Justine. Aujourd’hui, les sondages tablent sur un second tour entre vous et Marine Le Pen. Pourquoi voter pour vous alors qu’elle semble avoir un programme social plus développé et que les classes populaires sont plutôt prêtes à voter pour elle que pour vous…
EMMANUEL MACRON. Je pense que Marine Le Pen a un programme social mensonger, parce qu’elle ne le finance pas. Elle a le programme qui met le plus en danger les petits épargnants et les petites retraites. Quand elle dit : je vais augmenter les retraites et dormez braves gens, ce n’est pas vrai. Elle ment aux gens, car elle ne le fera pas. Quand elle propose de baisser la TVA partout et de bloquer les prix sans que l’on sache comment elle compte y parvenir, elle ment aux gens. Car si elle prend cette mesure, elle nous met dans le rouge. Ce qui est vrai, c’est que le débat a complètement banalisé le discours de Marine Le Pen parce qu’elle a eu un formidable directeur de campagne qui a été encore plus outrancier qu’elle : monsieur Zemmour. Et donc, comme il y a eu les pires horreurs qui ont été dites depuis six mois, on s’est dit Marine Le Pen, ce n’est pas si grave. Mais ses fondamentaux n’ont pas changé : c’est un programme raciste, qui vise à cliver la société et d’une grande brutalité. Il y a une stratégie très claire de dissimulation de ce qui est brutal dans ce programme. Le programme social de Madame Le Pen, c’est un programme de fausse monnaie. C’est un programme de sortie de l’Europe, même si elle ne le dit plus clairement.
Elle dit qu’elle ne paiera plus les cotisations de l’Europe. Vous connaissez, vous, un club où l’on continue à vous accepter quand vous ne payez plus les cotisations ? Moi, je n’ai jamais pris les Françaises et les Français pour des imbéciles. Je n’ai jamais menti. Honnêtement, pour être élu, il vaut mieux dire qu’on ne veut pas repousser la retraite à 65 ans. Il vaut mieux donner du sucre que du sel ! Mais, moi, je crois que mon programme est beaucoup plus social que celui de Madame Le Pen, car son programme est créateur de chômage massivement, car il fera fuir les investisseurs internationaux et, parce qu’il ne tient pas budgétairement, ça ne fonctionnera pas longtemps.
Justine. Vous refusez de débattre, n’est-ce pas antidémocratique ?
Je suis le président qui a le plus débattu au cours de son mandat, j’ai fait des grands débats à gogo. Le premier tour, ce n’est pas un affrontement. Ce sont des candidats qui présentent leurs projets. Puis, après, c’est le débat et, là, il y a la castagne.
Pourquoi ne citez-vous quasiment jamais vos adversaires ? N’est-ce pas une forme de mépris ?
Ce n’est pas du tout du mépris. Au contraire, c’est plutôt malin de ma part. Quand on cite les autres, on leur fait de la pub, c’est ça la vérité ! Je ne vais pas prendre de mon temps de parole pour taper sur les autres, ça ne m’intéresse pas. Il y a cinq ans, c’était pareil, je ne parlais jamais de mes adversaires. Et ça marche beaucoup mieux. Les autres font une énorme erreur.
Les colères de la société sont de plus en plus fortes, les gens vont de moins en moins voter. Ne craignez-vous pas un quinquennat dans la rue ?
C’est trop tôt pour le dire. Il y a une fatigue démocratique. Mais je ne crois pas qu’il y ait de la fatalité. Là, je constate qu’il n’y a jamais eu autant de procurations de faites. Je vois bien les manifestations, les pétitions en ligne, les grandes marches se multiplier, mais si on veut changer le monde, c’est en changeant les gouvernants. Allez voter, ça permet de faire changer les choses.
Kevin. Même quand on vote blanc ?
Voter blanc, c’est mieux que de ne pas voter. Mais le problème, à mes yeux, c’est quand même que monsieur « vote Blanc » n’apporte pas beaucoup de solutions. C’est ça la réalité. C’est trop facile de dire je vais défiler et, le jour où il faut aller voter, je ne suis pas capable de choisir un candidat, alors je vote blanc. Le vote blanc, c’est l’agrégation des contres et des sceptiques. Après, si on voit qu’il y a beaucoup de votes blancs dans ce scrutin, je crois qu’il faudra poser le débat pour savoir si on doit le reconnaître. À un moment, il faudra porter le débat. Comme celui du vote obligatoire, même si je ne suis pas forcément d’accord.
