Forum de FilmDeCulte

tu peux le voir à la reprise de la 15zaine au cinéma dé cinéastes lundi aprèm

oui, c'est prévu, d'ailleurs là je m'apprête à partir pour le nolot, zou

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Mais n'empêche, j'adore "Pas de repos pour les braves", qui enterre 90% du ciné français actuel.

depuis Lumière? Des tas de trucs.

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Oui, mais j'ai envie de jouer à la Grande Faucheuse.

Pour Guiraudie, c'est faux. Ce vieux rêve qui bouge est sans doute son meilleur (et donc après Du soleil...), et Pas de repos pour les braves est vraiment bon (le début est génial, ça s'essoufle ensuite, trop long). Voici venu le temps est pas tip top, mais c'est tellement original qu'on ne peut pas dire que Guiraudie est un imposteur qui exploite une veine pré-établie (surtout qu'il n'exploite rien, vu que ses films sont des fours).
Ensuite, revois La Blessure, ça fait pas une seule seconde film fauché. La lumière est splendide, y a du Joy Division, des plans incroyables, c'est tourné sur plusieurs continents, etc.

bon alors en novembre, quand le film sortira, faudra que je trouve le moyen d'interviewer Bozon... ce type est assez passionnant, c'est un puits de culture impressionnant, il semble avoir des milliers de choses à dire et les dit à une vitesse ahurissante, comme s'il avait peur de crever ou qu'on s'en aille ou j'en sais rien avant qu'il ait fini sa phrase. Et pourtant, c'est pas du tout brouillon, il sait parfaitement ce qu'il veut dire (z'allez me dire : ça doit faire un milliard de fois qu'il le répète... c'est vrai!).

Quel plaisir d'entendre un réalisateur (français de surcroit!) causer d'autre chose que de ses intentions scénaristiques! Pas de jugement sur la guerre, ni de leçon d'histoire, ni d'évocation des personnages comme s'ils avaient existé... Non: enfin, dans un débat après séance, j'entends un réalisateur parler de la manière dont il a fait son film... Pfiouh, ça fait du bien...

Surtout qu'il y a énormément à dire, tant le film est bichonné esthétiquement. Visuellement c'est souvent splendide, et complètement à contre-courant de ce qui se fait en matière de film de guerre à la française. Bozon compose, cadre, pense ses plans à l'économie et surtout à la précision (un exemple: j'adore le plan dans le cimetière sous les arbres, avec l'apparition finale d'une silhouette de soldat à l'arrière-plan, qui n'est pas exploitée scénaristiquement, qui est juste là : est-ce un membre de la troupe à la traîne ou un spectre? on ne le saura pas, ce n'est pas surligné, mais c'est poignant).

Et puis Bozon s'approprie les lieux où il tourne. Chaque décor est investi, et pas traversé comme pour s'en foutre. Bozon hérite ça d'une tradition hollywoodienne (Walsh et Fuller sont souvent cités par Bozon en référence) et fait quelque chose d'assez étonnant: il filme ses décors naturels comme s'il s'agissait de décors de studio (ça se sent dans les choix de cadre et de lumière... lumière qui est prodigieuse, soit dit en passant, merci apparemment une pellicule jamais utilisée ainsi, réservée d'habitude aux transferts numérique vers argentique, et jamais directement pour filmer). Le rendu est assez étonnant, car on a une nature très terrienne, qui rappelle par moments celle de Honor de Cavalleria (pas de plans larges à l'épate fastoche avec les humains fourmis dans l'immensité luxuriante... et puis une tendance crépusculaire), filmée comme du carton-pâte, comme si dans le hors-champ on avait un studio, des techniciens, des planches, des poulies, des buissons en bois, que sais-je... Ca déréalise, tout en restant ancré dans le réel, c'est très intrigant...

