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MessagePosté: 10 Oct 2008, 09:21 
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Comme ils passaient plus Wackness à l'UGC (je vais le rater, çui-là, fait chier), je me suis rabattu sur cet Eden Lake dont personne ne parle et qui a une affiche entièrement réalisée à la bouche avec du vomi.

Et je suis bien content d'avoir tenté le coup au pif. L'impression d'avoir vu là l'un des survivals les plus importants et les plus traumatisants depuis fort longtemps, les plus perturbants aussi. Pour moi c'est le film qui envoie bouler Funny Games bien profond dans les latrines, et y embarque du même coup The great ecstasy of Robert Carmichael (film que je déteste pas, je précise) et consorts...

Un survival épique et viscéral, donc, mais en même temps d'une grande intelligence, parvenant, tout en restant au premier degré, sans jamais se grimer de sardonisme méprisant et professoral à la Haneke, et sans jamais prendre ni ses spectateurs ni ses personnages de haut, à sans arrêt replacer au centre l'enjeu premier du genre : pourquoi donc bordel de merde que c'est si kiffant de voir des gens se trucider, se mutiler, se courir après? Quel sens politique profond (je parle pas de politique politicienne, hein, mais bien du politique) revêtent ces pulsions de mort érigées en spectacle? Dans quel héritage commun la représentation de la violence est-elle engluée?

Je résume un peu grossièrement tout ça, et la beauté du scénario est qu'il n'est jamais empesé par ces ambitions au potentiel de lourdeur pourtant énorme... Il faut dire que derrière ça la mise en scène est méchamment à la hauteur, jouant avec machiavélisme de l'incertaine spatialisation en forêt, sachant clairement comment cadrer, comment découper, pour soit égarer, soit donner à voir un chemin familier, laissant ouvert quelque espoir d'échappatoire...

Un enchaînement de plans que je trouve assez épatant, c'est celui
où Kelly Reilly (qui accomplit une mutation incroyable au fil du film, très impressionnante, tfaçons tout le monde joue bien dans ce film, voilà, tout le monde a gagné, bravo) planque un Michael Fassbender se vidant de son sang dans les branchages... Le début de la séquence propose une échelle assez proche, intime, on est avec eux, on croit effectivement que MF est bien planqué, que les autres ne le retrouveront pas. Bon, on a du mal à supposer qu'il va rester en vie, ça c'est déjà plus compromis... Mais bon, pourquoi pas. Et puis KR s'enfuit (le moment de la bague, très casse-gueule, m'a personnellement profondément ému) et Watkins choisit d'élargir le cadre et c'est tout con : on comprend en un clin d'oeil que la planque est complètement ratée, et c'est déchirant, c'est désespérant que cette énergie du désespoir soit démontée d'un seul changement d'échelle de plans... Genre de séquence aussi où se manifeste ce que je disais d'une certaine histoire de la violence et de la survie. Dans ce film, je n'ai pas pu m'empêcher de songer aux souvenirs de survie, d'énergie du désespoir, qu'on peut entendre, lire, voir reconstitué, régulièrement, ces histoires de Juifs se planquant, échappant comme possible aux rafles, etc. J'y ai d'autant plus songé lors de l'épisode de la poubelle puante et pleine de merde ; j'ai souvent lu des histoires de Juifs contraints de se cacher en dernière extrémité dans la merde, sous les planches de toilettes, etc.


Je ne peux pas jurer que le film a nécessairement cette idée d'héritage de la représentation collective de la survie, mais j'ai pas pu m'en défaire. Et il me semble que le passage où
KR se ramboïse me donne raison. C'est d'une grande intelligence là aussi. Tout est en place pour justifier la mort des tortionnaires, une partie du public est chaud pour la peine capitale, prêt à crier et rire et applaudir. Et puis... boum. Non. Pas de banalisation ni d'héroïsation de la mise à mort. Bien au contraire.


Après, on pourra tjs trouver des défauts, notamment
ce moment où KR se met à faire confiance au petit gamin paria, avec un calme presque olympien, alors qu'il paraît évident qu'il la conduit dans un piège.
Et la toute fin est peut-être à discuter, même si je la trouve très intéressante malgré tout, malgré p-ê un certain surjeu, une surdramatisation à ce moment-là qui dépare un peu.

Mais j'ai pas l'impression qu'on en fait souvent des survivals si complexes, si perturbants, des Chiens de paille, quoi.

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MessagePosté: 10 Oct 2008, 10:11 
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Vu hier aussi et largement moins enthousiaste. J'ai trouvé ça globalement très con. Le scénario m'a fait assez pitié je dois dire dans ses rebondissements franchements forcés et mal foutus.
Le mec qui rentre dans la maison et tout pépère monte carrément à l'étage. Un peu n'importe quoi quand même. Le couple qui court dans la forêt sans savoir où ils vont chacun de leur côté et qui finissent par se rentrer dedans. L'espèce de gestion de l'espace moisi où tout le monde se retrouve toujours et où on fait sans cesse des allers-retours avec des lieux déjà visités, la femme du restau qui dit que "c'est pas ses gosses" et à la fin en fait si, le coup de la pointe dans le pied, scène ABSOLUMENT gratuite et pour moi preuve ultime de l'incapacité du réalisateur à créer de l'horreur au sein de son système narratif etc...


