
Ne connaissant du film que la BOF très cool de Morricone, ça faisait un moment que le DVD était resté sous le blister, pas forcément plus impatient que ça de voir un Belmondo/Verneuil, c'était Omar Sharif qui m'a rendu joueur et a motivé finalement l'achat compulsif. Le prix aussi.
Et je suis bien content.
Je découvre durant le, très classe, générique qu'en plus de la traditionnelle coprod franco-italienne, il y a de l'argent de la Columbia dedans et ça se voit.
Le tournage à Athènes, et principalement le Pirée d'ailleurs, change de la grisaille parisienne 70s (enfin éternelle en fait) plus souvent synonyme de laideur qu'autre chose (et par contraste, je reconsidèrerais presque Peur sur la Ville dont la laideur est certainement bien plus volontaire que je ne le pensais).
Plus une ambiance particulière d'un film en français (peut-être que de la post-synchro d'ailleurs ?) mais qui se passe donc en Grèce avec pour quasi-seul grec existant dans le film (à l'exception d'un simili Onassis) est le métèque et sa gueule de pâtre égyptien quand Belmondo s'appelle Azad (a priori clin d'oeil de Verneuil à ses origines) et Hossein, Ralph, et sont bien identifiés comme étrangers, mais pas forcément français.
Marrant.
Verneuil se fait donc bien plaisir avec ce décor indus énorme et y multiplie les cadres, en plus de ceux dans des décors à pimper à mort, totalement ancrés dans cette époque à l'esthétique tranchée mais suintant le fric, ça rend vraiment bien.
Idem pour les costumes où on n'hésite pas à faire des gros plans sur des chaussures dont le savoir-faire et la camelote ne doivent plus exister de nos jours à moins de 8000 balles la paire. Jusqu'à un certain ridicule. Sharif porte son Borsalino même en ronde de nuit et Bebel porte, en Grèce, a priori en saison touristique, sa veste en cuir au col en mouton sur son pull à col roulé tout le film (ah non, à la fin, il troque le pull pour une chemise mais garde la veste). Sans avoir l'air d'avoir chaud une seconde.
Mais ça passe parce qu'il y a un vrai capital sympathie qui se dégage du métrage qui est finalement un pur film d'action alors que je m'attendais à un thriller.
Alors ça fait un peu peur au début. Après donc le générique très stylisé sur le thème principal de Morricone, le film enchaîne avec exactement le même thème sur une scène qui aurait pu tout à fait faire office de générique. A croire que Morricone a oublié une compo ou qu'il y en une qui n'a pas été retenue. Et à l'image, ça n'a pas vraiment d'intérêt. Dommage mais ça se reprend vite.
Parce que, spoiler, ça commence par le casse.
Tendu, avec la technologie de l'époque mi-improbable, mi-fascinante (enfin si on peut se laisser hypnotiser par les vidéos de mecs qui avaient 19,5/20 en cours de techno et qui remettent en état des vieux mécanismes rouillés d'objets dont on a oublié l'utilité trouvés dans un champ -appris d'ailleurs que le concours de professeur de technologie n'existe plus à partir de cette année, la France entre dans une nouvelle ère).
Jusqu'au morceau de bravoure que constitue la course-poursuite en voiture qui arrive au tiers du film qui, malgré les années, mais peut-être aussi à cause des dernières années CGI, tient encore très bien la route. C'est la fameuse “Rémi Julienne et son équipe” qui s'occupe de ça et le mythe ne repose pas sur du vent. Il y a une vraie chorégraphie de tôles froissées qui t'écrase dans ton siège, toi qui est déjà content de réussir ton créneau du premier coup avec la direction assistée.
A partir de là, le film change de ton, ou plutôt l'assume, en laissant la place au fun, et donc au Bebel-show. Et c'est vraiment bien parce qu'il est dans la force de l'âge, assez vieux pour avoir un côté méchant crédible, assez jeune pour que son charme de petit malin opère encore.
Et ça donne une très chouette confrontation avec Sharif, un poil sous-exploité (il aurait mérité une autre scène comme celle face au couple cambriolé), mais impeccable comme sa moustache (qu'on devrait montrer à tous de nos jours, pour faire comprendre aux 3/4 des moustachus contemporains que leurs moustaches sont affreuses), avec un jeu de chat et souris où les roles s'inversent tour à tour.
Ya Robert Hossein aussi. Qui joue un abruti de première. Mais le film n'a pas l'air de vraiment l'assumer alors que c'est un vrai boulet. Dommage.
L'acteur italien de la coprod ne verra évidemment pas la fin.
Ya évidemment la touche de machisme comme il faut. Mais vraiment pas déshonorante en donnant de la substance à la relation étrange et d'une domination certaine de Belmondo mais que celui-ci refuse d'assumer parce que conscient de la chose, avec sa partenaire de casse. Mais aussi avec son sex-interest, parfaitement libérée. Même si elle se voit gratifier LE châtiment corporel qui devait être dans tout cahier des charges de production, totalement interdit de nos jours mais pour le prix d'un gag à mourir de rire.
C'est souvent drôle, les cascades de Bebel ne prennent pas trop de temps d'écran et sont vraiment bien. Il y en a d'ailleurs une, qui ne fait que deux plans d'ailleurs, totalement ouf. J'aimerais tellement savoir comment ils ont fait ça (film certes remasterisé mais DVD de merde: ST pour malentendants comme seul et unique bonus... hein ? le résumé au dos pourrissant bien une info clef aussi).
C'est la silhouette de l'affiche. Vraiment, la probabilité qu'il meurt ou finisse en chaise roulante paraît très, très, très élevée. Mais il n'oublie pas de remettre sa mèche à la fin.
Alors c'est un poil long mais à mettre sur le compte de sa générosité (chouette baston vers la fin sans autre intérêt qu'élever le taux de testostérone tout en étant conscient de soi avec le coup de la voiture de cirque) et ça m'a donné envie de voir des Verneuil que je ne connais pas, les autres oscillant autour du moyen- (Clan des Siciliens ou Peur sur la Ville) et moyen+ (et encore, souvent sur le compte de “pour l'époque”, ses Gabineries en général).