Forum de FilmDeCulte

c'est justement parce que ce sont deux styles différents reflétant deux idéologies différentes au service d'un projet analogue que je trouve intéressant de comparer ces deux films.

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L'ennui est le mal suprême, le péché originel, l'avant-goût du néant déja sur les lèvres et dans les tripes.

Il n'y a pas de sujet Eisenstein alors je me permets de poser ma question sur le topic de ce film que j'aime beaucoup:

J'ai vu tous les Eisenstein à part La Ligne Générale qui est sur mon étagère, et je me suis aperçu de quelques chose. J'avais toujours pensé que le fait que tous ces films ne soient qu'une accumulation de plans fixes (de tableaux, devrais-je dire) était dû au retard profond de l'URSS dans le domaine cinématographique (comme en témoigne la surprenante partie en couleur de la partie II d'Ivan le Terrible), mais pourtant on peut détecter quelques mouvements de caméra, et pas forcément aux moments les plus importants. (okay, le célèbre travelling arrière qui suit l'avancée des mineurs dans la Grève, mais par exemple dans Alexandre Nevski, une rotation de caméra dans la bataille, j'ai pas trouvé ça essentiel à sa représentation) Ma question peut sembler un peu naïve, mais si quelqu'un a des explications (contraintes technologiques? volonté artisitique?), je suis preneur !

Parler de retard de l'URSS est assez bizarre, vu que ce n'est pas l'innovation qui leur a fait peur 10 ans plus tôt (La terre c'est 8 ans avant, et formellement c'est à la pointe mondiale). Après je connais tellement mal Eisenstein (que j'aime pas des masses) dans sa période parlant que je ne peux pas trop dire si c'est quelque chose de propre à son cinéma - même si, à partir du moment où c'est à la base un cinéma de montage rapide, qui se construit de plus beaucoup sur la géométrie poussée des compositions, ce n'est pas étonnant que les plans fixes soient privilégiés. Les quelques films "classiques" / réalistes que j'ai pu voir de Russie, qui arrivent dans les années 30, ne me semblaient pas particulièrement crispés sur le mouvement de caméra, malgré l'assagissement général : par contre, tout comme dans le cinéma classique US, ils y étaient fondu et non exhibés.

Pour le reste, je laisse les spécialistes d'Eisenstein répondre...

Je crois que ça n'a rien à voir. Le fait qu'il fasse des plans très courts rend tout mouvement d'appareil inutile. Les travellings existent depuis les années 10, je pense que le cinéma soviétique devait pouvoir en faire à gogo si ça lui chantait. C'est juste qu'il devait pas aimer ça, Sergueï.

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N'écoutez pas Film Freak

Et puis on se doute qu'avec toute l'administration soviétique derrière lui, il n'avait pas de problèmes de moyens.

Sinon j'aime beaucoup Alexandre Nevski. Il y a un côté très froid assez monstrueux mais je place ce point dans les qualités. J'accroche pas mal à la réalisation d'Eisenstein, c'est fascinant ce montage, ces cadres au millimètre, cette gestion de l'espace qui découpe tout en oppositions/alliances. Bref, la dialectique. Super moderne.

Puis quand tu regardes Alexandre Nevski, c'est tout sauf un film sans moyen...

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N'écoutez pas Film Freak

Mes terribles lacunes sur ce cinéma russe qui m'intéresse me fait honte parfois... Je ne pensais bien sûr pas qu'Eisenstein manquait de moyens, mais plutôt qu'à la manière du retard soviétique dans le passage du noir et blanc à la couleur (la partie en couleurs d'Ivan le Terrible provenait d'une pellicule allemande non ? J'ai toujours cru que le rajout de la couleur était autant lié à une opportunité technique qu'à une volonté artistique), les russes maîtrisaient mal le travelling et les mouvements de caméra... Bref j'ai l'air con, mais j'aurai appris quelque chose, merci

Toujours est-il que dans le cas de Alexandre Nevski, je trouve étrange l'insertion de ces mouvements de caméra (je m'en souviens d'au moins deux) à des instants qui ne m'ont pas semblé essentiels, enfin en tout cas pas assez essentiels pour justifier ces mouvements à ces moments-là précisément. Enfin je ne suis pas dans la tête du bonhomme, qui avait sûrement une bonne raison pour justifier tout ça !