Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 23 Nov 2024, 16:43

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 30 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante
Auteur Message
MessagePosté: 18 Mai 2015, 03:16 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86862
Localisation: Fortress of Précarité
Quel étrange et fascinant film.

Je ne savais rien du tout du film (si ce n'est qu'il y réglait apparemment ses comptes avec Marianne Denicourt mais les subtilités de cet aspect autobio m'ont échappé) et je me suis agréablement laissé emporter dans cette improbable chronique, qui semble commencer comme un Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) mais adopte une structure complètement autre, semble mélanger les genres, du drame pur qu'incarne Nora, à la comédie menée par Ismaël.

Ce film confirme que j'adhère à Desplechin uniquement lorsqu'il parvient à se faire léger.
Je ne parle pas uniquement du scénario, une fois de plus parcouru d'élucubrations névrotiques amusantes interprétées, comme d'hab, à merveille par Amalric, mais également de la mise en scène, tellement plus vivante que sur les froids et distants La Sentinelle et Esther Kahn. À l'instar de Comment..., le film jouit d'une caméra plus mobile, épousant les mouvements, les regards, se permet un montage plus libre, comme en témoigne tous ces jump cuts. C'est bien moins empesé, par conséquent, jamais le film ne donne dans le pathos mais jamais je ne ressens la froideur clinique des deux films suscités. Les protagonistes ne sont pas tellement plus "normaux" que leurs prédécesseurs et pourtant, je suis avec eux.

Et ce, tout le long, sans jamais sentir les 150 minutes du film. Cette légèreté, elle se traduit également dans le rythme, parvenant à rendre ces films-fleuves incroyablement digestes malgré leur construction atypique. Il y a des scènes qui me feraient sans doute crier ailleurs, notamment dans les passages les plus hystériques (Devos gueule dans une scène sur trois) ou fantasques (Amalric qui breakdance c'est culte et la fusillade c'est WTF), et je ne sais par quelle magie Desplechin parvient à intégrer ça dans un tout d'une richesse thématique si forte qu'elle porte tout, même la théâtralité (assumée) de certaines séquences (l'engueulade entre Nora et Pierre, son premier amour, en mode Dogville), comme pour illustrer le point de vue exacerbé, pour ne pas dire fantasmé, de ces personnages qui ne parlent pas "comme dans la vraie vie" (on n'est pas dans la jeunesse bourgeoise ni chez les profs de fac mais quand même).

Transition entre l'expérience méta Léo, en jouant "Dans la compagnie des hommes" (que je n'ai malheureusement pas pu rattraper) et le plus formellement ludique Un conte de Noël, Rois et reine est romanesque. C'est Desplechin qui fait un "film de cinéma" (en 2.35 pour la première fois, avec une photo moins "naturelle") pour parler une fois de plus de deuil avec dureté (le testament du père) et surtout de filiation (le film préfigure le suivant, avec sa famille dysfonctionnelle). À ce titre, l'épilogue couronne avec une humanité non feinte un film qui pourrait paraître détaché mais s'avère en réalité "à vif" tout le long.

Remarquable.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Mai 2015, 04:05 
En ligne
tape dans ses mains sur La Compagnie créole
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
Messages: 22745
Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
Tain je dois absolument le revoir cuilà.

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Mai 2015, 08:55 
Hors ligne
Sir Flashball
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 23 Déc 2013, 01:02
Messages: 23852
Film Freak a écrit:
Remarquable.


Comme un étron au milieu de la chaussée.

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Mai 2015, 09:01 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
Messages: 9899
Localisation: Ile-de-France
Oulala...


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Mai 2015, 09:10 
Hors ligne
Sir Flashball
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 23 Déc 2013, 01:02
Messages: 23852
Je hais ce film. De tout mon être.

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Mai 2015, 09:25 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 14 Oct 2007, 11:11
Messages: 8090
Film Freak a écrit:
Quel étrange et fascinant film.