Jocelyne. J’ai voté pour vous en 2017, en tant qu’homme de gauche. Mais il s’avère que vous menez plutôt une politique de droite et j’ai un peu l’impression d’avoir été trahie. Aujourd’hui, je ne sais pas encore pour qui je vais voter dimanche car je suis déboussolée. Vous vous situez où précisément ?
On pourrait dire que mon projet est centriste. Ça m’importe peu. Beaucoup se réfèrent au gaullisme. Le général de Gaulle disait que la France a besoin de la gauche, parce que c’est le mouvement, le progrès, et de la droite, parce qu’il faut aussi de l’ordre. J’assume totalement cela.
Jocelyne. Comment peut-on vivre avec un smic aujourd’hui alors que tous les prix flambent ?
Si les Français m’accordent de nouveau leur confiance, je veux maintenir le bouclier énergétique sur le gaz et l’électricité. Je veux également maintenir la ristourne de 18 centimes à la pompe. C’est une situation exceptionnelle, c’est la guerre. Tant que les prix flambent, il faut continuer à protéger les Français. Par ailleurs, je veux que, quand on verse de l’argent aux actionnaires, il y ait obligation pour l’entreprise de partager aussi ses richesses avec les salariés. Donc, d’avoir un mécanisme d’intéressement, ou de prime de pouvoir d’achat obligatoire, l’année où elle augmente ses dividendes. Pour les retraités, face à l’emballement des prix, je propose que l’indexation des pensions soit réalisée dès le 1er juillet et non pas d’attendre le 1er janvier.
Hervé. Certains de vos adversaires proposent une baisse de la TVA à 5,5 % sur l’énergie ou de bloquer les prix d’une centaine de produits de première nécessité. Qu’en pensez-vous ?
Baisser de 15 points la TVA est moins efficace que le bouclier tarifaire que nous avons mis en place sur l’électricité et sur le gaz, qui a permis d’empêcher une hausse de 30 points pour le chauffage. Pour l’essence, je n’y suis pas favorable, car c’est contradictoire par rapport à notre objectif d’être moins dépendant des énergies fossiles. Je l’assume. L’argent du contribuable est mieux utilisé à aider les ménages à se payer des véhicules moins polluants. C’est pour ça que je veux proposer une location de voiture propre à moins de 100 euros par mois grâce à des aides publiques. Pour le blocage des prix, je ne sais pas comment ça marche. Les prix ne sont pas administrés dans notre pays.
Justine. Votre mesure sur le RSA m’a choquée. Ma maman vit avec 800 euros par mois pour payer un appartement à Aix-en-Provence de 700 euros. J’ai dû partir à l’internat à 15 ans pour éviter qu’elle ait en plus un enfant à charge. Comment peut-on dire qu’avec le RSA, on profite du système ?
Bravo pour votre parcours, c’est l’une des forces de la République de pouvoir accompagner justement les jeunes des familles modestes qui veulent pouvoir faire des études. Certains disent de ne pas toucher au RSA, quand d’autres parlent d’assistanat et disent que les gens n’ont qu’à travailler et casser des pierres. Moi, je suis dans l’efficacité qui permet d’aller vers le plein-emploi. Aujourd’hui, il y a 60 % des gens qui touchent le RSA qui n’ont pas d’accompagnement. Je veux, sauf pour ceux qui sont totalement empêchés, qu’on leur propose une formation ou une activité d’insertion de 18 à 25 heures par semaine.
Nassera. Vous voulez reporter l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Pour moi, c’est de l’entreprise au cercueil !
Je suis attaché à ce qu’on appelle le système par répartition. Or, ce système, il dépend de l’équilibre entre les âges. Du bureau ou de l’usine au cercueil, c’était vrai dans les années 1970, quand il y avait une espérance de vie très différente de celle d’aujourd’hui.
Nassera. On vit plus vieux, mais pas toujours en bonne santé !
