Plusieurs découvertes de films des 70's :
JE T'AIME MOI NON PLUS
J'ai adoré, la poésie glauque du film, qui pourrait rapidement tomber dans la pose ou le cliché (certains doivent le penser), m'a vraiment passionné. Ca fait plaisir de voir un réalisateur français qui n'a pas peur du cinéma, je veux dire de faire des travellings cliniques, d'utiliser la caméra épaule en courte focale, d'utiliser la post-synchro pour ses possibilités d'étrangeté et de déréalisation, etc. La façon dont Gainsbourg s'approprie l'espace cinématographique américain, ses mythes et réalités scabreuses, ses mises en scène (du western Fordien au Nouvel Hollywood) confère au film un aspect surréaliste assez nouveau, en tout cas pour moi. Y a de vrais moments de grâce (j'aime pas ce mot, mais y a vraiment des moments où ça fait "tilt", tout fonctionne parfaitement... les 20 premières minutes sont exceptionnelles, à ce titre), et c'est souvent drôle. Et j'adore le fait de faire du camion un personnage à part entière. Et l'utlisation des raccords dans l'axe.
GIMME SHELTER
Docu "fin d'une époque" comme dirait l'autre, mais c'est vrai. On a quitté l'ère hippy et ses illusions un peu cul-cul, on se confronte à la réalité du mouvement, à son éphémère, on passe de l'autre côté de l'écran : du "dedans", du fait d'y être, à l'état de spectateur, cette époque n'est désormais plus qu'une image. Les 30 dernières minutes amorcent une tension assez folle, avec ces successions de plans sur des regards affolés, le concert qui dégénère, on se croirait dans un Peckinpah (ça m'a fait penser à Chiens de Paille). Vraiment un chouette docu.
SATURDAY NIGHT FEVER
Alors ça c'est une surprise incroyable. Je m'attendais à un film culte débile, rempli de danses à la con pour faire vendre des disques, et bam! dans la gueule, un film déceptif, assez déprimant, ancré dans le "réel", avec des acteurs tous parfaits, un scénario très bien construit, et une mise en scène parfois trop clinquante mais souvent juste (et avec un emploi très beau des fondus enchaînés). L'aspect social du film fonctionne à merveille, à la limite du caricatural (le personnage de la fille) mais c'est assez plaisant de voir ça dans un film grand public, cet aspect lutte des classes, le racisme inter-communautés, ainsi que l'emploi très réaliste (et parfois glauque) de la sexualité. Les dialogues vont dans ce sens, donnant un aspect documentaire qui, mis en confrontation avec l'aspect plus clinquant et clipesque des scènes de danse, rend le film schizophrénique, désorientant, transmettant bien l'état d'esprit de Travolta.
|