien exploitée, sans parler de la partie là aussi assez sublime dans les égouts. Ce qui m'a amusé c'est que j'ai passé le film à attendre Orson Welles qui a toujours été LE visage associé à ce film alors qu'il n'apparaît qu'après genre 1h15 de film. D'ailleurs je trouve l'intrigue trop basique, je m'attendais à un retournement de situation concernant son personnage de trafiquant immoral mais même pas, c'est juste un salaud qui profite de la misère.
Au niveau de la mise en scène là encore je suis loin d'être fan de la seule idée de Carol Reed qu'il utilise jusqu'à l'overdose, les plans penchés. Des plans penchés dans tous les sens pour nous faire ressentif une espèce de déstabilisation, d'oppression ou de déreglement, c'est un peu facile et ça devient vite un pur gimmick plus fatigant qu'autre chose.

Alors je suis quand même content de l'avoir vu, je retiens quelques plans et scènes vraiment marquantes et une photo splendide (pas mal de "one perfect shot"). Je comprends que le film soit aussi réputé mais de mon côté je ne saute pas au plafond.

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CroqAnimement votre

Complètement d'accord, et perso la musique m'a assez vite irrité aussi, ce décalage créé avec l'atmosphère de film noir, ça fait cynisme à la petite semaine, ou fantaisie forcée.
Moi j'ai dû mal à comprendre pourquoi il est à ce point dans tous les top 100 institutionnels, ou plutôt je le comprends trop bien: période, genre, Orson Welles, expressionnisme d'école.

Mmm le script de Graham Greene est trop chargé de référence catholiques pour être un "pur" film noir. Ici il y a à la fois l'idée que Joseph Cotten -"Holly"- veut "pour soi" à la fois se valoriser moralement en endossant la culpabilité que son pote n'éprouve pas comme pour le sauver, tout en étant en réalité trois fois coupable "pour autrui" : pour ne pas avoir perçu par le passé que son pote était diabolique , pour le tuer à la demande des autres, et puis finalement avoir créé une situation où le pardon est impuissant à force de jouer au pur. Et il ne réalise sa duplicité que quand Alida Valli lui met un vent, au tout dernier plan. Il n'y a pas de twist, le personnage de Cotten, comme souvent chez Greene, est juste trop bête pour prendre de lui-même conscience de sa lâcheté et vit comme un récit d'initiation ce qui est évident dès le début (c'est Joseph Conrad moins la mer et l'exil, en pantoufles). Greene pas loin des romans de Paul Gadenne sur la même période en fait

Moi j'aime bien le film, même si dans le genre la moins connue Scandaleuse de Berlin de Wilder est au-dessus, plus politique, plus subtil et drôle, et moins chargé de pathos religieux.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre