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MessagePosté: 04 Aoû 2012, 11:32 
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La Couleur de la grenade en VF.

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Quelle meilleure manière de raconter la vie d'un poète que celle d'imager sa principale source: ses poèmes ? Plutôt que de suivre une chronologie classique, Sayat Nova (connu aussi sous le nom de "Couleur de la grenade") est ainsi un long poème visuel enchaînant selon la logique du rêve de nombreux tableaux allégoriques clots sur eux-mêmes, comme des petits manèges de figurines. Il en ressort une forme de pureté à la fois poétique mais surtout cinématographique, et la forte impression que Paradjanov tient ici quelque chose d'unique et de sublimement intemporel, une sorte d'art total mélant poésie donc (ces tableaux sont entrecoupés par des cartons extraits des poèmes de l'auteur arménien) mais aussi musique, danse chorégraphique, tout celà contenu dans des cadres fixes très picturaux, des peintures hyperréalistes mouvantes. On se laisse alors porter par cette succession de fulgurances visuelles baignant dans la culture arménienne comme certains se laissent porter par la lecture d'un recueil de poèmes. Le déroulement de la vie de Sayat Nova (d'abord troubadour puis moine) importe au fond beaucoup moins que ce qu'arrive à créer le cinéaste autour de celui-ci, c'est-à-dire un déroulement d'images à la beauté flottante. Grand film assurément (et gros coup de coeur). 6/6.

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MessagePosté: 04 Aoû 2012, 14:13 
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Antichrist
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ah tu donnes envie de le voir. Rien vu de ce réal là, à la réputation énorme.


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MessagePosté: 04 Aoû 2012, 14:16 
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Film que j'ai en DVD depuis 6 ans (j'ai un gros coffret Z1 avec 6 films) et que j'ai toujours pas vu...
J'avais vu que Les Chevaux de Feu qui m'avait moyennement plu (trop folklorique).

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 04 Aoû 2012, 14:35 
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Ah merci, je pensais que j'allais être tout seul sur ce coup-là. C'est le seul Paradjanov que j'ai vu pour l'instant, pour tout dire j'ignorais même son existence il y a peu. Je le trouve très beau, c'est vraiment à voir, au moins par curiosité.

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MessagePosté: 04 Aoû 2012, 14:38 
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Oui je vais essayer de me motiver pour le voir.

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 06 Aoû 2012, 11:00 
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J'étais passé à côté, je crois... Impression d'une succession de tableaux, comme on fait l'exposition pépère d'idées visuelles, qui m'avait laissé totalement de marbre. Faudrait en revoir un autre.


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MessagePosté: 08 Aoû 2012, 08:24 
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Jamais trop eu le courage de me lancer dedans... Un jour peut-être.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 26 Aoû 2012, 10:46 
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C’est vrai que ce film est très particulier, il n’est composé que de plans fixes et il est dénué de dialogue; si il est esthétiquement splendide, il faut néanmoins être bien motivé pour se passionner pour cette histoire. J’ai eu un peu de mal à m’y intéresser, je ne le conseil qu’aux amateurs de films type Le Miroir. Pour découvrir Paradjanov, il est préférable de commencer par Les Chevaux de feu, à mon sens bien meilleur.

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Je ne réponds pas d’avoir du goût, mais j’ai le dégoût très sûr.


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MessagePosté: 26 Aoû 2012, 12:30 
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Je note. Sayat Nova m'a justement donné envie de réessayer Le Miroir, l'autre film-poème de l'époque (je n'avais pas accroché la première et seule fois, je l'avais même arrêté en cours de route).

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MessagePosté: 26 Aoû 2012, 17:57 
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Pour tout dire, je n’ai guère accroché à ce film, je devrais peut être le revoir; mais chez Tarko je te conseille, à moins que tu connaisses, Stalker et Andrei Roublev, deux films magnifiques.

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MessagePosté: 26 Aoû 2012, 20:04 
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Pas vu Andrei Roublev mais Stalker oui, claque magistrale pour moi il y a 2-3 ans et si je me souviens bien, j'ai dû le mettre dans mon top 10 de tous les temps du forum (c'est dire la place qu'il a dans mon estime). Il y a les sublimes Solaris et Le Sacrifice que j'ai vu de lui également. C'est d'ailleurs Tarkovski qui m'a amené à voir Sayat Nova de Paradjanov car j'avais appris qu'il l'aimait beaucoup (le film et le cinéaste). Et je n'ai pas été déçu même si je comprends que le côté tableau mouvant que je décris peut rebuter à la longue (pourtant le film est court). Il n'y a d'ailleurs pas vraiment d'histoire à laquelle se raccrocher (la vie de cet homme passe au second plan, voire s'efface totalement), plutôt un fil qui se déroule par accoups accompagné à chaque fois d'une trouvaille esthétique, poétique.

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MessagePosté: 26 Aoû 2012, 20:07 
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Et bienvenue à toi au fait!

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MessagePosté: 26 Aoû 2012, 20:29 
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romain a écrit:
une trouvaille esthétique, poétique.

Oui, c'est tout à fait ça, et je ne regrette pas de l'avoir vu.

