Forum de FilmDeCulte

L'inspecteur John Book enquête sur un meurtre dont le seul témoin est un jeune garçon membre de la communauté des Amish. Découvrant que son supérieur est l'instigateur de ce crime, John Book se réfugie auprès de cette communauté pacifiste.

Comme cela a été dit quelque part sur ce forum, il y a bien une « touche » Peter Weir, cette façon à la fois très douce et presque languide de décrire un univers particulier, avec ses codes et ses rites. Le tout avec beaucoup de respect et sans emphase.

C’est particulièrement frappant dans Witness, bien entendu, car le monde des Amish, unique et clos sur lui-même, se prête très bien à l’exercice. La mise en scène de Weir fait des merveilles : précise et attentive, elle prend le temps de nous décrire la communauté sans jamais manquer de rythme. Ça donne quelque chose de très original, à la fois très travaillé et spontané.

La description du mode de vie des Amish est tellement passionnante, qu’on en oublie l’histoire policière (au demeurant d’un intérêt limité et qui se termine un peu en eau de boudin, même si Weir s’en tire plutôt pas mal au niveau suspens et action finale).



Trêve de déconnade, la séquence est incroyable de justesse et de maitrise ; montage et découpage parfaits, superbe musique, en quelques minutes et quasiment sans dialogues, Weir te plonge au cœur de son propos (la communauté et l’intégration du corps étranger, l’histoire d’amour impossible, le choc des modes de vie différent).

Le seul bémol que j’émettrais aujourd’hui à la revoyure (et qui ne m’avait pas frappé à l’époque), c’est l’interprétation un peu juste d’Harrison Ford (alors que je trouve Kelly McGillis assez étonnante).

4,5/6

Je serais pas aussi enthousiaste que toi, peut-être déjà parce qu'il y a certains points où j'ai pour ma part un rejet assez définitif (la musique de Jarre, par exemple, que j'ai trouvé laide et idiote).

C'est quand même un Weir un peu endormi, où l'on retrouve effectivement cette touche admirable, si particulière : cette narration feutrée, tellement simple et pourtant pas une seconde conceptuelle ou abstraite, le regard quasi-naturaliste plein d'attention et de douceur, l'univers calmement exploré. Mais je trouve justement Weir peut-être un peu... "docile" ? En tout cas un peu d'emblée soumis à l'imagerie Amish, allant y chercher exactement ce qu'elle fredonne d'elle-même avant lui, sans réellement s'y cogner finalement.

Alors certes il évite le pittoresque (et le décalage comique) facile, et on pourra objecter que comme souvent, c'est la confrontation qu'il met en scène : le petit Lukas Haas yeux grands ouverts sur la société moderne, l'intrusion du monde de Ford (la sexualité, l'arme) dans un univers incompatible... Mais je trouve que ce qu'il reste de la peinture de ce monde est limite plus problématique : cette chanson à la gloire de la communauté justement, dont tu parles, que je ressens mais qui me dérange tant elle me semble conciliante. Deux-trois scènes pour décrire l'oppression communautaire et religieuse peinent à donner le change de ce joli tableau solidaire. Pas que je veuille absolument d'un film qui aille casser du amish (au contraire, j'aime que Weir y aille sans cynisme), mais le minimalisme de l'intrigue policière en faisant de force un sujet, se retrouver à ne pas explorer les contradictions de cet univers (et aller l'utiliser, qui plus est, pour faire in fine la morale) donne un résultat forcément un peu normatif et plat. Au final, l'idée la plus troublante du film est repiquée à Griffith, et ça me semble assez révélateur d'un film qui n'aura pas su accoucher de son propre trouble...

Ça reste un plaisir à suivre, comme tout film de Weir, et comme tout bon film néoclassique de la période. Mais ça doit être la première fois, depuis ma vision du Cercle des poètes disparus, que le bonhomme me semble tomber dans une certaine facilité.

Très envie de le voir.

A quand un beau coffret Peter Weir?

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Vu gamin, je n'en avis aucun souvenir sinon d'une certaine déception et incompréhension au vu de la réputation du film (je sais pas pourquoi j'avais perçu ce truc à l'époque, peut être en raison du cast).

