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MessagePosté: 11 Mai 2020, 09:42 
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Ouais nan.

J'adore les films sur l'écriture et ce film, qui mêle adaptation de Burroughs et éléments biographiques de l'auteur, aurait pu être pour l'écriture ce que Videodrome était pour l'image, avec ses délires entomologiques et body horror et prolongations du corps et de la pensée, mais en dehors des décrochages dégueus amusants (au début en tout cas), j'ai trouvé ça plus abscons qu'abstrait.

Par son bavardage constant, le film m'a rappelé ce qui allait arriver dans l'imbitable Cosmopolis, ce qui n'aide pas à l'adhésion, rendue déjà difficile par un onirisme qui m'a davantage tenu à distance qu'envoûté, contrairement au film susmentionné. Par conséquent, je trouve que le film passe à côté de tout ce qu'il essaie de dire, sur l'écriture, mais aussi sur la drogue et l'homosexualité.

Esthétiquement, ces tons bruns et verts dans la déco et la photo, sont à la fois beaux et malaisants, et le design des créatures est original, mais ce fut une séance de plus en plus pénible. Kafka boudin.

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MessagePosté: 11 Mai 2020, 10:05 
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MessagePosté: 11 Mai 2020, 10:14 
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Cosmo a écrit:
6/6 absolu. Un de mes trois préférés avec Crash et Faux-semblants !


Exactement pareil.

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MessagePosté: 11 Mai 2020, 10:14 
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Si je déteste Burroughs, j'ai une chance d'apprécier ça quand même ?

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MessagePosté: 11 Mai 2020, 10:15 
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Castorp a écrit:
Si je déteste Burroughs, j'ai une chance d'apprécier ça quand même ?


Oui.

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MessagePosté: 11 Mai 2020, 10:25 
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Vous en parlez vachement bien en tout cas.

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MessagePosté: 11 Mai 2020, 10:30 
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Très envie de le revoir. J'en garde des images dingues mais en effet je crois que je m'était fait un peu chier.

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MessagePosté: 11 Mai 2020, 10:40 
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Film Freak a écrit:
Vous en parlez vachement bien en tout cas.


Le mec blasé :D
En tout cas ça me donne envie de reprendre am pseudo rétro Cronenberg !


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MessagePosté: 11 Mai 2020, 10:54 
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Jerónimo a écrit:
Film Freak a écrit:
Vous en parlez vachement bien en tout cas.


Le mec blasé :D

Les 6/6/superlatifs balancés comme ça, ça fait une réponse mais bon, "ok vu".

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MessagePosté: 11 Mai 2020, 11:25 
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Film compliqué surtout que le livre est inadaptable et qu’il est un mélange de l’univers de Cronenberg, d’éléments autobiographiques de Burroughs et de délires du bouquin ( le film à le génie de leur donner corps et cette présence physique et malsaine avec ces trucages en dur) .quand on connaît le matériau original c’est un exploit que ça tienne aussi bien et que le film trouve sa voie.
Après avoir lu Junky et Mon éducation j’avais plus apprécié. (Je recommande ces Ecrits de Burroughs, on est pas dans le cut up, c’est abordable, drôle et sincère)


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MessagePosté: 11 Mai 2020, 12:08 
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J'avais kiffé mais j'ai quasiment plus aucun souvenir.

C'est super intéressant c'que je raconte.

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MessagePosté: 11 Mai 2020, 13:42 
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Film Freak a écrit:
Vous en parlez vachement bien en tout cas.


C’est le problème du téléphone, ça. Déjà que j’ai la flemme d'écrire sur le forum, mais par téléphone c’est pire. M’enfin...

Le film diffère des autres de Cronenberg: en plus des dysfonctionnements du corps humain, le film parle aussi du danger de l'art, de la création et de la puissance d'un esprit tenu en otage par des forces maléfiques et extraordinaires. C'est une métaphore des affres de la création. Lee doit extraire son écriture du cauchemar. C'est dans la déchéance et la Maladie qu'il devient créatif, même s'il ne s'en rend pas compte. Ecrire est un grand danger, Bill le dit lui-même: "J'ai arrêté d'écrire à dix ans, trop dangereux". Le danger est de se faire déposséder de son esprit, de sa part de génie. Cocteau énonçait le même problème dans son premier film, Le Sang d'un poète. Le poète est habité par une chose qui lui donne des ordres et des coups. La poésie viole le poète (la machine à écrire dit à Bill: "je voudrais que vous tapiez quelques mots sur moi, des mots que je vais vous dicter"). Le film devient une métaphore où on compare l'imagination à une maladie, à un virus. Tout créateur s'expose à des forces étrangères et absorbantes: le scénariste de Barton Fink, l'écrivain dans Naked Lunch, le poète chez Cocteau (Naked Lunch a sans doute plus à voir avec les films de Cocteau qu'avec d'autres cinéastes de l'horreur: l'art comme danger, la notion de passage souvent renforcée par des trucages, la recherche de la femme dans Orphée, et la poésie dictée par une machine, un auto radio...)... L'art, de plus, est une arme parlante, selon Cronenberg (voir la main revolver de Videodrome). Il est symptomatique de voir Bill échanger son revolver - avec lequel il a tué sa femme - contre une machine à écrire - avec lequel il écrira son chef d'oeuvre. Ce dernier n'aurait jamais vu le jour sans ce meurtre et sans la déchéance qui s'ensuit. Ce meurtre est l'instant initial de la vie de Lee - et de celle de Burroughs.

