Forum de FilmDeCulte

J'ai regardé le film car j'ai été chauffé par ce tweet:

Tourné en 1965 par Sidney J. Furie (inconnu au bataillon alors qu'il a une filmo pléthorique qui va jusqu'à aujourd'hui et inclue SUPERMAN IV), ce film d'espionnage s'insère en pleine mode des espions britanniques plus ou moins sérieux. On pense à John Le Carré mais aussi à CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR et forcément à James Bond. Le film fait en effet appel à plusieurs membres de la team 007, du compositeur John Barry au monteur Peter Hunt en passant par le décorateur Ken Adam.

Mais c'est du Bond immédiatement vrillé. C'est le genre de film où la secrétaire du chef, la Moneypenny quoi, est une matronne la clope au bec ; où lorsque on va confier à l'espion un objet utile pour sa mission (la scène des gadgets), on lui file un simple pistolet et il doit signer un formulaire.

Le film se délecte de ce flegme anglais au sein d'une bureaucratie qui n'a rien à envier au bloc de l'est. Il y a des scènes où les mecs enchaînent les noms de codes et de formulaires qui sont - à dessein - quasiment du OSS 117.

Et lorsque l'espion pantouflard et gentiment dragueur incarné par Michael Caine passe finalement à l'action, la bagarre est filmée en plan méga large, à 30 mètres de distance, désamorçant tout enjeu.

La deuxième partie du film se fait cependant plus sérieuse et rappelle un autre film parano de la même époque C'est efficace mais un peu plus conventionnel par rapport à une première heure délicieuse et esthétiquement jouissive.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

souvenirs diffus de ce film avec le classieux Michael Caine. Bonne impression dans mon souvenir. Je l'ai en dvd il faut que je le revoie.

Sérieux ?
Je crois que jusqu’à L’emprise (sur j’aimerais voir), c’est plutôt pas mal. Mais même par la suite, il a fait des trucs plutôt « connus » (les Aigles de fer, La prise de beverly Hills…). Je le confonds parfois avec Mark Lester et Joseph Sargent (dont la carrière n’a pas survécu non plus à un numéro 4 - Jaws 4).

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

QGJ a dit l'essentiel.
Les contre-pieds permanents du films sur "qui travaille pour qui" sont un peu vains et la sauce ne prend jamais totalement sur cette histoire d'agent double mais la première heure est effectivement très classe visuellement et propose un univers d'espion bureaucrate plutôt original, avec un mélange de tons réussi. Et évidemment Michael Caine porte l truc à bouts de bras.

C'est dispo sur arte.tv jusqu'au 12 mai.

Ah shit, QGJ a vraiment tout dit, je me suis fait les mêmes réflexions tout le long du film.

Dès le générique, j'ai halluciné en voyant se succéder un à un les noms de gens associés à la saga 007 - le producteur, le compositeur, le monteur, le chef décorateur - mais le résultat ne saurait être plus différent en s'ancrant d'entrée de jeu dans un délire bureaucratique où espion n'est qu'une profession comme une autre, voire même plus chiante qu'une autre, où t'es bringuebalé de service en service, où ton supérieur te demande toujours de fermer la porte que t'as oublié de fermer, où après la moindre action il faut remplir un L-101 et avant la moindre opération il faut obtenir un TX-832. Ici, l'agent secret a des lunettes, il ne globe-trotte pas mais arpente les rues d'un London qui n'a rien de Swingin' malgré les Sixties, on le sent libidineux mais il ne choppe personne et passe également une grande partie de son temps dans la cuisine. Shit, y a même une entrevue avec son boss qui se déroule dans les rayons d'un supermarché.

L'entreprise vise clairement à l'anti-Bond, comme en témoignent également cette longue filature muette ou cette bagarre filmée de loin, à travers les carreaux d'une cabine téléphonique. J'ai beaucoup aimé la mise en scène d'ailleurs, multipliant les plans avec un objet en amorce, accentuant autant la sensation d'observation en cachette que la simple omniprésence d'objets du quotidien dans la vie et les agissements de ces personnages. Un téléphone, un dossier de chaise, un abat-jour... L'image n'en est que plus racée, adoptant un style ostentatoire, plus arty que les Bond de l'époque.

Le film est plus réussi dans son parti-pris en contre et cette peinture d'un métier défait de tout glamour que dans les machinations de son intrigue propre, même si cette histoire de lavage de cerveau s'inscrit dans la continuité d'un récit sur le contrôle et l'obéissance des employés, et contre lequel "l'insolent" Harry Palmer va se rebeller, et je suis curieux de voir comment se décline la franchise par la suite (oui j'ai même téléchargés les deux téléfilms tardifs).

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