C'est très simple dans sa mise en place et sa résolution, et en fait le witness du film, pendant son heure centrale, c'est le policer réfugié dans ce monde à part, cette micro société, dont il doit respecter le mode de vie, et même s'y intégrer totalement s'il veut vivre la passion naissante avec son hôte, ou bien c'est elle qui devra partir. C'est clair que cet aspect du film m'était complètement passé au-dessus à 10 ans. Pour enfoncer le clou, à un moment, le chef de police le dit tel quel: la police est comme les Amish, c'est un culte, un club, avec ses règles. Que l'individu doit respecter sous peine d'en être expulsé, ou même assassiné, comme le sera le partenaire de Book (vlà le nom du perso principal). Si la fin fait le constat de deux mondes qui resteront étrangers, les deux personnages auront pu vivre leur passion pendant un fugace instant, libres des carcans pourtant insurpassables.

Bref, c'est une proposition vraiment originale, assez tranchée de ce qu'elle s'écarte de ce qu'on attend d'un film policier au premier abord, le film est assez précieux pour ça mais j'avoue que ca manque un peu de corps quand même (si on veut caricaturer un peu méchamment, la vie avec les Amish se résume à traire une vache et construire une grange), il y a une retenue qui ne permet pas au film de décoller totalement mais je suis très content de l'avoir revu.
5/6

putain mais en fait ça ressemble à ça la vie de Castorp

Comme Jerónimo je l'avais vu petit et je l'ai redécouvert. Je ne sais pas quoi écrire tant mes camarades ci-dessus ont déjà tout dit, aussi bien Tom bien sûr que Jero ou même Nada. Cette mise en scène délicate, ce regard doux et humain, cet évitage des pièges du comique facile, et également ce scénario, aussi original dans sa cassure de rythme qu'il est efficace dans son incroyable première demi-heure.

Quel cinéaste fiable, le niveau général de la filmo est dingue quand même.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Mon gars sûr.

Et bien moi c'est l'inverse, revu ce weekend alors que j'en avais un souvenir très diffus excellent et asez déçu. Déjà je me souvenais qu'on mettait bien une heure avant de revenir au village amish. Et puis ensuite ce film coupé entre une enquête franchement sans intérêt et le love interest en territoire amish n'est franchement pas des plus palpitants. Il y a comme toujours un regard délicat et sans caricature de la part de Weir et j'aime beaucoup la mise en scène du crime inaugural mais globalement c'est un film assez mou et ennuyeux, ça ne décolle pas vraiment. Et je rejoins Tom la BO de Maurice Jarre est une abomination, totalement ringarde et hors sujet.

3/6

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CroqAnimement votre

Atroce. Elle gâche toute la fin.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Jeronimo, cet énorme vendu.


Je n'aurais jamais l'outrecuidance de m'estimer plus intelligent qu'un réal (enfin que certains) et je veux bien accorder à Peter le bénéfice du doute et voir dans le choix d'une musique au synthé le parti-pris assumé d'une dissonance cognitive avec le monde luddite des Amish, cette tonalité "autre" servant à projeter le spectateur moyen dans un univers justement différent, mais ça marche pas vraiment. La nappe musicale omniprésente au début en mode "ambiance de fond de spa", ça gave, et quand ça accompagne en mode feel-good l'arrivée finale des villageois, c'est limite ridicule.

Mais ce n'est pas ce que je reproche de plus important au film (que j'avais déjà vu il y a une vingtaine d'années et qui m'avait laissé un souvenir moyen, attisant ma curiosité d'une redécouverte).

Il est évident que l'intrigue policière n'intéresse guère Weir, le scénario la bazarde ouvertement d'entrée de jeu (le coupable est montré d'emblée, il est identifié dix minutes après, le patron traître est révélé dans la foulée...), avant même que le récit ne se relocalise chez les Amish, et c'est évidemment cette nouvelle immersion d'un étranger dans une culture aux antipodes de la sienne qui parle à l'auteur. Et à ce titre, je trouve la peinture faite de ce milieu un peu superficielle et partielle.

Pour ma part, je ne vais pas donner de bon point au film parce qu'il évite de faire de la comédie de "poisson hors de l'eau" mais je pourrais lui donner un blâme pour sa bienveillance maladroitement réac : le gamin arrive dans le monde extérieur et découvre LE CRIME, le flic arrive chez les Amish et découvre le travail en communauté...et l'amour? D'ailleurs, comme pour son précédent, j'ai vraiment du mal à croire à cette romance précipitée entre lui et une veuve qui a perdu son mari genre une semaine avant.

