Forum de FilmDeCulte

Pour échapper à la déportation, un joaillier juif confie sa boutique à un collègue goy et se cache au sous-sol.

M. Klein x L'Homme de la cave

De Fred Cavayé, je m'attendais à quelque chose de plus impressionnant. En fait c'est un faux gros film. En adaptant une pièce de théâtre, Cavayé n'a pas essayé de maquiller le truc. Il assume son petit carrefour reconstitué à Montmartre, il assume son quasi-huis clos dans le magasin. C'est le genre de film où Daniel Auteuil revient par surprise en disant "J'ai pas pu prendre le train, les allemands contrôlaient tout le monde à la gare" (jamais montré) ; ou bien où Gilles Lellouche revient chez lui et Sara Giraudeau annonce "Ils ont raflé tout le monde, les femmes, les enfants" (Vel d'Hiv hors-champ). C'est le genre de film où Lellouche va au cabaret et la séquence dure 1 minute 30.

Je comprend que Cavayé, en adaptant la pièce, ait voulu garder ce parti-pris intime et claustro. Il veut montrer les à-côtés de l'Histoire, faire vivre l'Occupation comme un enfermement, un rétrécissement de l'horizon davantage que comme une fresque.

Cependant, malgré la noblesse de la démarche, ça ne marche pas. Si la première demi-heure montre une dynamique intéressante où M. Haffmann planqué reste malgré tout le boss, et où Lellouche fait preuve d'une déférence presque déplacée à l'égard du fuyard, on bascule ensuite dans un très long deuxième acte qui est sympa sur le papier mais manque de trouble ou même de tension à l'image. Le personnage du SS n'est pas exploité jusqu'au bout, et même la mise en scène n'est pas particulièrement notable. La fin rattrape quelque peu les wagons mais ça ne suffit pas à rendre le film suffisamment "ample" sur le plan intime pour compenser la douce sensation d'ennui ressentie.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste