Du Watkins appliqué, financé par la BBC.
On se trouve donc avec du noir & blanc de faux-docu, une voix off prolixe en détails, des acteurs à tronche, un incroyable travail de reconstitution et de décoration.
Le souffle contestataire et cinglant de Watkins le militant y souffle aussi régulièrement.
alors qu'est-ce qui fait que je ne sois pas aussi bluffé que jusqu'à présent ? P-ê une usure de la méthode Watkins, c'est en tout cas ce que je me suis dit au préalable. Mais en y réfléchissant bien, ce n'est pas exactement le cas. Je pense que son dispositif est à même de me surprendre, de m'éblouir encore. Le pb est qu'il m'a déjà plus que comblé, et qu'il y a fort à faire pour faire au moins aussi bien que Punishment Park. De ce dernier, angoissante politique-fiction ancrée dans le contemporain, Culloden n'a pas la rage et l'impressionnante actualité.
En outre, et c'est là le gros point noir à mon sens, la "technique" de Culloden n'est pas tout à fait au point. Autant les gros plans sont tous troublants (ficiton ou réalité ?), autant les plans larges sonnent régulièrement faux. Sans doute trop ambitieux, Watkins n'arrive à nous faire vivre la bataille que lorsqu'il nous y perd. Au coeur de l'action, on oublie que les acteurs sont parfois mauvais et peu crédibles en plan large (en même temps, trouver une manière "naturelle" de manier le sabre et la baillonnette ne doit pas être d'une grande simplicité... Watkins aurait-il eu besoin de chorégraphes et de maîtres d'armes ?), et surtout à quel point le fait de voir que les coups ne sont pas vraiment portés (ça, c'est vraiment foireux et déplorable) et la quasi-absence d'hémoglobine, nous font trop régulièrement sortir du film...
Et ce n'est pourtant pas que le film en costumes soit trop lourd à porter pour Watkins : son magistral Edvard Munch (il faut voir ce film, sincèrement, c'est l'une des choses les plus époustouflantes qui aient jamais été tournées) passe très justement outre toutes ces limites. Cela tient sans doute d'abord à la couleur (pourquoi dater facticement les images alors qu'on se soucie justement peu que le cinéma ait existé ou non à l'époque des faits ?), ensuite à l'envie de dire plus que le simple factuel. Dans Culloden, Watkins qqpart tombe dans le piège du documentaire au sens strict : il recréé, redit ce qu'il s'est passé, alors qu'il n'est jamais aussi bon que lorsqu'il extrapole (le bordel d'une attaque nucléaire dans La Bombe, l'uchronie effrayante de Punishment Park, la création, l'art et ses mystères dans Edvard Munch)...
Mais ça reste très bon, hein, c'est juste en-dessous de mes attentes, davantage qu'un ratage... Watkins fait mieux. 4/6
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