Solaris est très bien esthétiquement parlant mais j’avais moyennement accroché, par contre Andrei Roublev, c’est tout simplement l’un des plus beaux films que j’ai vu. Le début est assez austère et plutôt lent, et il faut un bon quart d’heure pour s’imprégner de l’ambiance et ensuite waouh ! Tout simplement grandiose.
Le sacrifice, je ne l’ai pas encore vu mais il me tarde de le découvrir.
Je vais aller faire un tour dans votre sujet top 10 de tous les temps, et peut être faire le mien. Et sinon, merci pour l’accueil.

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MessagePosté: 08 Juin 2015, 12:17 
Je ne l'ai pas vu dans de bonnes conditions (sur YouTube) mais j'ai beaucoup aimé, il m'a fait fort penser à "Inauguration of the Pleasure Dome" de Kenneth Anger. Il y a une sorte de croisement paradoxal entre ces deux cinéastes: l'enracinement national de Pardjanov (dans le contexte particulier de l'impérialisme soviétique, et en prenant comme personnage central un poète où se rencontrent les spiritualités orthodoxe et perse, et trois langues) et son soucis de représenter sans la trahir une spiritualité élevée dérivent de façon consciente vers un érotisme camp, tandis chez Anger, un imaginaire occulte, anarchiste et subversif rejoint au contraire une représentation de qui est finalement un ordre et une communauté très organisés et stricts. Paradjanov me semble peut-être plus profond que Anger, chez qui il n'y a ni ascèse dans le sujet ni jeu d'acteur dans la forme.

Le film n'est pas narratif, mais quelques scènes ont un contenu très scénarisé, notamment la mort des parents et celle de Saya Nova lui-même, aussi sobre que celle survenu plus tôt du catholicos était baroque. Il y a a une belle idée dans la représentation des agneaux: le film représente et répète la symbolique de la substitution du sacrifice du mouton à celui d'Isaac (scène assez dures, qui me font penser à Vers le Sud de Van der Keuken que je n'avais pas pu regarder jusqu'au bout à cause de cela), mais le troupeau de mouton devient progressivement le témoin de son propre sacrifice puis de la mort des religieux. On ne comprends pas exactement si ce changement de position constitue un dépassement et une rationnalisation de la leçon biblique (où le sacrifice religieux est tenu pour un meurtre selon la volonté de Dieu lui-même) ou au contraire une possible régression qui l'annule. Il appartient pour Pardjanov justement au cinéma d'assumer cette ambiguïté.

Le film n'est pas si ardu que cela, il est par exemple beaucoup plus court que la plupart des films soviétiques de la même époque, et les trucages au montage animent l'hiératisme des plans-séquences. Très belle musique aussi, le film n'est pas du tout muet. L'esthétique de Pradjanov a aussi infusé dans la culture populaire (le clip de "Losing My Religion" de REM...sorti la même année que la mort de Pradjanov). Le voir permet égalemlent de mieux comprendre aussi le dernier Guerman ("Il est difficile d'être un Dieu"), qui inverse à la fois la forme et le fond de Sayat Nova .


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MessagePosté: 14 Mai 2020, 11:25 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
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Biographie du poète arménien Sayat-Nova, ce film de Paradjanov est assez unique dans son dispositif. Succession de plans fixes chacun en forme de tableau le film se raconte ainsi comme un pur récit iconographique rempli de symboles et de signes à déchiffrer dans une esthétique de tapisserie médiévale absolument sublime.

Ce n'est pas un film facile car on a un peu le sentiment qu'il nous manque en permanence les références (picturales, symboliques, historiques) pour que l'on saisisse véritablement le trajet du film. En regardant la page wikipédia du film on voit bien qu'il est séparé en moments précis de la vie du poète sauf qu'à l'image c'est loin d'être évident et que ce chapitrage est inexistant (ou du moins loin d'être aussi clair). Cependant peu à peu le film nous a à l'usure et on finit par ne plus chercher tellement à connecter entre eux les différents tableaux, à en déchiffrer le sens pour tout simplement se laisser porter par cette espèce de grand livre d'images fascinant et magnifique, un film d'objets, de textures, de costumes, de motifs, de couleurs et de visages. La bande-son n'est pas en reste avec un mélange de chant liturgiques, d'extraits poétiques et de musique médiévale toujours d'ailleurs en décalage avec les images, si on voit des musiciens à l'image, le son ne correspond pas. Cela rajoute à l'aspect purement formel du film, comme si les images ne pouvaient être qu'images.

De Paradjanov je n'avais vu que le magnifique Les chevaux de feu, grand film romantique paradoxalement à l'opposé de ce film-ci dans la mise en scène, je me souviens justement des grands mouvements de caméra très rapides. En tout cas un film unique en son genre, il donne envie de s'y perdre comme on se promenerait dans les ruines d'une cathédrale aux confins du monde, en observant aux murs les icônes d'un grand saint inconnu. Je suis en ce moment même en train de jouer à Dark Souls 3 et hier soir j'ai enchaîné une partie avec le film et j'avais sincèrement l'impression d'être encore dans le jeu, que mon personnage de chevalier avec son énorme épée était dans un décor du jeu en train de déambuler dans sa mythologie.

Bref grande découverte, j'ai eu envie de me prendre le blu ray, il fait partie de ces films "rares" qu'on a immédiatement envie de posséder. Mais bizarrement alors qu'il est ressorti en salles en 2015, il ne semble pas y avoir de blu ray français (il y a un Criterion mais zoné). J'ai le dvd mais il précède la restauration du film...

5-6/6

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