1945 à Taïwan. L'ancien colonisateur japonais est défait et les occupants sont progressivement rapatriés chez eux. Taïwan retourne à la Chine continentale, à ce moment dirigée par les nationalistes du Kuo-Min-Tang. Deux familles sont apparentées par des liens de mariage complexe: celle des Wen, un clan mafieux en contact avec des triades de Shangaï, qui a de l'entregent politique et qui essaye de tirer profit de la résistances du patriarche pour se racheter un respectabilité et prospérer, et celle de l'infirmière Hinomi, des fonctionnaires et intellectuels de la classe moyenne, jadis proches des Japonais, qui ont à présent des sympathies communistes. Le cadet des Wen, Chin (Tony Leung) est sourd et muet suite à un accident, et a ainsi développé une personnalité timide et lunaire, en rupture silencieuse avec ses frères, des mafieux barraqués, qui le protègent quand-même comme une mascotte. Il vit paisiblement comme photographe, sa réserve plaît à Himoni et sert de trait d'union entre les deux familles.
Au début, la libération et le départ des Japonais sont accueillie savec optimisme et il semble qu'une vie calme va reprendre. Mais Tchang Kaï-Chek va exploite un imbroglio parti d'un trafic mafieux pour liquider simultanément ses alliés encombrants des triades, les communistes (au pouvoir en Chine continentales, mais marginalisé ici), et les paysans nationalistes taïwanais. Les deux familles, pour des raisons différentes, sont pareillement prises dans l'étau.
Premier volet de la trilogie sur l'histoire de Taïwan, ce film développe style plus classique et romanesque que "le Maîtres des Marionnettes", mais a néanmoins un souffle singulier, difficile à décrire derrière l'académisme apparent . Le film semble par moment nostalgique, un peu "rétro", mais est en fait politiquement très assuré, il ne devait pas être facile de critiquer le Kuo-Ming Tang (encore un parti uniqueà l'époque) et de le confronter à son histoire en 1989, année terrible dans la région. Le film ne pas tombe dans l'imagerie, la narration elliptique de Hou Hsiao Hsen permettant d'exposer en creux la dureté réelle de l’histoire, par des procédés narratifs habiles, qui ne semblent jamais rapportés ou artificiels. Les enjeux politiques les plus cruciaux sont dits dans les messages de plus en plus sec et concis que Chin écrit pour se faire entendre de ses proches, et qui servent de cartons de films muets. L'intrigue du film n'y revient pas ensuite, les moments de violence font la connexion entre les deux récit (celui familial et amoureux, et celui sur la complecité de l'historie taïwanaise de l'é'oque). La position du film est singulière, c'est à la fois une fresque historique, proche de la veine politique du cinéma italien (1900) et un film de mafieux théâtral et crépusculaire (plus Coppola que Francesco Rosi finalement, quoique Salvatoire Giuliano soit aussi un bon film de mafia...).
Il évoque le Parain de Coppola (et les paysage de Taïwan rappelle d'ailleurs beaucouo ceux de Sicile), ces deux films butent finalement sur la même réalité à la fois massivement historique et codée: la mafia comme symbole du capitalisme en situation d'après-guerre, soit un pouvoir que seule sa propre culpabilité face à sa violence tempère. Au début on pense anticiper le développement de l'histoire
.
On pense dans un premier temps que le film dépeint une évolution douloureuse des survivants d'une famille des triades (qui relèvent à la fois du peuple et l'aristocratie) vers la bourgeoisie, qui serait obtenue pas soustraction et refoulement, (le pouvoir assure la prospréité des survivants qu'il a d'abord réprimé, proposant la sécurité contre le silence) mais même ce processus est annihilé; le confort bourgeois vaincu devient alors une situation de défaite et d'absence de trace. L'image photographique devient elle-même un geste avorté et une blessure, et les témoins sont finement exposés plus directement à la menace de mort que les victimes initiales de la répression, qui elles pouvaient exprimer directement leur intérêt ou leur idéologie .
Li Tian-lu, le même acteur que celui du "Maître de Marionnettes", est génial et surprenant dans le rôle d'un chef de clan agé, déguingandé, chétif mais froidement implacable et -sans mentir- surpasse véritablement Marlon Brando et Al Pacino.