Je ne savais rien du tout du film (si ce n'est qu'il y réglait apparemment ses comptes avec Marianne Denicourt mais les subtilités de cet aspect autobio m'ont échappé) et je me suis agréablement laissé emporter dans cette improbable chronique, qui semble commencer comme un Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) mais adopte une structure complètement autre, semble mélanger les genres, du drame pur qu'incarne Nora, à la comédie menée par Ismaël.

Ce film confirme que j'adhère à Desplechin uniquement lorsqu'il parvient à se faire léger.
Je ne parle pas uniquement du scénario, une fois de plus parcouru d'élucubrations névrotiques amusantes interprétées, comme d'hab, à merveille par Amalric, mais également de la mise en scène, tellement plus vivante que sur les froids et distants La Sentinelle et Esther Kahn. À l'instar de Comment..., le film jouit d'une caméra plus mobile, épousant les mouvements, les regards, se permet un montage plus libre, comme en témoigne tous ces jump cuts. C'est bien moins empesé, par conséquent, jamais le film ne donne dans le pathos mais jamais je ne ressens la froideur clinique des deux films suscités. Les protagonistes ne sont pas tellement plus "normaux" que leurs prédécesseurs et pourtant, je suis avec eux.

Et ce, tout le long, sans jamais sentir les 150 minutes du film. Cette légèreté, elle se traduit également dans le rythme, parvenant à rendre ces films-fleuves incroyablement digestes malgré leur construction atypique. Il y a des scènes qui me feraient sans doute crier ailleurs, notamment dans les passages les plus hystériques (Devos gueule dans une scène sur trois) ou fantasques (Amalric qui breakdance c'est culte et la fusillade c'est WTF), et je ne sais par quelle magie Desplechin parvient à intégrer ça dans un tout d'une richesse thématique si forte qu'elle porte tout, même la théâtralité (assumée) de certaines séquences (l'engueulade entre Nora et Pierre, son premier amour, en mode Dogville), comme pour illustrer le point de vue exacerbé, pour ne pas dire fantasmé, de ces personnages qui ne parlent pas "comme dans la vraie vie" (on n'est pas dans la jeunesse bourgeoise ni chez les profs de fac mais quand même).

Transition entre l'expérience méta Léo, en jouant "Dans la compagnie des hommes" (que je n'ai malheureusement pas pu rattraper) et le plus formellement ludique Un conte de Noël, Rois et reine est romanesque. C'est Desplechin qui fait un "film de cinéma" (en 2.35 pour la première fois, avec une photo moins "naturelle") pour parler une fois de plus de deuil avec dureté (le testament du père) et surtout de filiation (le film préfigure le suivant, avec sa famille dysfonctionnelle). À ce titre, l'épilogue couronne avec une humanité non feinte un film qui pourrait paraître détaché mais s'avère en réalité "à vif" tout le long.

Remarquable.


YEAH ! :D

J'ai eu très peur en ouvrant le topic pourtant, et finalement ça m'a donné envie de le revoir.

Je serai toi je ne chercherai pas à tout prix à rattraper Léo qui m'a moi-même largué alors que je suis très client de Desplechin en temps normal.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Mai 2015, 11:23 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86862
Localisation: Fortress of Précarité
Nan mais je l'ai pas trouvé donc j'essaierai pas.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Mai 2015, 15:52 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86862
Localisation: Fortress of Précarité
Baptiste a écrit:
Oulala...

Oui, là c'est du niveau des messages des autres foruméens dont le pseudo commence par C.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Mai 2015, 15:58 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11667
Je sais pas si tu l'as vu mais y aussi La Vie des morts (son premier moyen qui l'a fait connaître), qui est bien, et L'aimée (son seul doc, pas vu), qui a une réputation exceptionnelle.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Mai 2015, 16:27 
Hors ligne
Sir Flashball
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 23 Déc 2013, 01:02
Messages: 23852
Film Freak a écrit:
Baptiste a écrit:
Oulala...

