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MessagePosté: 12 Nov 2023, 11:40 
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A Berlin, Bruno S. sort de prison, ses objets (dont une tonitruante corne de cheminot) lui sont restitués
bonne scène pompée par John Landis dans les Blues Brothers
. Les gardiens et codétenus se montrent plutôt sympathiques et aidants, mais le directeur de la prison lui tient un discours paternaliste et sévère (ne pas boire, bien s'habiller, fermer sa braguette, il écopera du max s'il revient), rappellant par son instance la mentalité fasciste.
Bruno est un homme vif et intelligent, mais présente de légers signes de schizophrénie : il parle de lui à la troisième personne, a une langue très riche et ironique, mais s'exprime toujours d'un ton monocorde, le visage fermé. Il est musicien de rue (accordéon et xylophone, même s'il a un piano chez lui). Bruno se rend dans un bistrot et renoue avec Eva, une belle femme, prostituée, aux prises avec deux souteneurs hyper-violents. Son appartement, bordélique mais habitable, a été gardé par Monsieur Scheitz, un vieil homme excentrique, peut-être un peu sénile.
Eva se refugie chez eux. Les deux hommes pourchassent Eva, pour des questions d'argent, et finissent pas intimider at agresser le couple chez lui, de façon particulièrement humiliante et raciste (Bruno vit dans le quartier turc).
Bruno essaie de trouver de l'aide auprès du médecin de la prison, qui est aussi pédiatre, qui ne lui sort qu'un discours pompeux sur le mystère de la vie, le voisinnage de la fragilité et de la force au sein drun même ordre etc...
Monsieur Scheitz propose alors que le couple émigre avec lui dans le Wisconsin, où vit un neveu qui peut les héberger, mais par bateau car il a peur de l'avion.
Aussitôt dit aussitôt fait, la seconde partie du film commence.



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Film intrigant et mythique, notamment pour son rôle dans le suicide de Ian Curtis, dont on peut penser qu'Herzog l'a involontairement déclenché tant les possibilités d'identification offertes à Curtis au personnage étaient multiples :
celui-ci se suicide aussi, sa femme se barre, il appartient économiquement au prolétariat et culturellement, comme musicien populaire et exigent, à la bourgeoisie, et rate aussi sa "tournée américaine" . Même la fin avec les lapins et poulets dansants évoque la scénographie sur scène de Joy Division.


Je dois dire que j'ai été un peu déçu, me demandant quel était son propos. C'est un film assez wendersien pour Herzog, organsiant un rapport en miroir entre l'Allemagne et son passé et l'Amérique. UleSUSA sont un payx-continent qui permet l'errance, et où les victimes de racisme ont, contraitement à l'Europe, l'espace pour développer une culture qui peut les sauver. Le film racontre le parcours inverse d'Alice dans les Villes. A l'inverse de Wenders, Herzog ose montrer un milieux très populaire, les deux lumpenprolétariat, allemand et américain. Et il montre intelligemment qu'ils vont rester presque totalement extérieurq l'un à l'autres : les rednecks américains sont des mythes pour les trio d'Allemands paumé, qui en revanche n'existent pas vraiment pour ceux-ci, sans être rejetée explicitement.
Aux USA, le seul autre de l'immigrant n'est pas le peuple, mais la loi, qui les tolère tant qu'ils ne font pas de vagues. Le braquage naïvement monté et le suicide de Bruno à la fin sont aussi une manière d'imposer leur identité d'origine dans un milieu qui n'a pas su la sublimer.
Ce n'est pas mal vu mais reste un enjeu finalement assez annexe. Car l'Herzog est fasciné par le paysage américain, qui absorbe la question sociale pourtant amorcée . Le film est plastiquement superbe, chaque plan est saturéde contrastes, et couleur à la fois maussades et d'une netteté aveuglante, comme les photos de William Eggleston. Il rappelle à ce titre the Cockfighter de Monte Hellman, avec Néstor Almendros (d'autant que Bruno S. a quelque chose Warren Oates, en plus doux).
Il y a aussi une influence évidente de ce film sur Lynch (les souteneurs se comportent comme Dennis Hooper dans Blue Velvet, le road movie rappelle celui de "the Straight Story", surtout par la lumière du film, aube ou de fin de journée permanente.

Le lumpenproléterait est pour Herzog le summul esthétique de l'americana, et donc un objet de valorisation qui s'oppose aux éléments épars de critique politique que l'on trouve dans le film, qui ne viennent que des personnages, qui sont déjà de la fiction.

