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Vie et mort du dernier Charlie Ingalls de ce monde.

Beaucoup aimé ce voyage en compagnie d'un homme quasi-mutique et ermite dont toute l'existence peut se résumer à quelques mots, des malheurs entre beaucoup de solitude au fond des bois et auxquels il faut bien trouver un sens. C'est donc plutôt un trip sensoriel à la Malick, influence énorme et peut-être trop visible, mais qui travaille aussi quelque chose de plus mélancolique et même franchement triste et cruel, sur cette vie presque coupée du monde d'un homme pourtant profondément en recherche de connexion à l'autre. On a l'impression que ça se passe durant la conquète de l'ouest et on comprend finalement qu'on est déjà bien avancé dans l'époque moderne et qu'il fait réellement figure de relique.
Ca pourrait être plombant, mais ça amène des questions très universelles auxquelles il n'apportera finalement pas trop de réponses, malgré la voix off sentencieuse.

La référence malickienne est clairement écrasante même si le film est absolument superbe de bout en bout. En fait il est un peu esquiché entre Malick d'un côté et le cinéma plus humble de Kelly Reichardt de l'autre et au final on n'a ni la finesse de l'une ni le oomph transcendant de l'autre. A vrai dire je trouve le film un chouïa trop court pour tout ce qu'il a à nous faire vivre, mais je mentirai si je n'avais pas été touché par ce non-récit évanescent, dilué dans le temps et l'espace, à la fois hyper précis et universel.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Passé par Sundance et étonnamment acheté par Netflix alors que c'est pas vraiment pour leur coeur de cible, j'attendais beaucoup le film parce que sur le papier c'est totalement ma came, la vibe folk à la First Cow inspiré par le nature writing de Thoreau. Et le film est globalement très réussi dans son ambition. Soit au début du siècle le destin modeste d'un bûcheron qui vit loin de la société. C'est visuellement superbe, une mise en scène sobre mais très solide, très en phase avec son sujet dans la manière de saisir le territoire, les arbres. Je regrette qu'il n'y ait pas plus de gros plans, que l'élégie reste un peu trop distante et générique, c'est là qu'on voit qu'un Terrence Malick est un génie de ce point de vue là. Car le film est en effet très malickien dans cette reflexion sur le rapport au monde, narré par une voix-off et quelques scènes où le montage se fait plus impressioniste et rappelle assez clairement le grand Terrence.

Ce qui est beau c'est la délicatesse du film, son côté presque placide face à la vie qui passe et aux tragédies qu'elle contient. C'est parfaitement incarné par un Joel Edgerton sublime avec son regard bleu acier qui voit la vie passer devant lui et qui ne peut rien retenir. Il y a clairement un regard amoureux sur ces personnages de bucherons loin de chez eux qui sacrifient tout pour faire vivre leur famille (superbe William H.Macy) et j'aime comme le film parle des arbres, vraiment ce que c'est que de couper un arbre de 500 ans. Et j'aurais aimé plus le sentir dans la mise en scène.

J'ai beaucoup aimé mais il m'a malgré tout manqué quelque chose. Je suis presque plus admiratif du projet qui va totalement à contrecourant de l'époque que du résultat qui n'a pas su m'émouvoir comme je l'espérais (je noterais quand même les dernières minutes, sublimes). Même si encore une fois, pour un deuxième film c'est extrêmement solide et prometteur pour la suite (même si je pense qu'on est assez loin d'un Kelly Reichardt pour reprendre la référence du début du texte). Une BO plus marquante aurait aussi pu élever un peu l'âme, pour que l'émotion passe. Mais je conseille malgré tout, c'est une très belle découverte et une certaine anomalie dans l'algorithme Netlix.

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CroqAnimement votre

N'est ce pas le grand écran qui a manqué ?

Oui sans doute aussi.

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CroqAnimement votre

Je crois que c'est ce qui m'a manqué, de voir de manière plus incarnée, plus articulée, ce croisement de destin entre des hommes qui passent leur vie à la perdre et le véritable génocide des arbres multi centenaires durant cette période de croissance économique et industrielle. Mention spéciale tout de même quand le perso -la voix off? - évoque le pont périmé genre 15 ans plus tard par un ouvrage en béton... tous ces arbres ayant été coupés et ces vies gâchées en vain.

Oui totalement.

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CroqAnimement votre

En tout cas le livre d'origine est excellent, c'est un court roman (novella comme disent les ricains), qui dépasse tout à fait le Nature Writing d'ailleurs, écrit par Denis Johnson, auteur de plein de bons trucs (Jesus' Son par ex.).

Par contre j'aime pas le titre.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste