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MessagePosté: 29 Juin 2022, 22:37 
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Robot in Disguise
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On continue* le cycle.
*: le cycle s'arrête ce soir car COLONEL BLIMP fait 2h37

J'ai absolument adoré le début. Cette introduction dans le cosmos, à la fois féérique et ironique, qui se rapproche peu à peu de la terre et du triste sort des hommes, avant de rentrer dans cet échange radio remuant et sec entre David Niven et l'opératrice, c'est du haut niveau. Superbe image Technicolor du fameux Jack Cardiff, une fois de plus.

Et soudain le film bifurque en noir et blanc, et dans l'au-delà, premier des zigzags narratifs inattendus d'un duo Powell & Pressburger décidément imprévisible. Le film se met alors à ressembler à... du Pixar, avec son high concept très high et symbolique.

Mais les surprises ne s'arrêtent pas, le film faisant se côtoyer la vie et la mort, et insufflant une poésie un peu ringarde, un peu MAGICIEN D'OZ, beaucoup préfiguration de Jacques Demy. C'est sans doute les moments les plus fragiles du film. Il y a de la poésie, une approche presque dessin animé par moment, mais dans l'ensemble ça reste un peu cu-cul. Mais bon, le jusqu'au-boutisme et l'inattendu font toujours plaisir.

Ça reste cependant celui du duo que j'ai le moins aimé pour l'instant.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 30 Juin 2022, 06:13 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
*: le cycle s'arrête ce soir car COLONEL BLIMP fait 2h37

Pile entre The Dark Knight et The Dark Knight Rises alors. Sinon tu peux (et là attention ça va te trouer le cul) le regarder en plusieurs fois.


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MessagePosté: 30 Juin 2022, 08:13 
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Robot in Disguise
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Qui-Gon Jinn a écrit:
premier des zigzags narratifs inattendus d'un duo Powell & Pressburger décidément imprévisible.
Qui-Gon Jinn sur "Je sais où je vais" a écrit:
je me demandais ce que ça allait finir par raconter.
Tom sur "Colonel Blimp" a écrit:
On passe quand même un bon premier tiers à se dire : mais de quoi ça parle ?
Qui-Gon Jinn sur "Le Narcisse noir" a écrit:
Qu'il est rare de voir un film où, au bout de 45 minutes de métrage, tu n'as aucune idée d'où ça va aller.
La marque des grands.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 30 Juin 2022, 09:20 
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Mec qui passe à côté de l'opportunité de mater deux films d'1h15, le rêve.


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MessagePosté: 07 Avr 2025, 19:26 
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Mais quelle tuerie.

Décidément, j'aime chaque Powell & Pressburger davantage que le précédent.

J'ai été charmé dès le départ avec ce carton déjà cheeky et ce narrateur externe de conte de fée qui commente avec distance ces images cosmogoniques, donnant le ton d'un film à la fois giga premier degré dans ses sentiments - le message final, c'est Interstellar - et relativement décomplexé dans l'approche résolument matter-of-fact de son univers.

Le scénario prend certes le soin d'inclure un personnage de médecin, d'étayer le point de vue de ce dernier sur la situation avec des vérités scientifiques et donc d'avoir une interprétation terre-à-terre possible (le carton d'intro, un choix d'acteur à la fin), le récit brouille les pistes en plusieurs instances (scène dans l'autre monde qui n'incluent pas le héros, le coup du bouquin). On pourra bien se contorsionner pour trouver une justification à tout, l'intérêt n'est tellement pas là. On s'en fout. Après tout, quand le "Conducteur" débarque de son au-delà en N&B dans le monde réel en couleurs, il lâche un "Ah comme on manque de Technicolor en haut". C'est une invitation tacite à jouer le jeu.

Et quel jeu plaisant! Le premier plan post-intro, un travelling emprisonnant une opératrice radio derrière une rangée de lampes, m'a tout de suite rappelé comme P&P étaient des boss. L'atmosphère est instantanée. Avant même le plan de l'avion en flammes dans le brouillard ou du cockpit surchargé et défoncé proprement claustro. Les compos sont simples et top (cf. le feu vivotant constamment à l'arrière-plan derrière Niven et contrastant avec l'éclairage froid sur son visage), l'esprit toujours aussi engageant parce qu'atypique, avec Niven qui alterne entre tirades et humour morbide, le cadavre de son camarade à ses côtés, et la pauvre opératrice bouleversée qui doit l'écouter se "suicider".

