Lohmann a écrit:
Qui-Gon Jinn a écrit:
Je ne comprends pas grand chose à la situation politique.
Sokarno, Soeharto, l'ingérence de la CIA, 600.000 communistes tués, tout cela ne te dit rien?
Franchement, non.
Mais je n'attendais pas du film une leçon d'histoire, tout comme
Gallipoli n'est pas vraiment un film sur la futile Bataille du Nek, et la situation qui sert de contexte au film est tristement semblable à mille autres et finalement peu importante. Le sujet du film est ailleurs, sur le regard de ceux qui doivent la commenter, la rapporter, les journalistes et leur potentielle implication.
La promesse est plutôt forte et l'entrée en matière très réussie, témoignant une nouvelle fois de l'approche quasi-anthropologique du cinéaste, suivant un protagoniste débarquer dans un monde qui lui est résolument étranger, ainsi que de son goût pour une atmosphère héritée du cinéma fantastique, la découverte de la ville nocturne revêtant une nature pas loin d'être cauchemardesque.
Même s'il m'a été tout bonnement impossible de me défaire de la réalité que Billy Kwan était interprété par une femme (Linda Hunt qui joue non seulement un homme mais aussi un chinois à l'époque où le problématisme était récompensé par des Oscars), cela ne fait que rendre le personnage encore plus intéressant. Un nain androgyne qui ne peut être que le témoin et le biographe de la vie des autres, qu'il s'agisse des indonésiens qui meurent de faim ou bien du couple qu'il arrange entre celle qu'il ne peut pas avoir et celui qu'il aimerait être, les comparant à des figures mythiques (de manière certes un peu didactique, au même titre que le propos qu'il ressasse sans cesse sur l'importance de trouver quelque chose ou quelqu'un à aimer pour aider son prochain).
Le souci, c'est que l'écriture peine à incarner cette idée au-delà de ces dialogues, la romance au cœur du film étant précipitée et peu parlante alors qu'elle prend beaucoup de place durant le ventre bien mou du film. Je trouve le film plus engageant lorsqu'il peint son portrait du journalisme occidental à l'étranger, avec son américain pourri, son anglais blasé et installé, ses trahisons pour un scoop et le danger que cela fait encourir à tout le monde...mais tout cela ne revient que tardivement et un peu faiblement, la tension s'éveillant enfin sur les dernières minutes avant que le film ne s'achève sur un dénouement un peu
tone deaf.
Ça aurait pu être un commentaire justement sur la façon dont l'Ouest s'en sort toujours comparé au Tiers Monde mais Weir préfère conclure sa trame "amour à trouver" et comme je ne crois pas à cette histoire...
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