Si, l’espérance de vie en bonne santé aussi a augmenté ! L’âge légal de départ est à 62 ans, mais des millions de femmes et d’hommes travaillent jusqu’à 67 ans. Donc, le système est très hypocrite et ne permet plus de financer les retraites. La question, c’est : comment on l’ajuste ? En baissant les pensions ? Ce n’est pas juste. D’ailleurs, je monte la pension minimale à 1 100 euros.
Nassera. Mille cent euros, je vous assure que ce n’est pas grand-chose… Quand vous avez travaillé 43 ans, c’est aberrant. Moi, je ne veux pas que ce soit ma retraite !
OK, mais aujourd’hui, c’est 990 euros. La deuxième manière d’ajuster, c’est d’augmenter les cotisations. Mais, dans ce cas, soit on baisse le pouvoir d’achat de ceux qui travaillent, soit on augmente les charges des entreprises. Donc, il n’y a qu’une seule façon d’ajuster : travailler plus longtemps. Il faut le faire progressivement à raison de quelques mois chaque année. Il faut prendre en compte les carrières longues, les situations d’invalidité, la pénibilité des métiers.
Kevin. Dans l’Éducation nationale, on est en désarroi total. Là, on recrute des contractuels après cinq minutes d’entretien chez Pôle emploi, ça a été le cas dans mon école à Garges-lès-Gonesse. On met presque les élèves dans des situations de danger !
Il faut réinvestir sur la formation des professeurs. Je veux qu’on aille beaucoup plus loin.
Kevin. Mais il faut donner envie aux étudiants d’y aller ! Si vous leur proposez à bac + 5 d’être recruté à 1 700 euros, ils vont aller ailleurs et ils auront bien raison !
Mais j’ai envie de donner envie ! Il faut revaloriser le métier et bâtir un pacte avec les enseignants. Le ou la chef d’établissement doivent pouvoir choisir ou récuser des enseignants qui ne partagent pas du tout ce projet. À l’inverse, on doit donner plus de liberté aux enseignants d’aller dans des lieux où ils adhèrent.
Christine. Comment remotiver les professionnels de santé ?
Là aussi, c’est une question de rémunération et de sens. On a fait le fameux Ségur. On a fait la plus importante augmentation de notre histoire. Nous avons ainsi 2 millions de soignants qui ont eu une augmentation de 183 euros par mois minimum, certains jusqu’à 400 euros à hôpital. Nous avons réinvesti 19 milliards dans les bâtiments et l’équipement. Et, malgré cela, des gens sont partis ! Il faut débureaucratiser à mort l’hôpital et revenir sur les lois qui ont donné le pouvoir à l’administration sur les soignants.
Christine. Pendant le Covid, les soignants travaillaient sans les administratifs et cela fonctionnait mieux !
Ce n’est pas vrai. Ils ont été forcés de travailler ensemble. Les directeurs et directrices d’hôpitaux sont des gens formidables. Pendant la crise, ils n’ont pas dormi, ont bossé jour et nuit. Ils étaient main dans la main avec les soignants. On a fait sauter les verrous. Quand il manquait un matériel, on ne mettait pas trois mois pour avoir l’autorisation du pôle, puis de la direction. Ce qui démotive, c’est le sentiment de ne pas pouvoir décider par soi-même, de recruter. Les Français savent mieux faire que les circulaires. C’est aussi pour cela qu’il faut déconcentrer le pouvoir.
Jocelyne. Concernant la situation dans les Ehpad, je trouve incroyable qu’il ait fallu qu’un livre paraisse pour que l’État s’empare du sujet. Tout le monde savait, monsieur Macron ! Il suffisait d’aller visiter des anciens dans les Ehpad… Est-ce que l’État n’a pas manqué de vigilance ?
Ce n’est pas vrai qu’on a attendu ça. On a créé la cinquième branche pour l’autonomie, on a créé 20 000 postes d’infirmiers et d’aides-soignants en Ehpad, et on a revalorisé les métiers. Il y a eu un début de réponse. Ce n’est pas vrai que l’on n’a rien fait. Comme vous, j’ai été scandalisé. Donc, on voit bien qu’il faut renforcer les contrôles. Ensuite, il faut aider les gens à adapter leur logement, développer les logements intermédiaires adaptés, et dans les Ehpad, il faut 50 000 infirmiers et aides-soignants en plus. On fera une grande réforme de l’autonomie.