Le film est assez étrange car il y a certaines des outrances que l'on a l'habitude de voir chez Herzog : Bruno S et Scheitz sotn desacteurs "brut" un peu schizo, importés dans le cinéma classique, et sont "utilisés", il ya aussi une scène forte d'un nouveau-né bien secoué par le pédiatre. Mais ces provocations sont lissées dans une forme assez classique.
intelligement Bruno S. utilise sa maladie pour apporter une certaine sobriété dans son personnage, hors-norme, mais crédible,. Lais on n'a pas l'impression qu'il joue dans le même film qu'Eva Mattes actrice proffesionnelle, qui joue sa compagne, et même que les figurants et extras américains qui restent dans l'économie et la forme du cinéma classique, où l'intention fonctionne comme un projet et la scène comme le produit de celle-ci.
Par ailleurs l'histoire est comiquement schématique, avec des oppositions psychologiques accusées et grossières, des personnages-type (le musicien de cours, la pute, le mac, le flic, le chasseur, le médecin, le routier-client). Elle relèvent en fait de la tradition expressionniste allemande (de Murnau, mais aussi du théâtre de Wedekind, aussi des mystères médiévaux où le théâtre est aussi un prêche religieux dissident, on pense aussi à l'Amérique de Kafka bien-sûr
enfin je n'ai lu que le début, mais ça commence pareil, avec un neve et un bateau
).
L'usage du bigger than life et d'acteurs "érité" est une manière de faire survivre cette tradition et ces schémas narratifs dans une forme en apparence hyper-réaliste, à la fois documentaire et intensément sensuelle. Herzog filme pour sauver le passé culturel d'avant la catastrophe nazie, avec dès lors un apolitisme obligé. Cette culture était l'ancien réel, dont Herzog semble terrifié qu'il ait pu mourir, et il ne filme "que" son rejet progressif par le présent (des années 70 ceci dit, plus le notre, mais pas non plus complètement révolu). Et seuls les pauvres énoncent la mort qui touche tout le monde, ils ne sont pas, du fait de leur lucidité, une cause politique, mais l'origine de la parole qui nomme le destin commun.

Le pivot entre l'Allemagne et l'Amérique est le monologue un peu absurde du pédiatre sur le destin de l'homme, qui secoue un bébé prématuré qui apparait alors comme un petit singe (scène assez prmonitorie car c'est une fille dont il dit : il sera peut-être chancellier). Et la fuite aux USA répond au fait que ce sont ce discours, et les valeurs qu'il mobilisent et non les personnages, qui sont exposés au risque d'être déçu, dêtre confrontés à l'échec et à la mort, et non les personnages. C'est aussi sans doute cette peur devant la mortalité de la parole qui évince dans le cinéma d'Herozg le problème de la nture des idéologies (que l'on trouve chez Wenders, car ses personnages ont des désirs et des objectifs, un futur hors du film)
Un moment sigificatif : le film accorde beaucoup d'attention aux voitures, qu'Herzog prend un plaisir évident (le neveu tient une casse de voitures américaines des années 50, d'où de rares caisses en ruine, une Edsel notamment). Mais les souteneurs pata-SA se déplacent dans Berlin dans une très peu discrète Lancia Stratos, voiture complètement improbable pour des gens dans l'illégalité, mais aussi voiture-signature. C'est une manière de dire que l'innocence morale du personnage, à la fois excentrique et discret, de Bruno (qui veut vivre sans forcément être vu ni même reconnu) est une séparation sur la société mais aussi sur le visible lui-même, que le film entend déjouer et prolonger par sa seule existence, il est le seuil qui sépare de l'intérieur une valeur de sa mort : il s'adresse alors au réel comme à un spectateur menaçant que l'on n'a pas pu désarmer.

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Dernière édition par Vieux-Gontrand le 12 Nov 2023, 12:23, édité 8 fois.

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Ne parlons pas de Bruno svp

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Sinon c'est le vrai prénom de l'acteur (Bruno Schleinstein aka Bruno S. ), qui est aussi son Kaspar Hauser.
Il est mort il y a une douzaine d'années.
Dans le film il est en fait très bon, pas si loin du style de Rüdiger Vogler dans les Wenders de la même période. Herozg a au moins le mérite de n'avoir renoncé à le diriger en ne tablant que sur sa personnalité ou son physique (mais du coup il y a un truc qui ne fonctionne pas très bien avec Eva Mattes, beaucoup vue chez Fassbinder, pas mauvaise, mais qui est dans un rôle plus stérétotypé appelant un jeu plus expressioniste, moins naturaliste).

Stroszek est aussi le nom du personnage de son premier film (Lebenszeichen), assez intéressant (et lui-aussi plutôt classique dans la situation par rapport à ce qu'Herzog a pu filmer, un des rares, sinon le seul, centrés aussi directement sur la guerre)

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