Forum de FilmDeCulte

Déjà, le Garçu. Puis le cinéaste en attente d’un boulot, sa femme que l’on trompe, les putes que l’on ramasse, et là haut, cachée dans l’ombre comme une chose honteuse qui envahit l’étage, la mort au travail. Celle de la mère, entrain de crever la gueule ouverte. Autant dire la vie de Pialat, vue par Pialat, dans ce qu’elle a de plus dure, de plus crue, mais aussi de plus intense. Un trop plein d’émotions qu’il faut alors cacher sous une apparence mensongère, la perte du repère, et les souvenirs enfouis qui resurgissent et que l’on lance sans même avoir le courage de les accompagner d’un reproche. Pialat prend le risque de déplaire, de se couper du public qui l’avait suivi jusqu’au bout de Nous ne vieillirons pas ensemble, son précédent film. Car La Gueule ouverte, c’est avant tout une impression poisseuse qui envahit le film, distillée par le corps décrépie de la mère, par sa respiration que l’on espère s’arrêter un jour. Pour abréger sa souffrance ou la nôtre ? Ce n’est pas encore très clair, et ça l’est encore moins pour Maurice qui, au beau milieu du tournage, fait ouvrir le cercueil de sa propre mère, décédée quelques années auparavant. Des images que le cinéaste filme, mais qu’il n’osera pas montrer, qu’il garde pour lui. Et que l’on imagine, malgré nous. Parce que le film nous donne à voir ce qu’il y a juste avant les mots fatidiques, ceux du père, ceux que l’on attend et que l’on redoute, mais qui finissent toujours un jour par arriver : « C’est fini ».

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Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
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