Et ça a les défauts de ses qualités, en quelque sorte : Bozon affirme ne pas chercher le décalage, mais c'est difficile de le suivre sur ce terrain-là. Il sait très bien qu'il brasse des références, qu'il développe une esthétique peu commune pour un cinéma français souvent attiré par soit un naturalisme téléfilmique, soit un naturalisme de fresque pompière façon Jeunet. Là, on est quelque part dont, effectivement, on trouve des échos du côté de Guiraudie et c'est à peu près tout (pour le cinéma contemporain). Et de fait, le décalage, l'intention de prendre à contre-pied, prime un peu trop sur l'émotion globale.

C'est-à-dire que contrairement à Guiraudie, où le dispositif esthétique est, comment dire, intégré, digéré, évident, chez Bozon, le dispositif esthétique est un peu trop en démonstration, il montre ce qu'il sait faire, il montre qu'il a de l'audace. Bon, il peut se le permettre, hein, car il invente mille fois plus que la plupart des cinéastes français (un plan=une idée, déjà ça c'est un bonheur... et quand en plus le montage est aussi intelligent qu'ici, difficile de faire la fine bouche... François Quiquere, je suis pas ébloui par ta filmo jusqu'à présent, mais là, en l'occurrence, tu déchires). Mais c'est un peu regrettable, parce que ça provoque parfois une certaine froideur, une certaine distance, que je ne retrouve pas chez Guiraudie, qui est plus direct. Là, c'est parfois (un petit peu) chichiteux, y'a des choses qui fonctionnent moins bien que d'autres (le jeu des acteurs... on sent l'envie de trouver une voie non-naturaliste personnellle, un "parler Bozon"... et on la sent un peu trop, en fait, cette envie... cette envie d'inventer une étiquette, une patte, elle est un peu forcée et elle ne marche pas toujours).

Mais c'est rattrappé par des choses vraiment réjouissantes, les quatre chansons en étant le meilleur exemple (il faudrait parler du son... il faudra que je parle du son avec Bozon si j'arrive à l'interviewer, parce qu'il a commencé à en parler ce soir, et c'était très intéressant... ce qu'il disait sur le fait d'enregistrer les chansons en son direct, avec trente micros, etc... bon, encore une fois, tu sentais derrière ça le côté "première mondiale", expression prononcée à deux reprises, mais on peut aussi se dire que pour une fois qu'on entend un cinéaste français parler comme ça de la conception de son film, il a bien le droit d'y aller un peu fort... moi j'aurais adoré qu'il continue, qu'il en dise plus, mais il voulait aussi épargner le public d'entrer trop dans les détails...). Ou la fin, qui est très belle.

Voilà, sinon il faut éviter de trop lire la presse autour de ce film, car une information très importante a été trop fréquemment révélée et ce spoiler enlève un peu du plaisir du film en éventant cette surprise.

Enfin voilà, c'est ambitieux, p-ê un peu trop comment dire... fier? pas hautain ni présomptueux, hein, c'est bcp trop fort... disons... satisfait...

Mais, quelque part, ça a des raisons de l'être.
Même si l'humilité du cinéma de Guiraudie m'est, pour ma part, plus appréciable.

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Ca devait être passionnant, j'aurais bien aimé suivre ça...

tu peux retrouver une partie de ce qu'il a dit ici, les questions étant en partie les mêmes, les réponses furent très proches: http://www.cahiersducinema.com/article1132.html

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j'y repense et j'ajoute: il y a aussi un peu de Miguel Gomes, sur le côté adultes jouant sérieusement des jeux d'enfants

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je suis d'accord avec toi zad, c'est un film super, quoi que un peu moins bien que les premiers guiraudie mais mieux que les derniers guiraudie, qui, il faut le dire, n'arrive jamais à tenir la longeur. il fait de remarquables moyen métrage, mais ses longs sont systématiquement ratés en comparaison.
sur ce qu'a dit bozon j'avoue ne pas pouvoir tout saisir il parle trop vite et c'est truffé de références que je n'ai pas.
tu va l'interviewer pour quel journal, quel support? où lire l'interview que tu feras?

bof, pas du tout envie de systématiser, d'autant que je trouve ça faux.



tu étais là hier soir?



... FilmDeCulte!

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[quote]tu étais la hier soir?[/quote]

oui

torgal, il faut pas cocher "désactiver le bbcode" si tu veux que la fonction quote fonctionne.

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