Je trouve assez pertinent et original de ne pas se servir de leur amourette pour remettre en question le monde et l'idéologie de l'un comme de l'autre, et l'impossibilité pour chacun de quitter sa vie est ce qu'il y a de plus beau dans la fin du film (et ce plan de la coiffe qu'on pose sur la table est superbe) mais je ne trouve pas ça suffisamment incarné, travaillé par le film (tout comme l'oppression inhérente à la communauté religieuse n'est là que dans une ou deux répliques à base de ragots et de potentiel bannissement).

En fin de compte, le traitement de la communauté est aussi léger que la partie policière et, par conséquent, le film n'est pas très convaincant.

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Perso je suis dans le camp de Jeronimo. revu récemment en blu ray avec mon gamin. Encore une fois beaucoup apprécié et cela a bien marché sur mon ado aussi.

Pas revu depuis une paie mais présenter une communauté de ce genre en appuyant son côté réac aurait justement été particulièrement réac du point de vue de la société dominante.
Et l'impossibilité de l'amour, de'la sortie de la communauté ou la question du bannissement suffisent à assumer que les Amish sont particuliers en dehors de leurs chapeaux. Et de ne pas participer au réchauffement climatique.
Tout comme le côté veuve presque joyeuse, c'est qu'elle n'aimait peut-être pas si profondément son mari pour tomber aussi vite dans les bras d'un autres a fortiori extérieur à sa communauté.

L'impression d'entendre les sempiternelles critiques sur les témoins de Jéhovah que tout le monde se permet des repas de familles à la machine à café parce que ça ne mange pas de pain alors que bon, si je n'avais pu avoir que des témoins de Jéhovah comme voisins, j'aurais certainement eu moins de problèmes au quotidien (une fois expliquer gentiment et fermement que leur prosélytisme sur des écrits recyclés ailleurs d'il y a 3000 ans avec des super-héros, voilà quoi).

South Park avait fait un épisode sur les Mormons que tout le monde pourri par principe sans les connaître alors qu'en dehors de leur appartenance à l'Humanité et donc des saloperies inhérentes à celle-ci dont ils ne sont pas exempts malgré leur ambition, ils subissent plus de pression des autoproclamés normaux que l'inverse.

Et puis c'est peut-être la meilleure performance de Ford sans se la jouer contre-emploi.

Je suis d'accord que tout ça est là. Mais léger. En surface.


Il vous en faut vraiment pas beaucoup...

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En mode héros qui fronce les sourcils tout en retenu (comme le film, ce qui met encore en valeur sa prestation)... Le Fugitif sinon ? Pour rester dans les excellents films, dans Blade Runner, je le trouve limite (l'impression qu'il a trop basé son perso sur son alcoolisme).

Ses meilleures perfs resteront Solo/Jones mais il les joue de la même façon.

Sinon, en mode contre-emploi, The Mosquito Coast, pas mal mais Apparences pas convaincu. Reste que j'ai zappé énormément de ses films depuis Apparences ( sans rien manquer apparemment)..

C'est mieux parce qu'il est plus désemparé, humain. Dans Witness, je trouve que ça manque un peu de nuance même si son regard quand il la regarde se laver est génial.
Présumé innocent?


Oula je trouve pas. Enfin quand il est en Indiana, c'est très Solo mais Jones est un personnage plus multidimensionnel que Solo. À la fac ou dans l'intimité, il est pas du tout sur la même fréquence là où Solo n'a globalement qu'un seul mode.


Jamais vu, c'est le prochain.


Ah moi j'adore justement.


Oui. Paraît qu'il est génial dans la série Shrinking.

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J'aime moins le film mais ça reste dans sa belle époque (mais Raul Julia vole le film).
Regarding Henry n'est pas forcément meilleur et la perf de Ford moins subtile rapportée au perso mais j'en garde un bon souvenir.

Indy est plus riche mais tu comprends pourquoi Spielberg le voulait et pas Lucas.


J'en avais un excellent souvenir mais revu à la baisse il y a 3-4 ans. Le film. Ford reste vraiment bon avec un perso très actuel.

Tant mieux pour lui. La vieillesse lui aura été particulièrement difficile et sa reprise de rôles cultes étaient honnêtes mais quand même dans une sécurité un peu triste.