Oui, là c'est du niveau des messages des autres foruméens dont le pseudo commence par C.


J'assume : c'est le seul film, de toute ma vie, où je suis ressorti de la salle avec l'envie de gerber.
Je trouve ce film infâme de dégeulasserie : le film d'un type qui s'amuse à humilier, à écraser ses personnages et qui jouit de ça.

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Mai 2015, 16:42 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86862
Localisation: Fortress of Précarité
Tom a écrit:
Je sais pas si tu l'as vu mais y aussi La Vie des morts (son premier moyen qui l'a fait connaître), qui est bien

Vu, pas aimé.

Citation:
L'aimée (son seul doc, pas vu), qui a une réputation exceptionnelle.

Ça me branchait pas plus que ça.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Mai 2015, 16:42 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86862
Localisation: Fortress of Précarité
Castorp a écrit:
Film Freak a écrit:
Baptiste a écrit:
Oulala...

Oui, là c'est du niveau des messages des autres foruméens dont le pseudo commence par C.


J'assume : c'est le seul film, de toute ma vie, où je suis ressorti de la salle avec l'envie de gerber.
Je trouve ce film infâme de dégeulasserie : le film d'un type qui s'amuse à humilier, à écraser ses personnages et qui jouit de ça.

N'importe quoi.

Mais bon.

Je vois que le niveau de la discussion ne risque pas d'être très élevé donc pas la peine.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Mai 2015, 16:55 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 22 Mar 2006, 12:23
Messages: 7508
Je ne suis pas un grand admirateur de Desplechin, mais bien que je le trouve inégal, j'adore Rois et Reine, ne serait-ce qu'à cause de la scène qui a sans doute filé la gerbe à Castorp - celle de la lettre.

_________________
There is no such thing in life as normal


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Mai 2015, 16:56 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11667
C'est aussi celle qui m'a le plus marqué, elle me revenait souvent les années qui ont suivi.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Mai 2015, 17:42 
Hors ligne
Sir Flashball
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 23 Déc 2013, 01:02
Messages: 23852
Oui, bien sûr.
Tout le film est construit autour de cette humiliation, cet écrasement du personnage, que l'on punit parce qu'on nous a bien montré qu'il le mérite : le cinéaste ne lui laisse aucun espace, il ne filme que le jugement et la punition.

Scène immonde.

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 30 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Tromperie (Arnaud Desplechin, 2021)

Abyssin

11

1054

03 Jan 2022, 21:21

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Jimmy P. (Arnaud Desplechin - 2013)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Tom

20

3159

24 Mai 2015, 17:47

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. La Sentinelle (Arnaud Desplechin, 1992)

Film Freak

2

1787

21 Déc 2021, 15:32

Jerónimo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Roubaix, une lumière (Arnaud Desplechin, 2019)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Art Core

27

3203

28 Jan 2022, 12:37

bmntmp Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Frère et soeur (Arnaud Desplechin, 2022)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Film Freak

22

1235

31 Mar 2024, 22:09

Karloff Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Un Conte de Noël (Arnaud Desplechin - 2008)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3, 4 ]

Karloff

56

8038

20 Mai 2015, 02:41

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les Fantômes d'Ismaël (Arnaud Desplechin, 2017)

Film Freak

8

1821

23 Mai 2017, 09:06

Art Core Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Esther Kahn (Arnaud Desplechin, 2000)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Arnotte

20

3413

16 Mai 2015, 20:35

Tom Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Trois souvenirs de ma jeunesse (Arnaud Desplechin - 2015)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3, 4, 5 ]

Baldanders

62

6952

23 Juin 2015, 13:46

Baldanders Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Le Roi des rois (Cecil B. DeMille - 1927)

Tom

1

2600

08 Sep 2014, 12:41

Tom Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 3 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web