Enfant d'immigrés, Régis vit avec sa mère catholique et ses deux frères dans une cité de Strasbourg. Doué pour la littérature et la philosophie, il est encouragé par ses professeurs à poursuivre des études supérieures. Sa passion pour les mots et pour le rap le conduit à monter un groupe, Planète Rap, avec des amis. Cependant il faut de l'argent pour le faire vivre et il commence à se livrer à de petits trafics. Le jour il étudie, la nuit il deale.Je connais très peu la musique d'Abd al Malik, écouté ses morceaux les plus célèbres au hasard à la radio, et même si le film raconte ses débuts ça se concentre surtout sur le dernier quart d'heure, le film préférant s'attarder sur la vie de banlieue d'Abd al Malik, sa délinquance et son trajet intérieur. Plutôt qu'un énième récit à la 8 mile (que j'aime bien), le rappeur joue donc sur 2 tableaux : le film de banlieue et le passage à l'âge adulte d'une jeune homme qui affirme sa personnalité qui va être un peu le ciment de sa vie artistique future.
Rien que ce point de départ dénote l'intelligence du cinéaste. Et étonnamment pour un film venant d'une star musicale, on pourrait avoir peur d'une réalisation anecdotique mais c'est tout le contraire. Soyons clair, Abd al Malik n'est pas Kubrick mais il y a plein de bonnes petites idées bien senties. On pourrait citer ce magnifique noir et blanc et ces ellipses bien senties mais ce que je retiens c'est surtout cette magnifique scène d'enterrement qui en 30 secondes arrive à nous communiquer de manière glaçante le triste sort qui fauche les banlieusards.
Après le film séduit par sa modestie qui le rend attachant. On est clairement un cran en dessous du récent
Les misérables, le film est plus en mode mineur, ce qui ne veut pas dire qu'il ne réussit pas ce qu'il entreprend. Tout d'abord on pouvait avoir peur que de jouer sur les deux tableaux film de banlieue/intropsection personnelle nuise au déséquilibre du film et bien ce n'est pas du tout le cas. Côté banlieue, le film séduit dès le début par son authenticité, c'est une plongée réaliste dans la banlieue du Neuhof à Strasbourg. Abd al Malik n'accuse pas et ne désigne pas les responsables il sait que le sujet est plus complexe que cela et pose un un simple constat de la vie en banlieue. Le portrait a beau avoir ses petites touches pessimistes, il n'oublie pas d'apporter une lueur d'espoir sur ce triste tableau.
Et puis côté introspection personnelle, il y a une sincérité qui joue en la faveur du film. On n'est pas du tout dans l'hagiographie et le rappeur n'hésite pas à parler de ses erreurs, ses côtés sombres et les conneries qu'il a pu faire lui et ses potes. Et le choix de l'acteur le représentant est parfait. A l'image du film, l'acteur avance discrètement et avec une certaine humilité. Ce dernier mot résumant parfaitement l'approche qu'a adopté Abd al Malik en adaptant son autobiographie au cinéma. Petit film attachant qui a en plus le bon goût d'en venir droit au but et de ne s'étaler que sur 95 minutes. Bref c'est très sympathique et disponible sur Netflix pour les curieux.
4/6