Keoma, Enzo G. Castellari, 1976
Un des derniers westerns spaghettis, le film vaut pour sa grandiloquence, l'interprétation pénétrée de Franco Nero (maglré son accent italien), crado, torse nu sous son pardessus, qui annonce un peu le Snake Plissken de Carpenter, la présence émouvante du sergent noir, Woody Strode, dans le rôle de son mentor et acolyte tombé dans l'alcoolisme, William Berger dans celui du père, les chansons qui viennent commenter l'action, et que la plupart des gens s'accordent à trouver horribles (la chanteuse a une voix stridente et chevrotante qui ressemble un peu à celle de Buffy Sainte-Marie à la réflexion tandis que le chanteur semble parodier Lee Hazlewood, mais ça ne m'a pas gêné), la variété des angles proposés par Castellari.
L'exposition est sacrément séduisante, on le voit apparaître à travers les ruines fumantes d'une petite ville, il rentre chez lui après des années d'errance et après avoir combattu dans les rangs nordistes durant la guerre de Sécession. Les souvenirs de son enfance affluent sous la forme de flash-backs insérés de manière plus subtile, moins brusque que d'habitude grâce à un montage parallèle. Ceux-ci concernent les brimades dont il a été victime de la part de ses demi-frères à cause de son sang indien (ce qui peut rappeler l'excellent
Hombre de Martin Ritt, où Paul Newman jouait un blanc qui avait été adopté et élevé par une tribu indienne). Il trouve la ville sous la coupe d'un groupe de truands, dont font partie ses frères, qui a profité d'une épidémie de peste pour y prendre le pouvoir.
Donc tout le début est très bien, les retrouvailles avec tout le monde, l'ambiance qui est installée, la lassitude que traîne le héros avant de se trouver momentanément un dessein. Après il y a trop d'action, filmée à la Peckinpah, c'est-à-dire avec force ralentis, mais pour faire cool, moins viscérale que chez ce dernier, ça m'ennuie un peu. Pas mal, néanmoins, le film réussissant quand même à être émouvant par moments et à avoir un certain cachet.