Le film ne fait que surprendre, comme ce premier aperçu de l'autre monde, en N&B donc, avec une direction artistique déjà folle aux héritiers plus (Soul) ou moins (Une vie moins ordinaire) heureux, et qui ne va aller qu'en s'amplifiant, jusqu'à une apothéose finale impressionnante sublimée par la mise en scène. C'est ludique tout le long, jusque dans son concept donc, qui voit l'individu s'ériger contre le système avec pour seul arme un amour qui (selon lui) changerait tout. Et donc ça tourne carrément à l'improbable film de tribunal dans le troisième acte, avec des digressions géniales (le procès de l'Angleterre).

Et entre les deux, le simple plaisir d'écouter les dialogues que se ping-ponguent Niven et Roger Livesey suffit à me maintenir dans ce petit cocon de bonheur.

Vraiment séduit de bout en bout.

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MessagePosté: 21 Sep 2025, 10:41 
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Oui c'est vraiment visionnaire, magnifique intro. Le film perd peut-être un peu en intensité en évacuant la fable philosophique et la (belle) trame amoureuse au profit d'un discours sur les stéréotype nationaux et la rivalité Angleterre/USA. Finalement l'enjeu amoureux n'est qu'une métaphore de cette question : l'Angleterre est elle européenne ou culturellement rattachée de sa création, les USA, c'est à dire paye-t-elle sa puissance du ressentiment de l'ancien colonisé qui la protège. Mais il est par là assez fin et plus actuel que jamais.

Le film est sociologiquement et politiquement brillant. Il part de la culpabilité des vainqueurs, sur deux thématiques : les bombardements alliés sur l'Allemagne, et le colonialisme.
La voix off du début suggère quand-même un malaise moral face aux bombardements alliés en Allemagne : ils relèvent moins d'un acte politique que d'une forme de contagion des cycles célestes où l'homme est mortellement passif et dominé par la matière. Une nécessité qui dégrade celui qu'elle sauve.
Et très habilement le film lie ce complexe à l'émergence d'une plus grande liberté sexuelle chez les vainqueurs : le personnage de Kim Hunter est déjà moralement dans les années 70, on peut aussi penser que le Dr Frank Reeves est gay (l'homoérotisme est également présent avec la scène curieuse du petit berger nu sur la plage. Les valeurs morales et les relations s'opposent désormais à l'ordre,

Powell et Pressbruger voient vraiement poindre les années 60 comme une conséquence de la victoire. Et même, ce qui est plus remarquable encore, la réaction à la Trump avec le personnage de Farlan.

Il est très intéressant dans la représentation des peuples colonisés, qui forment le public moral du procès. Il ya une gêne et une maladresse énormes dans la séquence où le chanteur de blues est humilié, symptôme de décadance culturelle (mais peut-être plus profondément de nouveauté incompréhensible pour l'ancien monde, qui n'est plus que polique et moral, qui n'a "perdu" que sa culture ).
Mais un militaire noir est ensuite convoqué au second jury, indiquant le sens de l'histoire (le propos du film est indéniablement progressiste, cf la tirade sur la misère du logement en Angleterre, opposé au nationalisme et à la fièreté de garantir constitutionnelement la liberté de chacun - avec l'intelligence de faire remarquer que la justice sociale ne doit pas être invoquée pour affaiblir le droit. Il est gvrai que cette opposition travaille plus fortement l'histoire anglaise que celle de la France avec les Nivelleurs et Cromwell (ce n'est pas pour rien que Hugo et Balzac lui ont consacré une pièce, sentant que c'est par là que leur oeuvre deviendrait politique) - le film pense en fait les luttes coloniales sur le modèle de cette histoire nationale - explicitement en rapprochant les questions indienne et irlandaise.

Dans cette scène de jury, il semble d'abord que le Sud ne sera que le spectateur de la faiblesse de l'ordre qui le domine, de la morale et du scrupule du de l'empire. Il devient finalement acteur, mais il ne s'exprime pas encore sinon pour décliner son identité et sa résolution morale . Le constat que l'Amérique était déjà une terre d'immigration justifie la limite conservatrice du propos, placé du point de vue de ce que les luttes pour l'indépendance ne changeront pas et se contenteront de confirmer. Il observe finement un certain nationalisme qui rattache les USA au Sud, où l'énoncé des légitimités est tellement central qu'il n'impliquerait plus la décision politique - celle-ci n'incomberait qu'à l'Europe qui se sait par ailleurs déclinante et doute de son droit.

Enfin le film est très drôle et inclassable (avec des films dans le film, quasiment des Easter Eggs, comme les répétitions d'une représentation naze de Songe d'une nuit d'été par des militaires, ou la scène du drone-panopticon du Docteur, montré à ses chiens ). Au passage les Français sont assez bien croqués (génial Markus Göring) : l'arrogance d'expliquer au reste du monde ce qu'il est et d'où il vient, et d'annoncer que l'on pardonnera par avance les fautes qu'il n'a pas encore commises (comme si l'universalisme résidait là).


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