Dans un accès de folie, Bill Lee, le personnage principal du chef d'oeuvre de Cronenberg, tue sa femme. Episode accidentel de la vie de Burroughs, auteur du livre original, et de celle de Lee: Joan meurt en acceptant de mettre un verre, que Bill doit viser avec son revolver, sur sa tête. Il lui fait un trou entre les deux yeux, épisode important pour le personnage car il marque la prise de conscience par Bill de son homosexualité (en tuant Joan, il tue la part d'hétérosexualité qui existe en lui), et de son talent d'écrivain (ce moment est un moment de vérité: Bill s'enfuie et commence à rédiger ce qui deviendra Le Festin nu). Nous sommes en plein dans le pivot de l'histoire. Lee fuit son ancienne vie d'exterminateur de cafards. La première balle ouvre le royaume de la littérature et de la création. C'est à ce moment que l'écriture et la réalité ont fusionné pour lui.

Cherchant à se déculpabiliser de la mort de sa femme, il imagine que cette mort lui a été ordonnée par des forces surnaturelles, et que ces mêmes forces lui demandent d'entrer à leurs services pour écrire des "rapports sur l'assassinat de Joan Rohmer Lee par des forces non identifiées". En fuyant dans l'Interzone, Bill rencontre un couple d'écrivains, les Frost. La femme, Joan, est interprétée par Judy Davis, tout comme la première Joan du film. Joan II est le portrait craché (a "dead ringer") de Joan I. Lorsqu'à la fin du film, Bill part en Annexie avec Joan II, et quand les gardes de la frontière lui demandent de prouver qu'il est écrivain, "écrivez des mots", il doit recommencer son numéro de Guillaume Tell, et tue Joan II. "Bill est condamné à revivre ce meurtre constamment et c'est avec cette même constance qu'il continuera d'écrire". "Joan est une abstraction, une icône, une idée d'où il tirera son énergie pour l'éternité, un instant qu'il reproduira encore et encore". (propos de David Cronenberg). Il doit revivre ce traumatisme , cette souffrance, pour redevenir créatif.

Que voit Bill dans la mort de sa femme? Un gigantesque complot international. Bill est exterminateur d'insectes ("votre femme est une agente de l"interzone corporated, il faut la tuer!"), il extermine par la même occasion la part d'écrivain qui est en lui. Il s'injecte de temps à autres, sur conseil de sa femme, la poudre jaune dans le sang. Joan, elle, est complètement accrochée à cette même poudre jaune, et s'injecte donc ce qui sert à exterminer. Un insecte - la part d'écrivain de Bill Lee - désigne ce qu'il doit en fait détruire. En tuant sa femme, il réduit à néant ce qui empêchait son devenir d'écrivain: son hétérosexualité. Ce meurtre représente une vengeance de son inconscient créatif sur ce qui empêche cette part de création de s'affirmer: sa femme.

Naked lunch est qu'une fausse biographie de Burroughs. Toutefois, quelques détails présentent des points communs avec la vie de l'auteur. Le nom de Bill Lee n'a pas été choisi au hasard: ce personnage apparaît déjà dans le roman, et il est aussi le pseudonyme que Burroughs avait choisi pour publier son roman Junkie. Le choix de ce nom pour le personnage central du film est une façon de montrer que si ce personnage n'est pas Burroughs, il ne s'en éloigne pas tant que ça. D'ailleurs, le film, à bien des moments, adapte la vie de l'écrivain. En effet, les drogues imaginaires que prend Lee - poudre jaune pour exterminer les insectes, viande noire de centipèdes des mers du sud, sperme de Mugwump...- ne sont que des métaphores des nombreuses drogues passées dans le sang de Burroughs (surtout de l'opium, en fait - comme Cocteau). Drogues qui lui ont permis de supporter la mort de sa femme et la révélation de sa propre homosexualité.

La mort de Joan Rohmer Burroughs est un épisode capital de la vie de l'écrivain car il l'a effectivement tuée en voulant faire son "numéro de Guillaume Tell". Cette scène du film est réelle, et on peut même y voir une illustration de la misogynie inconsciente de Burroughs qui voyait en la femme une espèce différente de l'homme, voire même une espèce extra-terrestre (la machine à écrire insecte dit à Bill à propos de Joan: "Qui vous dit qu'elle est vraiment un être humain?"). Burroughs n'a pas tué sa femme volontairement mais, comme il l'imagine, son cerveau a peut être dévié la trajectoire de la balle sans que lui-même ne s'en aperçoive. Comme l'explique Cronenberg, "c'est l'élément essentiel de sa vie, tout vient de là, encore et toujours. Pas moyen de l'effacer, de l'oublier ou de s'en débarrasser".

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MessagePosté: 11 Mai 2020, 13:56 
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Mouais bof, pas convaincu.

Je plaisante. :D Merci d'avoir copié/co...d'avoir développé ton avis.

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MessagePosté: 11 Mai 2020, 13:58 
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Il s’agit en fait d’un collage d’extraits d’un mémoire écrit pour la fac et en partie pompé sur des articles de journaux (sans doute les Cahiers et/ou Mad Movies). C’était quand j’y croyais encore :)

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MessagePosté: 11 Mai 2020, 14:06 
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Ah le salaud.

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