Sinon
Zad a écrit:
où Kelly Reilly (qui accomplit une mutation incroyable au fil du film, très impressionnante, tfaçons tout le monde joue bien dans ce film, voilà, tout le monde a gagné, bravo) planque un Michael Fassbender se vidant de son sang dans les branchages... Le début de la séquence propose une échelle assez proche, intime, on est avec eux, on croit effectivement que MF est bien planqué, que les autres ne le retrouveront pas. Bon, on a du mal à supposer qu'il va rester en vie, ça c'est déjà plus compromis... Mais bon, pourquoi pas. Et puis KR s'enfuit (le moment de la bague, très casse-gueule, m'a personnellement profondément ému) et Watkins choisit d'élargir le cadre et c'est tout con : on comprend en un clin d'oeil que la planque est complètement ratée, et c'est déchirant, c'est désespérant que cette énergie du désespoir soit démontée d'un seul changement d'échelle de plans...


J'ai remarqué aussi ce changement d'echelle de plan mais ça m'a paru plus risible qu'autre chose. D'autant qu'à d'autres moments du film le principe de cohérence dans l'horreur, d'énérgie du desespoir inutile me semble bien contredit (juste avant sous les planches, lui qui s'échappe des barbelés, elle qui s'échappe du brasier)


Donc le problème du film vient pour moi surtout du scénario, une fois de plus basé sur une idée mais qui s'avère totalement vide et se contente de tourner en rond avant d'imposer son vague discours social au détour d'une scène finale qui m'a paru totalement ratée (aucune tension).

Enfin bref je considère le survival comme un des genres les plus nobles du cinéma (et oui rien que ça) mais là je dois dire que c'est vraiment le bas du panier car on ne vit pas le film ce qui me semble la base la plus élémentaire du ce genre là, cette capacité qu'il a à immerger. Ici rien de tout ça. Après c'est pas détestable. En France on n'est pas capable de faire moitié aussi bien mais bon j'attends beaucoup plus d'un survival.

1/6

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MessagePosté: 10 Oct 2008, 11:39 
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ah bah le survival est un des genres que j'affectionne le plus, et ça faisait longtemps que je n'en avais pas vu un bon.

j'ai l'impression en te lisant qu'on n'a pas du tout vu le même film, implication émotionnelle complète pour ma part.

le débat va être compliqué du coup.

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MessagePosté: 10 Oct 2008, 12:10 
Zad a écrit:
ah bah le survival est un des genres que j'affectionne le plus.

C'était mon cas quand j'étais plus jeune... Mais ça a fini par me soûler : toujours les mêmes ficelles, les mêmes trucs... Même le survival qui se veut "viscéral" est pour moi devenu un cliché assez pénible...


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MessagePosté: 10 Oct 2008, 12:15 
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Un peu pareil que Jericho, mais je le sentais bien celui ci et comptais aller le voir , peut être ce soir.

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MessagePosté: 10 Oct 2008, 12:16 
J'irais peut-être ce week-end, parce que j'aime bien Reilly et Fassbender, et que ça a l'air un peu mieux qu'un banal survival.


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MessagePosté: 10 Oct 2008, 13:10 
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en fait je me dis que le film a à voir, en quelque sorte, avec Hostel II...

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MessagePosté: 10 Oct 2008, 13:17 
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Art Core a écrit:
J'ai remarqué aussi ce changement d'echelle de plan mais ça m'a paru plus risible qu'autre chose.


écoute plus j'y repense et plus je trouve cette séquence brillante, d'un strict point de vue narratif elle est d'ailleurs très puissante, vue l'ellipse qu'elle autorise.

quant au type qui monte à l'étage... bah écoute je me disais : j'aurais fait pareil.

j'ai un peu pensé ça tout le long : j'aurais fait pareil, ou bien aurais-je fait pareil?

même l'espèce d'incohérence que j'ai pointée en spoilers à la réflexion ne me choque pas -- elle peut coïncider avec
un certain souci du "paraître" (relatif mais bon) (ou bien p-ê de préserver l'enfant, y'a ça aussi, l'instite qui ne veut parler qu'à l'adulte) (et là je repense à Ils, qui avait une héroïne prof sans trop savoir pourquoi) qu'a encore KR, et qu'elle perd complètement quand plus tard elle tombe sur la camionnette, où là enfin elle crache clairement le morceau...

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Dernière édition par Zad le 10 Oct 2008, 13:33, édité 1 fois.

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MessagePosté: 10 Oct 2008, 13:18 
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d'ailleurs je me demandais art core, à part sans doute The Descent, c'est quoi le dernier survival qui t'ait parlé?

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MessagePosté: 10 Oct 2008, 13:21 
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Jericho Cane a écrit:
Zad a écrit:
ah bah le survival est un des genres que j'affectionne le plus.

C'était mon cas quand j'étais plus jeune... Mais ça a fini par me soûler : toujours les mêmes ficelles, les mêmes trucs... Même le survival qui se veut "viscéral" est pour moi devenu un cliché assez pénible...


ça c'est à cause de frontière(s) :lol:

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MessagePosté: 10 Oct 2008, 13:25 
Zad a écrit:
ça c'est à cause de frontière(s) :lol:

Que j'ai même pas vu.


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MessagePosté: 10 Oct 2008, 13:31 
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bon c'est déjà mieux

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MessagePosté: 10 Oct 2008, 13:42 
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Kelly, je l'aime d'amour.


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MessagePosté: 10 Oct 2008, 13:43 
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Zad a écrit:
d'ailleurs je me demandais art core, à part sans doute The Descent, c'est quoi le dernier survival qui t'ait parlé?


Ben je dirais Apocalypto même si ce n'est pas qu'un survival.

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MessagePosté: 10 Oct 2008, 13:49 
Noony a écrit:
Kelly, je l'aime d'amour.

Pléonasme.


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