Vu hier
La plage de Danny Boyle (2000)
Bonne surprise pour moi si on prend en compte que j'avais été plutôt perplexe et rebutée par la surmédiatisation du film à sa sortie.
On peut juger que le film n'est qu'une accumulation de poncifs : le touriste en quête d'idéal qui veut à toute force sortir des sentiers battus, la plage identifiée comme
le Paradis, la communauté écolo-hippie vivant en harmonie etc ...
Mais, si poncifs il y a; ils finissent quand même par raconter une histoire qui, malgré les effets attendus, ne manque pas d'intérêt.
Alors, on sait bien, depuis Sartre, que
l'enfer c'est l'Autre et le film le démontre magnifiquement. On assiste à cette mutation du Paradis en Enfer par la seule présence de l'Homme, attendrissant dans son désir de créer et/ou d'atteindre une société idéale s'accordant au Paradis de Dame Nature (style Jardin d'Eden) et géniteur malgré lui de la catastrophe qui va tout détruire.
On assiste donc à la décomposition brutale du microcosme béat dans lequel baigne le trio élu et on retombe dans le purgatoire habituel : hypocrisie, égoïsme, cruauté, avec, bien sûr, le Juste de service (Guillaume Canet). Et de suite, ça part en vrille, le puzzle s'ordonne et découvre son vrai visage, celui de la virtualité, preuve indéniable de l'impossibilité primaire à l'Homme de construire et faire perdurer un paradis à son image (Léonardo Di Caprio en héros de jeu vidéo est assez hilarant)
Jusqu'au point de non-retour où la Prêtresse engluée dans son rêve chimérique a perdu l'humanité qui en était la qualité première et où on réalise que le Fou (Robert Carlyle), celui-qui-a-quitté-le-paradis-de-son-plein-gré n'était que douloureusement rendu à la conscience.
La punition ne se fait pas attendre: Adam et Eve et sa clique sont chassés du Paradis sur le radeau de la Méduse.
Et retour à la case départ.
En attendant le Jugement dernier, sans doute