Paura nella città dei morti viventi ou encore
City of the Living Dead.
Mon Fulci favori avec
L’Enfer des zombies.
De La trilogie plus ou moins officielle formée avec
L’au-delà et
La maison près du cimetière — tous inspirés, malgré leur vulgarité, la fainéantise de l’écriture et leur violence exubérante et gratuite, par une lecture très personnelle mais malgré tout pleine d’acuité des œuvres de Lovecraft (la fameuse ville du titre n’est autre que la fameuse Dunwich) — c’est celui qui me paraît le plus angoissant et équilibré.
Equilibre entre : la musique de Fabio Frizzi, à la fois funky et sinistre avec ces choeurs qui créent d’office un trouble entre ce qui relève du kitsch et du pur malaise (Goblins, à part chez Romero, je trouve ça juste kitsch) ; la mise en scène de Fulci, emphatique et déshumanisante au possible, d’une intrusivité quasi-pornographique (les zooms et gros plans sur les yeux et les bouches, l’étirement des séquences de mises à mort toujours pénétrantes ou jaillissantes etc.) ; le sound design au mixage encore une fois a-bu-sé plein de gémissements d’outre-tombe et grincements stridents, cauchemardesque et désorientant ; la gestion habile du hors-champ, créant la menace ou l’angoisse indirecte (les pieds sous le paravent, la tache au plafond, les bruits etc.) en contraste avec le gore littéralement estomaquant par moments ; la monstruosité de ses zombies à l’opposé de ceux de Romero, ici défigurés, figés, poussiéreux ou luisants de corruption, mais aussi omniscients, tantôt spectres, vampires ou tueurs de slasher ; l’absence totale d’aspect symbolique ou métaphorique qui ancre l’univers dans une « simple » exploration d’une forme d’injustice écrasante comme moteur du surnaturel : pas de menace de contagion par morsure ou d’effondrement de la société qui révèlerait le pire parmi les survivants, mais celle d’être confronté aux limites criantes de la conscience humaine tant les évènements sont horribles et insensés.
Ainsi, et malgré la tonalité bis ouvertement vicieuse et vulgaire qui ne me paraît pas tant misogyne que misanthrope, et grâce finalement à une certaine inanité dans l’écriture des personnages qui se soucie peu de la vraisemblance de leurs réactions ou des règles de l'univers dépeint, donc quelque part par « accident », Fulci effleure mieux que n’importe quel autre cinéaste jusqu’à présent cette part fondamentale de l’essence lovecraftienne : l’absence totale de considération pour les aspects psychologiques et émotionnels de l’horreur, écrasés par la nature incompréhensible et révoltante de ses manifestations. Une approche bien plus cruelle et glaçante, et plus radicale, que la sempiternelle « intrusion dans le quotidien ». Même si on voit ici des commerçants et des familles en proie aux phénomènes, la mise en scène et la postsynchro ostentatoires contribuent tellement à la prise de distance qu'il ne reste plus que l'atmosphère déliquescente de menace sourde, maintenue tout du long.
Catriona McColl, muse de la trilogie, vraiment belle avec ses grands yeux verts, y a son rôle le plus habité. Avant la
scream queen plutôt basique de
L’au-delà et la mère névrosée de
La maison près du cimetière, elle campe ici une medium torturée par son propre don (incroyable séquence du cercueil, entre Poe et excès fulcien), personnage plus actif que d’habitude et bien entourée.
C'est le plus tenu des trois films, celui où les efforts sont les plus palpables de la part de l'équipe. Un des seuls où j'arrive encore à être à fond au premier degré.