Nassera. Vous avez aussi dit que vous « emmerdez les non-vaccinés ». Le regrettez-vous ?
Mais quand j’ai dit cela devant les lecteurs de ce journal, ça n’a choqué personne dans la salle. J’étais même le plus modéré de la bande ! Il y avait deux lectrices qui me disaient qu’il ne fallait pas soigner ceux qui arrivent à l’hôpital et qui ne sont pas vaccinés. Le problème, c’est que nous sommes dans une société qui décontextualise tout.
Christine. Je peux vous dire que ça a emmerdé les soignants. Vous avez opposé les gens…
J’assume d’avoir mis des contraintes pour protéger les Français.
Kevin. Je me sens exclu de la République en tant que futur papa qui attend une GPA au Canada. Pourquoi ne pas lancer un débat national pour une GPA éthique, altruiste, sans rémunération financière ?
Je suis fier d’avoir porté la PMA pour toutes. C’est une avancée. La GPA, c’est très différent. C’est une femme qui va donner son corps pendant neuf mois. Si on est honnête, c’est assez rarement une liberté. J’ai rarement vu une femme qui a les moyens, qui peut faire autrement, donner son corps pendant neuf mois, ce n’est pas vrai. À 99 % dans le monde, les GPA sont rémunérées. Après, on reconnaît les enfants nés sous GPA à l’étranger, on a facilité les procédures…
Kevin. Mais ce sont des procédures très coûteuses, notamment avec les frais d’avocat…
La vérité, c’est que j’assume. On a vu les divisions quand il y a eu le mariage pour tous, que j’ai défendu et que j’assume. J’ai vu aussi les attaques quand il y a eu la PMA pour tous. Je pense qu’on est à un moment où il faut stabiliser les choses. On diviserait la société française, de manière grave et profonde, si j’ouvrais les choses dans ce sens.
Kevin. Que pensez-vous du dernier bilan alarmant du Giec alors qu’en parallèle l’État a été condamné sous votre quinquennat pour inaction climatique ?
Aujourd’hui, on est tous en retard sur les engagements que l’on a pris lors des accords de Paris. Mais la France a doublé son taux de réduction des gaz à effet de serre durant mon quinquennat. Donc, je réfute le terme d’inaction. J’ai payé pour tous les copains avant et toutes les collectivités locales qui devaient mettre en place des zones à faible émission (interdites aux voitures les plus anciennes pour réduire la pollution). Mais c’est vrai qu’il faut aller beaucoup plus vite. Il y a d’un côté un modèle qui dit que la neutralité carbone n’est pas faisable. Naïveté ou cynisme ? Je ne sais pas, mais en tout cas, c’est de l’irresponsabilité écologique. De l’autre, un modèle prône la décroissance, porté par l’extrême gauche et les Verts. Moi, je crois à un modèle d’écologie de solutions et de progrès. J’investis dans la décarbonation de notre économie comme une bête. J’ai le seul projet qui permet de sortir des énergies fossiles, le seul. Et donc le seul projet qui permet de sortir de la dépendance russe. Ceux qui vous disent, on sort du nucléaire et on ne fera que du renouvelable vous mentent. A contrario, ne faire que du nucléaire ne marcherait pas davantage.
Jocelyne. Malgré le fait que vous ayez adopté votre chien à la SPA et que vous ayez dit devant nous que vous travaillez comme une bête, je vous sens peu sensible à la cause animale. On dit même de vous que vous êtes l’ami des chasseurs !
Ce n’est pas parce qu’on aime les chats, qu’on fait des photos avec les animaux, que l’on défend leur cause. Je vois aussi les stratégies et le cynisme sur le sujet. On a régulé l’utilisation des animaux dans les cirques et les delphinariums, on a mis fin au broyage des poussins et à la castration des jeunes porcs. Quant aux chasseurs, je précise que je ne le suis pas moi-même. Mais ils sont des acteurs importants de la ruralité et de la protection de la biodiversité. Les chasseurs aiment les bêtes.
Jocelyne. Ah oui ?
