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aka La Canonnière du Yang-Tsé



En 1926, le San Pablo, une canonnière américaine avec à son bord le mécanicien en chef Jake Holman, remonte le fleuve Yang-Tsé. Le patrouilleur se retrouve bientôt au cœur de la guerre civile chinoise qui oppose communistes et nationalistes...

J'ai vraiment une révérence pour ce cinéma de jadis, avec son Ouverture musicale sur fond noir, ses 3h de métrage dont une heure pour prendre le temps de chroniquer un univers, son Scope de la taille d'une canonnière qui sublime les décors véritables et ses compositions à multiples personnages dans le cadre. Vraiment, pendant toute la première moitié, jusqu'à l'entracte donc, je trouve le film très bon dans son immersion d'un microcosme doublement particulier (non seulement un navire mais surtout un navire régi par d'étranges codes), dans l'étude du quotidien de ces "grains de sable" donc, leur relation avec leur sous-fifres chinois, leurs passages aux putes, un portrait du colonialisme tout d'abord objectif (on adopte le point de vue d'un héros qui n'est pas particulièrement progressiste), avec une guerre civile maintenue au loin, à terre, et qui n'a pas encore atteint le bateau. Le décor est posé et royalement.

Dommage que la seconde moitié se fasse beaucoup moins convaincante, les deux romances (dont une avec une prostituée jouée par Marayat Andriane aka Emmanuelle Arsan aka l'inspiration derrière le livre Emmanuelle que son mari signe en utilisant son nom et dont je découvre la vie assez folle) participent certes au tableau de la vie des marins dans ce contexte mais prennent beaucoup de place sans être terriblement intéressantes - on a connu Steve McQueen moins lisse - et bien qu'elles provoquent ce qui va mener à l'inévitable explosion finale confrontant les américains aux chinois, elles ne sont pas assez engageantes pour donner au film la dimension d'épopée tragique à laquelle il aspire. Par ailleurs, le siège s'éternise un peu trop et les fameuses trois heures commencent à se faire ressentir avant un dénouement truffé de petits moments réussis dans la mise en scène mais qui m'a paru un peu petit. Cela étant dit, cette conclusion entérine le propos du film dénonçant l'intervention US en Extrême Orient et dont l'écho avec l'enlisement des États-Unis au Vietnam donne au film une portée résonant davantage.

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