C’est quelqu’un qui vit avec son chien ou ses chiens et quelqu’un qui aime la ruralité. Je suis contre un monde où on va interdire la chasse le week-end et durant les vacances car ce serait un monde de néoruraux. Il faut concilier les usages. On a besoin de nos chasseurs.
Jocelyne. Je vous sens encore trop bienveillant à l’égard des chasseurs et je vous remercie si vous êtes réélu de penser un petit plus aux gens comme moi…
J’essaie d’avoir de la bienveillance à l’égard de tout le monde. Mais quand on parle d’écologie, qu’il s’agisse des agriculteurs, des éleveurs, du monde industriel, il faut qu’on sorte de la confrontation.
Christine. Je suis profondément choquée par les millions qu’ont coûtés à l’État les conseils de la société McKinsey — outre qu’ils ne payent pas leurs impôts en France — on a l’impression de jeunes élites qui sortent des meilleures écoles et qui donnent des conseils alors qu’ils ne connaissent pas le réel…
Il faudrait recréer des centaines de milliers de postes de fonctionnaires pour assurer ces tâches. Dans un pays qui a le plus de fonctionnaires par habitant en Europe ! McKinsey c’est un « pouillème » de ce fameux milliard (de factures aux cabinets) ! Et à 75 % ce chiffre concerne des prestations informatiques pour le Covid et pour la cybersécurité. Le débat sur McKinsey est un énorme mensonge et une énorme manipulation. Ce ne sont pas des copains qu’on embauche !
Si vous êtes réélu vous continuerez à faire appel à des prestataires ?
Je suis pragmatique, j’ai une règle : à chaque fois qu’il y a des fonctionnaires qui savent faire le boulot, je suis défavorable aux prestataires extérieurs. À chaque fois que les compétences ne sont pas dans l’État, nous y ferons appel.
Hervé. Vous êtes régulièrement au téléphone avec Vladimir Poutine, il ne respecte pas grand-chose. On est en droit de se poser la question des résultats. Faut-il continuer à discuter avec lui ?
La France depuis le début n’a aucune naïveté ni complaisance envers le président Poutine. Moi, je n’ai jamais été complaisant. Ça n’a pas toujours été le cas de Mme Le Pen, qui est dépendante financièrement de Monsieur Poutine et de son régime, qui a toujours été complaisante avec lui. Mais c’est mon devoir de parler avec lui, nous en avons besoin. Je ne cesserai pas de le faire, c’est ce qui nous permet d’être des acteurs de la négociation. En parlant avec lui et avec le président Zelensky, nous pouvons aider à la négociation. À un moment donné, il y aura un cessez-le-feu et il faudra bâtir la paix. Elle ne pourra pas se faire sans garant, la France a vocation à être l’un de ces garants. À chaque fois que je lui parle, je sollicite le président Zelensky, à chaque fois, il m’a demandé de lui parler. Il en a besoin parce que lui ne peut pas parler à Poutine. Je le fais à chaque fois sur l’humanitaire, car cela permet de clarifier les choses. Quand la France propose une opération humanitaire à Marioupol et qu’il y a un refus explicite du président russe, au moins les choses sont claires. La vérité, c’est que le pouvoir russe choisit les gens qui sortent pour les amener en Russie. Ce n’est donc pas une opération humanitaire. La France, elle, propose un corridor, avec la Croix-Rouge internationale. La Russie le refuse : cela l’isole diplomatiquement. Ce rôle de dialogue avec le président russe est ingrat, je passe des heures à discuter. Le cynisme est au rendez-vous de chaque discussion, ce n’est jamais une partie de plaisir… Mais c’est mon devoir. Et même si je crois que d’ici la mi-mai il n’y aura pas de débouché, cela aura été utile pour préparer la paix demain.
Le Premier ministre polonais compare cela à discuter avec Hitler ?
C’est honteux. Le Premier ministre polonais est un antisémite d’extrême droite, qui interdit les LGBT. Il est sous procédure européenne parce qu’il a arbitrairement limogé de nombreux juges. Il soutient Marine Le Pen qu’il a reçue à plusieurs reprises. Ne soyons pas naïfs, il veut aujourd’hui l’aider avant le scrutin !